MON CHEVAL EST-IL HEUREUX?
de la série Partenariat
Une question certes pas facile à répondre mais on doit quand même se la poser. Tout dépend de son milieu de vie, des activités qu’il/elle pratique, des soins donnés, de ses besoins selon sa personnalité, son état de santé et de comment je me comporte avec lui/elle. Plusieurs horsemen/women nous rappellent que notre relation avec notre cheval ne doit pas être uniquement axée sur le travail et les bons soins. Il faut savoir les écouter certes pas si facile que ça car ils s’expriment fort différemment de nous. Ils communiquent par leur langage corporel donc non verbal alors que nous communiquons principalement par la parole. Niky Robert de Blackjack Horsemanship au Québec nous rappelle que nos chevaux doivent être bilingues. Nous nous devons d’être très attentifs.Sylvie Desbiens, coach des Services Équestres Étho-Logiques, horsewoman réputée au Québec, nous le remémore très bien avec cette citation.
Ce cartoon illustre aussi cette pensée. Le cheval au box avec une multitude d’intervenants pour donner des soins les plus spécialisés mais…….il lui manque des éléments de base soit la liberté de mouvement et des amis.
Cartoon : Le cheval dit ‘’Laissez-moi sortir et je serai heureux et en santé’’. L’humain dit ‘’J’adore mon cheval et il reçoit les meilleurs soins possibles.’’
Le très renommé horseman Warwick Schiller ne cesse de répéter que les chevaux ont 3 besoins fondamentaux pour être bien soit les 3 F : Food, Friends and Freedom. Andy Booth a bien traduit sa pensée.
Le premier horseman que j’ai rencontré dans mes études de horsemanship est feu Larry Stewart, instructeur Parelli 5*. Ça fait 17 ans et je le cite encore très souvent ‘’always remember to think about what’s in it for the horse’’. ‘’N’oubliez jamais de penser dans ce que vous faites ‘’ qu’y a-t-il pour le cheval?’’ Ouf! Quelle affirmation! Certes que ça nous porte à réfléchir. Une phrase que je n’ai jamais oubliée.
Gabi Neurhor a sorti à l’automne 2023 un programme ‘’No Matter, the Weather’’ soit 77 choses à faire avec son cheval autre que de le monter et de le longer. Oui, je sais, ça vient bousculer les façons habituelles de faire. S’agit de voir ses chevaux lui montrer où ils apprécient être grattés ou de les voir venir à elle quand elle s’assoit avec eux et ne fait rien.
Andrea Wady de G-B reconnue pour son concept de ‘’liberté pure’’ donc sans pression ou récompense par de la nourriture nous porte beaucoup à réfléchir sur ce sujet. L’article Liberté pure de la série APPROFONDIR LA COMMUNICATION traite de ce concept. Elle dit ‘’si mon cheval laisse volontairement son troupeau afin de passer du temps avec moi, c’est ma référence à savoir comment il se sent aujourd’hui d’autant plus qu’il vient souvent au galop’’. Il suffit de voir ses vidéos où elle appelle son cheval lequel est très loin avec le troupeau dans le pâturage pour le voir venir à elle à grande vitesse. Voilà sa réponse: un cheval heureux de passer du temps avec son humain.
Petra Christensen de SoulFire Farm, Arizona, USA et son excellent programme GENUINE CONNECTIONS Horsewomanship Curriculum : Relationship Reset nous démontre la motivation intrinsèque de son troupeau qui vient se faire caresser et jouer en liberté avec elle. Il est évident que ses chevaux sont heureux.
Tout comme les chevaux qui se présentent à la clôture se demandant ce qu’il y a au programme aujourd’hui. Indy vient à la porte de son paddock en voyant mes deux amies aller chercher leurs chevaux dans le paddock voisin car elle sait que lorsque ces deux copines viennent nous irons en randonnée ensembles.
Certes qu’Andrea nous rappelle que le cheval peut avoir une motivation extrinsèque telle la nourriture ou une motivation intrinsèque, soit le désir d’être avec son humain.
Carson James des USA nous dit que nous devons être conscients de comment se sent notre cheval et ce, pas seulement quand nous sommes sur leur dos. La connexion commence dès que notre cheval nous voit et souvent nous entend. Le cheval d’une copine l’appelle quand il entend l’arrivée de son camion et pourtant son paddock est loin du stationnement. De plus, l’écurie et le manège sont entre le stationnement et son paddock. Pour moi, dès que mes chevaux m’entendent arriver à l’écurie les deux fjords se pointent toujours à la clôture dès qu’ils entendent ma voix quand j’arrive le matin. Mes copines me le disent souvent car je vais porter mes choses dans la sellