LE BON VOULOIR : un cheval qui dit ‘’oui’’
Article écrit par Denyse Rousselet
Le célèbre horseman Ray Hunt disait ‘’Feel it! A feel following a feel. There’s no pressure mentally or physically’’ soit ‘’Ressentez-le! Un ‘’senti’’ suit un ‘’senti. Il n’y pas de pression mentale ou physique’’.
Tout comme il dit ‘’Le cheval sait. Il sait si vous savez et il sait aussi si vous ne le savez pas.’’
Certes peu de pression ça peut s’obtenir car notre cheval répond même à notre intention. Toutefois, je dois avouer que même l’intention c’est une demande et par le fait même une douce pression mais une pression quand même.
J’aime beaucoup l’expression de Lyne ‘’Soyons ambassadeurs du ‘’OUI’’. Comment puis-je faire afin que mon cheval veuille collaborer à notre projet et soit partie prenante de nos objectifs? Faire ce que notre cheval aime et apprécie contribue certes à améliorer notre partenariat. Ma jument Indy adore les sorties entre autres les parades où elle est souvent le seul cheval monté et se sait admirée.
Lyne écrivait dernièrement : ‘’Le vrai partenariat, ce n’est pas le contrôle… c’est la responsabilité partagée. En donnant à votre cheval le choix, vous ouvrez la porte à une réponse volontaire et non contrainte. En l’écoutant, vous développez une communication fine basée sur ses signaux. En lui permettant d’être acteur de ses actions, vous encouragez l’autonomie, la réflexion et l’engagement sincère dans chaque exercice.
C’est ainsi que naît un cheval partenaire : calme, confiant… et pleinement impliqué.
Buster Welch nous dit ‘’tout le monde peut amener le cheval à exécuter mais ça prend tout un savoir-faire pour l’amener à vouloir le faire’’.
Jean-François Pignon est inspirant quand il nous dit que ça se passe dans le silence. On le voit avec ses chevaux en liberté qui disent un gros ‘’OUI’’. Cliquez ici pour voir sa vidéo
Toutefois ça ouvre aussi la porte à ce que notre cheval puisse nous dire ‘’NON’’. Quand les parades sont très courtes Indy me le dit fort bien. Elle regarde la remorque et me dit ‘’non’’ puis elle monte.
Affiche : Paulette Ribbleton d’Australie dit ‘’le cheval ne veut pas cesser de bouger au montoir. Il dit NON! SVP respectez sa décision, c’est son corps’’.
Personnellement je me dirais que je dois respecter sa décision mais je dois aussi me demander pourquoi mon cheval dit ‘’non’’ et qu’est-ce que je peux faire pour avoir son ‘’bon vouloir’’ car il me dit :
- Peut-être
- Pas tout de suite, je ne suis pas prêt
- Je ne sais pas
- Je ne comprends pas donc tu dois clarifier
- Je voudrais bien mais je n’ai pas la forme nécessaire ou je n’ai pas l’énergie ou l’endurance pour le faire
- Je voudrais mais j’ai mal quand je fais ce mouvement.
- J’ai peur
- Je suis confus
- Je ne veux pas, je n’aime pas ça.
Il est important de se rappeler que plusieurs d’entre nous avons été formés avec l’école plus traditionnelle où on
- demande
- dit avec plus d’insistance
- réclame
- insiste
Ecole : ask, tell, demand and add more pressure
Et si pas une bonne réponse du cheval eh bien on augmentait encore la pression. Certes que le cheval finissait par dire ‘’oui’’ car il n’avait pas le choix sinon encore plus de pression. On voit des chevaux qui sont éteints. Triste…….
Tout le contraire des personnes qui encouragent le partenariat bienveillant en passant du temps à ne rien faire avec notre cheval, à écouter notre cheval, à ralentir et à être patient(e).
J’aime les expressions de Gabi Neurohr qui nous dit :
‘’’There is time to do and time to be’’ soit ‘’Il y a du temps pour faire et du temps pour ne rien faire, juste être la!
‘’Slowing down is actually gaining speed’’ soit Ralentir c’est en réalité avancer!
‘’Just go to your horse, sit down, breathe together and enjoy each other’s company, enjoy peace’’. Allez à votre cheval, asseyez-vous, respirez ensemble, profitez de sa compagnie. Appréciez la paix!
Les deux articles sur le ‘’Partenariat bienveillant 1’’ et Partenariat bienveillant 2 de la série PARTENARIAT AVEC SON CHEVAL explorent ces concepts soient NE RIEN FAIRE, ÉCOUTER, RALENTIR ET ÊTRE PATIENT(E).
Quoi faire?
Tout dépend de la raison de leur non vouloir. Pas toujours facile à trouver.
Toutefois il est important de
- Ralentir, ralentir et encore…. ralentir….
- Clarifier notre demande soit parfois la décortiquer en étapes plus petites.
- Tenter de rendre ça plus intéressant.
- Diminuer la pression.
- Être patient.
Tom Dorrance
Cette sagesse de Tom Dorrance nous fait voir notre partenariat d’un œil fort intéressant. Tout n’est pas gagné instantanément et automatiquement.
‘’En premier, dit-il vous allez avec le cheval. Puis le cheval va avec vous pour finalement vous allez ensemble.’’
Ross Jacob
Ross nous rappelle que souvent notre cheval exécute la tâche demandée puis se déconnecte mentalement et ne demande pas ‘’c’est quoi le prochain exercice?’’ Ross décrit ce comportement comme un cheval obéissant ce qui ne veut pas dire le ‘’bon vouloir’’. Il dit qu’un cheval qui manifeste le ‘’bon vouloir’’ va demander ‘’on fait quoi maintenant? On va où? Il nous rappelle que ce cheval garde les lignes de communication ouvertes avec son cavalier que ça soit au sol ou en selle.
Fort intéressant quand il parle de la différence entre ‘’driving’’and ‘’directing’’. Il dit que lors du ‘’driving’’ les pieds du cheval et ses pensées ne sont pas alignées. Le cheval exécute sans toutefois être très présent à son humain. Alors qu’avec ‘’directing’’ les pieds et les pensées du cheval sont alignées : c’est le ‘’bon vouloir’’.
Le cheval collabore et ce n’est pas juste de l’obéissance.
– https://www.youtube.com/watch?v=rRKgW7TbUuw&t=657s
Ross nous met en garde par rapport au cheval qui se déconnecte et que nous trouvons parfois bien tranquille, obéissant. Le cheval qui manifeste le ‘’bon vouloir’’ a l’esprit et l’œil vifs sans toutefois être inquiet. Il est avec son leader, l’œil éveillé, intéressé et motivé.
Il nous rappelle aussi que la ligne est parfois très mince entre le ‘’ bon vouloir’’ et ‘’l’impassibilité’’.
Pensée d’Andrea Wady sur la motivation de notre cheval
En effet ça nous amène à penser à ce qui motive notre cheval lorsque nous sommes ensemble. Désire-t-il vraiment être avec nous ou s’y sent-il obligé?
Comme nous rappelle Andrea dans son cours sur la liberté pure, il y a la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. L’article ‘’Liberté pure ‘’de la série APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION parle de ce concept.
Andrea appelle ça l’équation de la motivation entre notre cheval et son humain. Elle compare la motivation à la monte d’une montagne et nous rappelle qu’il y a plus d’un itinéraire à prendre. Nous devons trouver la route qui nous convient le mieux afin de conserver notre énergie, de ne pas se blesser et d’y trouver un certain plaisir.
Andrea nous dit de même que l’on doit se demander pourquoi et comment notre cheval désire travailler avec nous. Elle nous rappelle que l’on se doit de se poser des questions et surtout que nous devons vouloir changer notre façon de faire lorsqu’on s’aperçoit que notre cheval ne collabore pas bien. Il peut être confus, apeuré, résistant, peu intéressé et nous nous devons de se questionner quand il y a un déséquilibre dans l’équation motivation.
Elle compare la relation avec notre cheval comme une bascule. Lorsque tout est équilibré il n’y a personne qui pousse ou tire; nous sommes en synchronicité. Nous n’avons pas besoin de récompenses, de pression; tout coule doucement entre nous deux. La force dit-elle JAMAIS, tout comme trop de pression si le cheval ne comprend pas. Tout comme il est très important de ne pas ignorer les peurs de notre cheval. C’est le ‘’fast track’’ pour la déconnexion dit-elle.
Mais quand la bascule chavire, nous avons perdu notre synchronisme et nous devons retrouver cet équilibre. Certes pas par la force mais par le calme et la lenteur comme récompenses.
Quand on utilise la pression ça doit être doux et équitable.
Pour Andrea la motivation = compréhension, confiance, dignité et plaisir!
Ouf! Que c’est loin de l’école des demandes après demandes. Andrea nous conseille fortement de faire avec notre cheval et non au cheval. Un vrai partenariat pour elle ce n’est pas de toujours l’avoir bien mais c’est de naviguer les vagues ensembles. Parfois dit-elle le meilleur OUI arrive après un NON!
Pour Andrea on devrait
- utiliser l’harmonie comme récompense
- utiliser les traites et le toucher en pleine conscience (mindfully)
- utiliser la pression uniquement si elle est douce, comprise par notre cheval et équitable.
Andrea nous rappelle que souvent ce que nous faisons n’est pas pour le cheval mais au cheval!
Le vrai partenariat pour Andrea ce n’est pas que le cheval le fasse correctement mais c’est de naviguer les vagues ensembles, surtout quand c’est désordonné.
Matière à réflexion!
Buch Brannaman
Ce horseman fort réputé nous dit ‘’ The cool thing about horses, they don’t have prejudice. They don’t care if you are tall or thin, dark or light, or if you’re rich or poor. They don’t care about that. They care how you make them feel’’.
‘’Ce qui est captivant à propos des chevaux c’est qu’ils ne tiennent pas de préjudice. Ils s’en fichent que l’on soit grand, mince, pâle ou foncé, pauvre ou riche. Ils se foutent de tout ça. Ils ont toutefois à cœur comment vous les laissez se sentir.
Quelques exemples de ‘’bon vouloir’’
Au retour d’une randonnée avec une copine voilà qu’une autre copine partait seule et me demande si je veux faire une courte rando avec elle. Il faisait très beau, le temps était frais et nous n’avions pas travaillé fort alors une marche avec une copine en randonnée était, pour ma part, fort bienvenue. Mon amie fut surprise quand j’ai dit à Indy ‘’ que penses-tu si on retourne faire une marche avec Manon et Jack? ‘’ Indy s’est retournée sans hésiter et a tout de suite même pris les devants afin que Jack la suive. Elle n’a pas du tout regimbé et nous sommes reparties sans problème, sans qu’elle proteste. Elle était très en accord avec ma suggestion.
Lors d’autres occasions suite à une blessure quand on a recommencé la marche c’était à raison d’augmenter de 5 minutes par semaine. Alors plusieurs fois durant cette période je partais avec une, 2 et même 3 copines en randonnée et après un certain temps je demandais à Indy de tourner à l’opposé des autres car il nous fallait revenir. Pas une seule fois a-t-elle regimbé et elle est toujours revenue calmement au pas, rênes complètement lâchés. Je lui disais ‘’ il faut faire attention à ton membre’’ et le tour était joué. Je lui donnais souvent une friandise quelques minutes après la séparation car elle était bien calme et collaborait bien à mon plan. Je ne lui donnais jamais au moment de la séparation car ça aurait été la soudoyer. Une des fois où nous sommes parties à 4 et que je me suis séparée, au retour ma copine Suzanne me demandait comment cela avait été pour le retour. Et moi de lui répondre ‘’ on est revenues à l’écurie au galop’’ Elle a bien ri connaissant très bien Indy d’une part et sachant de même que je rigolais car en plus je ne galope plus.
Tout comme en randonnée quand on décide de revenir par une piste plus longue car la température est très belle et on veut en profiter au maximum. J’ai déjà été en rando avec une dame et son cheval l’a éjectée quant au retour elle n’a pas pris la piste la plus courte pour revenir à la maison. Autant moi que mon cheval en furent un peu estomaquées.
Lors de nos multiples visites au magnifique parc Horseland, Indy a inauguré plusieurs obstacles car elle est fort intéressée, calme, curieuse, motivée et confiante. Lors de sa première visite elle a traversé la chute sans bride.
Puis elle a été invitée à inaugurer d’autres obstacles qu’elle n’avait évidemment jamais vus. La grotte
Certes que c’est du BON VOULOIR car je ne la pousse jamais, elle aime explorer.
Ces événements m’ont fait réaliser que ce n’est pas parce qu’Indy est gentille qu’elle a accepté lors de ces occasions. Pas qu’elle ne soit pas gentille mais le fait qu’elle a appris dès son débourrage à céder à la pression par un horseman exceptionnel de façon douce très douce. Eh bien céder par le fait même implique une décision provenant du cerveau. Ça se passe entre les deux oreilles avant de se rendre aux pieds du cheval; ceux-ci obéissent aux commandes du cerveau. Et comme je tente beaucoup à ce qu’elle soit ma partenaire, qu’elle ait des choix et aussi du plaisir ça la dispose à dire oui. Il est très important que notre cheval ait du plaisir dans ce que nous faisons ensemble car ça l’incite certes à dire ‘’OUI’’.
Il ne faut pas oublier que dans leur relation avec les humains les chevaux se sont toujours soumis docilement pour combler nos besoins, nos attentes. De plus en plus nous réalisons que les chevaux sont dotés d’une extrême sensibilité qui leur permet de ressentir les émotions et l’énergie des autres et de comprendre les messages et l’intention derrière nos gestes. Les articles ‘’ Le pouvoir de l’intention’’ de la série APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION tout comme ‘’Trois belles histoires de complicité avec Indy!’’ de la série SUJETS VARIÉS démontrent ce concept.
Lyne nous le dit fort bien : ‘’il ne s’agit pas simplement de donner des ordres ou d’imposer des actions à notre cheval mais aussi de stimuler sa réflexion et de l’encourager à utiliser son esprit’’.
Alors quand on a un cheval bien éduqué à la cession au toucher partout sur con corps de même qu’au ‘’DRIVE’’et ‘’ASPIRATION’’ dans la mesure où s’est enseigné dans un climat respectueux, ça ouvre la porte au ‘’bon vouloir’’. Et je dis bien dans un climat de partenariat, pas de dictature.
Plusieurs d’entre nous vivons dans un monde de ‘’micro-gestion’’ ou les chevaux exécutent jour après jour les mêmes manœuvres. Je dis souvent à quelques copines qui me disent parfois que leur cheval semble manquer d’intérêt que je peux un peu comprendre car tout ce qu’elles font c’est d’aller faire leurs exercices au gymnase jour après jour. Et contrairement à moi qui irait au gymnase les exercices leur sont imposés, ce n’est pas le cheval qui décide. Et en plus, il y a peu de variété dans les exercices : cercles après cercles, interminables cercles et comme me dit souvent un ami excellent horseman, ‘’Ils ne sont même pas ronds’’. Ne serait-ce parfois que nous pourrions parfois mettre des cônes et barres au sol pour faire des patrons et stimuler l’intérêt de notre cheval et par le fait même le ‘’bon vouloir’’.
L’article ‘’ Soyons AMBASSADEURS DU ‘’OUI’’ avec nos chevaux de la série RESPONSABILISER notre cheval explique bien ce concept de cheval partenaire qui collabore avec son leader dans un contexte respectueux. Tout comme l’article ‘’Communication vs contrôle’’ de la série APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION.
Un climat respectueux pour éduquer notre cheval à céder à la pression selon Lyne c’est d’ÉVITER ;
- Trop de pression
- Une pression trop longue
- Une pression trop fréquente
- Une pression soudaine
- Une pression constante
Et surtout n’oublions pas ‘’ 20% de pression et 80% de relâchement.’’ Notre relation avec notre cheval en est souvent une de demandes, demandes et encore des demandes. Nous devons apprendre à leur laisser des choix et aussi les laisser s’exprimer.
Une dame qui a une jeune jument qui suit cours après cours avec deux entraîneurs a finalement mis une ‘’muserole’’ (un flash) car la dame dit que la jument ‘’babinait’’ constamment. Ainsi la jument ne peut plus s’exprimer. Il faudrait plutôt se demander pourquoi elle ‘’babine’’ tout le temps.
Photo : Le cavalier qui force la flexion avec des aides artificielles et ferme la bouche avec une muserole c’est comme le professeur qui attache l’enfant à la chaise et l’empêche de bouger et de s’exprimer.
Photo : En récompensant le bon comportement par des louanges, des friandises ou par le relâchement de la pression nous offrons au cheval la réciprocité et la reconnaissance pour ses efforts. Ceci augmentera le désir de participer de votre cheval et encouragera sa collaboration.
Certes que c’est du raffinement, de la subtilité mais fort efficace car ça développe un cheval partenaire qui se sent respecté et prêt à travailler avec son leader.
Gabi Neurohr abonde dans le même sens par rapport aux louanges et aux friandises mais nous rappelle que le relâchement de la pression n’est pas une récompense en ce sens que l’on ne donne rien à notre cheval mais on le soulage de la pression et ça l’encourage à bien répondre la prochaine fois car la pression ce n’est pas agréable. Son ‘’bon vouloir’’ risque plus d’être au rendez-vous si le relâchement de la pression est fait selon les règles de l’art.
Le lien entre céder à la pression et le développement mental du cheval
Il est important de se rappeler que lorsqu’un cheval cède bien à la pression au toucher ou à sa bulle, c’est la tête (le mental qui est la boîte de contrôle) qui dicte au corps de répondre à la demande. Plus un cheval est léger à répondre à ces demandes, plus ça se transfère à d’autres sphères du développement mental de notre cheval. Un cheval qui cède bien à la pression est aussi un fidèle partenaire lors de nos activités diverses car il a appris à dire ‘’oui’’ dans la mesure où les demandes sont justes et que le cheval se sent respecté et en sécurité. Et j’ose ajouter que mon cheval a un certain plaisir.
Il faut toutefois ne pas oublier que la ligne est très mince entre conformité, obéissance et ‘’bon vouloir’’. Il est extrêmement important que nos demandes soient justes, pas trop exigeantes selon l’âge et l’éducation de notre cheval et fait dans un climat où la confiance règne et je dirais un certain plaisir.
Récemment, au retour d’une randonnée quant au lieu de revenir directement à l’écurie nous avons pris une autre piste qui à la fois allongeait le retour et ne nous ramenait pas aussi rapidement à l’écurie, certes qu’Indy m’a dit ‘’ tu sais l’écurie est par là’’.
‘’Oui, je le sais mais on va passer par ici à la place d’y aller directement’’.
Ah Ok dit-elle ‘’je voulais juste m’assurer que tu ne te trompes pas.’’
Et elle a suivi ma demande sans regimber; j’ai juste regardé vers la gauche sans toucher aux rênes et c’est par là qu’elle s’est dirigée. J’aurais pu aussi utiliser la voix et lui dire ‘’go left’’. (J’utilise les termes en anglais car droite et tout droit se ressemblent beaucoup en français). Le regard, la voix, l’assiette puis les rênes si les trois autres moyens ne donnent pas les résultats escomptés.
Si un cheval cède bien à la pression au toucher et à la bulle, il cèdera de même à la pression mentale lors d’autres occasions car il a appris à répondre aux demandes. Toutefois, il est important que le cheval soit dans sa zone de confort, son ‘’sweet spot’’ sinon il a de la difficulté à penser à autre chose que sa survie et la fuite et il risque de regimber. Le concept confort/effort est aussi super important : je ne demande pas à mon cheval de faire un exercice s’il n’est pas dans son ‘’sweet spot’’. Les articles ‘’Le concept du ‘’ Sweet spot’’ ou zone de confort’’ et ‘’Le concept de confort-effort-inconfort, le connaissez-vous?de la série BÂTIR LA CONFIANCE expliquent bien ce concept,
Il est tellement important le climat de confiance, de complicité afin de créer un partenariat qui a du sens et non que de la micro-gestion.
Et Lyne résume tellement bien dans cette phrase toute la profondeur de ce concept.
Petra Christensen de SoulFire Farm aux USA nous rappelle dans son programme GENUINE CONNECTIONS Horsewomanship Curriculum: Relationship reset que si un cheval ne donne pas ses pieds facilement et aisément lorsque nous sommes au sol, il ne faut pas penser que ça ira bien en selle car le ‘’bon vouloir’’ n’y est pas. Il ne faut pas blâmer le cheval mais tenter de voir le pourquoi de son geste. Les fjords sauvages que ma propriétaire d’écurie a adoptés et qui vivent maintenant avec ma jument Indy ont dû développer beaucoup de confiance avant de me donner leurs pieds pour les curer. J’ai très bien compris qu’un cheval sur 3 pieds ne peut pas se sauver si un prédateur se présente, surtout un pied avant.
Petra, tout comme Lyne, nous rappelle que notre cheval doit se sentir entendu et compris que c’est la base pour créer un partenariat solide où on a un cheval détendu mentalement, émotivement et physiquement.
Le cheval ‘’ne peut pas’’ ou ne ‘’veut pas’’.
Il est important de comprendre la différence entre ne peut pas et ne veut pas.
Le cheval qui ne peut pas habituellement n’a pas les prérequis pour faire cet exercice serait-ce au niveau de la connaissance ou au niveau de la forme physique. Parfois il ne comprend pas la demande, d’autres fois il n’est pas assez bien préparé et des fois c’est parce qu’il a mal ou peur.
Le cheval qui ne peut pas va habituellement faire un effort, essayé sans réussir. Il faut aussi penser que parfois c’est le cavalier qui ne donne pas les bonnes aides pour que le cheval accomplisse la tâche.
C’est donc au cavalier de lui donner les bases nécessaires afin qu’il réussisse. Diminuer les exigences en demandant un exercice moins compliqué ou en allant à une étape préparatoire où il y a grande chance de succès. N’oublions pas le principe de ne pas demander plus tant que l’étape actuelle n’est pas solidement acquise. Souvent nous allons trop vite.
Ralentissons!
Le cheval qui ne veut pas accomplir la tâche demandée va parfois même faire le contraire. Le cheval comprend bien la tâche mais décide de ne pas l’accomplir.
Soyons ambassadeurs du ‘’oui’’!
Certes que ça ne veut pas dire que je dois laisser mon cheval faire tout ce qu’il veut. On se doit de l’éduquer afin qu’il soit poli, respecte notre espace comme nous respectons le sien. Notre sécurité tout comme la leur est primordiale, c’est une question de respect mutuel.
Toutefois tel que mentionné dans l’article ‘’ Soyons ambassadeurs du ‘’oui’’ avec nos chevaux de la série RESPONSABILISER nous sommes souvent centrés sur les points négatifs tels ‘’ne fais pas ceci ou cela’’.
Nous devons commuer vers des comportements positifs de notre cheval.
Nous ne devons pas oublier que télépathiquement le ‘’ne pas’’ ne se transfère pas. Si je dis à mon cheval ‘’ne trotte pas’’ quand je suis en randonnée et que je sens mon cheval un peu inquiet, le cheval a compris le mot ‘’trotte’’ mais n’a pas compris le ‘’ne pas’’. Fort important de dire quoi faire et non le ‘’ne pas faire’’.
La peur de dire ‘’ non’’.
Souvent nous craignons de ne pas demander correctement, corriger trop sévèrement, inquiéter notre cheval ce qui affecterait notre relation. Toutefois il est important de bien éduquer notre cheval sinon c’est le chaos pour utiliser l’expression de Buch Brannaman.
Buch nous dit que le mot discipline n’est pas un mot sale : tout le contraire. C’est ce qui nous sépare du chaos et de l’anarchie. La discipline implique le sens du ‘’timing’’ et est le précurseur au bon comportement. Les gens qui associent la discipline avec la punition font erreur car avec la discipline la punition devient non nécessaire.
Il est important aussi pour nous de reconnaître qu’un cheval se sent en sécurité avec un leader qui le dirige calmement et correctement par rapport à quelqu’un qui se laisse marcher sur le dos ou qui ne donne pas des directives claires et bien comprises par le cheval.
Quelques pistes de réflexion
N’oublions pas que notre cheval doit être détendu et dans son ‘’ sweet spot’’ pour penser. Le principe de confort/effort est super important.
Faire moins, demander moins, réagir moins.
N’oublions pas : IL FAUT ÊTRE DEUX POUR DISCUTER.
Il est donc sage de commencer par demander quelque chose où on sait qu’on aura du succès. Allons-y progressivement.
N’oublions pas que la douleur est importante à évaluer car certes qu’on est plus susceptible d’avoir un ‘’non’’ si le cheval a mal.
Donner plus de temps, soyons patients.
Le cheval a -t- il les prérequis pour faire ce que nous lui demandons?
La fatigue : les jours de repos aussi importants que les jours d’entrainement.
C’est tellement agréable un cheval qui est fier partenaire!
Pour moi, la notion de plaisir doit être mutuelle.
Ces photos que j’utilise souvent montrent les chevaux qui veulent sortir de leur grand paddock et faire quelque chose avec moi. Ce n’est pas l’heure du lunch. A un point tel que je ne peux quasi pas me permettre d’en prendre qu’un seul… alors vive les chevaux de bât. On part à 3.
Tout comme les fjords norvégiens de ma propriétaire d’écurie qui se pointent à la clôture quand ils me voient arriver le matin car on fait toujours un peu quelque chose ensembles dans le paddock ou je les sors un à un pour se promener sur la propriété. Ces chevaux sauvages ont été apprivoisés et vivent maintenant avec ma jument Indy. ( Poney et Aramis sur la photo avec Indy sont malheureusement décédés). J’apporte des jouets, je les brosse et leur désir n’est pas relié à la bouffe mais ils veulent faire quelque chose. Le ‘’bon vouloir’’ est certes présent. Thor est très enjoué et ils sont très affectueux et je dois dire respectueux : ils ne me font JAMAIS DÉPLACER LES PIEDS. J’en suis fière car je n’ai jamais eu cette expérience avec un poulain et évidemment jamais avec un cheval sauvage.
Des chevaux qui offrent généreusement
Mon amie Wendy Charbonneau a ses chevaux et son âne chez elle à sa ferme For The Love Of Horses en Ontario. Elle joue beaucoup avec ses chevaux souvent en liberté.
Une de ses juments Nacoma lui offre un cercle de reculons. Elle a appris ce mouvement et adore lui offrir.
Tout comme Petra Christensen de GENUINE CONNECTION aux USA démontre le ‘’bon vouloir’’ de ces chevaux qui jouent en liberté avec Petra.
Trois exemples où ma jument Indy dit ‘’NON’’.
Quand je vais chez mon amie Hélène au Clos des Tilleuls, Indy adore ce havre de paix. C’est quelques fois pour des cliniques de Horsemanship mais le plus souvent pour des vacances qu’Indy trouve toujours trop courtes. On fait des randonnées avec le conjoint d’Hélène et beaucoup de RIEN. Elle broute avec sa cousine Deedee, on joue un peu. Quand mon ami vient la chercher elle monte facilement dans la remorque. Toutefois, quand je viens lui donner une friandise, elle se ferme la bouche très serrée et refuse le ‘’bonbon’’. Certes qu’elle me dit à sa façon, la vacance n’a pas été assez longue.
Indy aime beaucoup les sorties, on en a quand même fait plus de 225 dans une cinquantaine d’endroits. Elle adore explorer et se sent en confiance facilement aux endroits où nous allons en vacances ou en cliniques. Mais quand nous allons dans des parades, ces sorties ne sont pas toujours assez longues : que quelques heures à l’opposé de cliniques ou des vacances qui se passent sur quelques jours. En parade, Indy est souvent le seul cheval monté et elle est évidemment admirée +++++ et elle le sait fort bien. Quant à la fin de la parade on retrouve la remorque elle s’arrête devant et fait parfois un signe ‘’non’’ de la tête; elle ne veut pas monter. Pourtant après tous ces 225 voyages dans une vingtaine de remorques où elle monte toujours facilement ces quelques fois elle me dit ‘’la parade a été trop courte’’. Et je dois dire qu’elle a raison car parfois les parades ne sont pas très longues quand c’est dans un petit village. Lors de la parade de la St Patrick où il y a 25 à 30,000 spectateurs et un long parcours elle ne me dit pas que c’est trop court. Tout ce que j’ai à lui dire ‘’je comprends mais la parade est finie et on ne peut pas la faire à nouveau, on doit quitter. Regarde tout le monde s’en va’’ et Indy me regarde et monte. Elle tient toutefois à me rappeler que la sortie n’a pas été assez longue.
Indy a été invitée à Horseland afin d’inaugurer 3 nouveaux obstacles : la ville de New York, la grotte et la rivière Colorado. Elle a été filmée et a très bien fait ça. Notre transporteur a attendu car la visite a été relativement courte et le trajet retour et revenir prend plus de 3 hres. Notre visite a duré environ 21/2 hres car j’ai aussi laissé du temps à Indy pour jouer dans l’eau car elle adore l’eau. Quand fut le temps de partir, Indy s’est braquée devant la remorque et à dit non à Greg qui l’a transportée 130 fois. Elle ne voulait pas partir. J’ai dû lui expliquer qu’on reviendrait, elle a grogné et oui, littéralement grogné et hoché de la tête puis est montée dans la remorque loin d’être convaincue. Elle adore aller à Horseland. Nous y sommes retournées quelques semaines plus tard.
Poney refuse à Laura qu’elle le monte à cru et sans bride
Poney est le cheval de ma propriétaire que j’ai amené à sa demande à une clinique de Horsemanship il y a 17 ans et ce horseman a révolutionné ma façon de penser et de faire et m’a conduit quelques années plus tard au ranch ou je suis revenue avec Indy.
Poney était tout à fait incontrôlable et il ramenait les gens de randonnée au grand galop jusqu’à la porte de son paddock, sortait les cavalières du manège si la porte était ouverte tout comme du dressage ring dehors.
Depuis ce jour, j’étais la seule à le manipuler, le monter et l’amener à diverses cliniques de Horsemanship. Ce fut une révolution totale pour nous deux! Je le montais sans selle et sans bride dans le manège et sur la propriété seul ou avec d’autres chevaux. Il est décédé subitement il y a 4 ans et j’ai encore la larme à l’œil quand j’écris ces lignes.
Mon amie Laura voulait ressentir un reculons et ce à cru sans la selle afin de ressentir le mouvement dans ses ischions. Je lui ai proposé Poney car il était plus bas qu’Indy. Nous sommes allées dans le manège et avons marché ensemble tous les 3. Puis j’ai suggéré à Laura de pointer le montoir quand elle se sentait prête à s’asseoir sur lui.
Quelle ne fut pas sa surprise quand il a dit un NON très CATÉGORIQUE.
J’ai dit à Laura ‘’que vas-tu faire?’’
‘’on va continuer à marcher ensemble tous les 3 et il finira par dire ‘’oui’’ me dit-elle.
En effet un peu plus tard elle a pointé le montoir et il a clairement répondu ‘’OK si Denyse nous suit.’’
Première fois à cru et première fois sans bride pour Laura. Poney a été super calme et nous avons marché bien tranquillement les 3 ensembles. Il était synchronisé à mes pieds et était content et confiant.
Quand je lui a demandé un ‘’recul’’ par aspiration avec ma main, il s’est synchronisé à mes pieds et Laura a très bien ressenti le mouvement sur ses ischions. On a répété à quelques reprises.
Ce qui fut le plus impressionnant c’est que Poney s’est retourné pour savoir si Laura était contente de lui. Une photo qui vaut mille mots. Quelle belle connexion!
D’autres exemples de chevaux au montoir
Deux copines m’ont partagé leur désarroi car leur cheval ne voulait pas aller au montoir ou y allait mais n’y restait pas afin qu’elles montent en sécurité. Même la jument reculait, reculait et reculait de sorte que la cavalière avait besoin de quelqu’un pour se tenir vers l’arrière du cheval afin qu’elle puisse monter. Ouf! Je dois dire que ce sont des chevaux de 20 et 22 ans qui ont été rescapés par une de mes amies qui a déjà un cheval. Elle les sous-loue à deux dames qui ont à cœur d’établir un partenariat avec ces chevaux. Un premier qui a eu une vie de chasseur avec une multitude de cavalières et le second qui a été sauvé de l’euthanasie car la propriétaire ne pouvait plus assumer les frais de pension et de médicaments car elle souffre de Cushing. Ce cheval a passé des années au box avec quelques heures au paddock par jour, aucune autre chose dans sa vie.
Je parle plus longuement de leur cheminement dans le premier article sur le ‘‘Partenariat bienveillant’’ sous le thème : DEUX EXEMPLES OÙ L’ART DE NE RIEN FAIRE A CHANGÉ LES CHEVAUX.
Pas évident mais quand je leur ai dit, vu qu’elles me demandaient, ce que ces chevaux avaient vécu : à chaque fois qu’ils voyaient l’humain c’était comme s’ils étaient amenés au gymnase pour faire des exercices. La différence c’est que si nous allions au gymnase à chaque fois qu’on se voyait j’irais par choix et même on ferait des exercices que je choisirais ou du moins auxquels j’aurais donné mon accord.
Pour le cheval il subit et non choisit. C’est tout comme si à chaque fois que je voyais mon amie ça serait au gym au lieu de prendre un café, une bière sur une terrasse ensembles. Ça les a frappées de plein fouet et elles ont eu des résultats très positifs juste à changer leur façon de faire en arrivant dans le manège : ne rien faire, regarder ce qui se passe, jouer avec le ballon, la toile etc… Parfois aller dans le manège sans aller au montoir, d’autres fois ne pas aller dans le manège mais aller marcher dehors à côté du cheval. Quelle surprise pour ces chevaux. Ultérieurement elles sont allées au montoir sans monter. Leur cheval en a été quelque peu estomaqué. Puis quand elles sont montées je leur ai suggéré de faire à l’occasion le jeu du cavalier passager. Ouf! Ça demande de la PATIENCE mais ce fut efficace. L’article ‘’ Le jeu du cavalier passager et du cheval meneur/sentinelle’’ de la série RESPONSABILISER SON CHEVAL explique cette technique.
Les deux articles ‘’Le partenariat bienveillant’’ de la série PARTENARIAT expliquent l’importance des concepts : de ne rien faire, d’écouter, de ralentir et être patient.
Puis un jour au montoir elles ont pointé et leur cheval s’y est installé sans bouger. Enfin suite à leur démarche les chevaux ont dit ‘’OUI’’ au montoir!
A ces deux copines je leur ai aussi enseigné lorsqu’elles sont au montoir d’aller chercher le OK de leur cheval en se connectant à l’œil proximal du cheval. Elles avaient appris ce qui est souvent enseigné dans l’équitation classique, au montoir tournez un peu la tête de votre cheval vers l’extérieur. Ainsi, s’il bouge l’arrière-train se rapprochera du montoir et vous risquez moins de passer entre le cheval et le montoir. J’ai été réprimandée il y a une quinzaine d’années quand j’ai fait ça. Le horseman m’a dit ‘’ svp prendre contact avec l’œil proximal de ton cheval et voir s’il est prêt(e) à t’accueillir sur son dos.’’ Ce concept a été enseignée aux cavaliers(es) dans une multitude de cliniques auxquelles j’ai participé.
Gabi Neurohr enseigne de demander de vive voix le ‘’OK’’ de son cheval avant de le monter. Quand je monte je demande à Indy ‘’anybody home?’’ (y a-t-il quelqu’un entre les deux oreilles?) pour tenter d’influencer les copines qui n’ont pas appris ce concept. Quelques-unes m’ont demandé pourquoi je demandais ça aux chevaux et je leur ai expliqué le concept. Sur la photo c’est Indy qui s’est retournée pour prendre contact avec moi. Habituellement je n’ai que son œil, sa tête légèrement fléchie de mon côté mais je crois qu’avec un masque elle s’assure qu’on soit bien connectées. Eh oui, je monte une semaine à droite et une semaine à gauche.
Cette connexion aide mon cheval à s’unir avec moi. Souvent pendant des exercices Indy se retourne pour voir si elle a bien fait tout comme en randonnée, parfois elle se retourne et me demande où nous allons.
Conclusion
Ce qui m’attriste le plus c’est que ce n’est pas dans les normes de penser à comment se sent mon cheval par rapport au travail que l’on fait. Les gens les traitent fort bien, les manipulent bien mais c’est peu enseigné de se demander ‘’ COMMENT SE SENT MON CHEVAL? QUE PENSE MON CHEVAL?’’
Larry Stewart, instructeur Parelli 5*, premier horseman rencontré dans mon cheminement m’avait dit il y a 17 ans
‘’ N’oublie jamais! Qu’y a-t-il pour ton cheval?
Jamais j’ai oublié cette phrase!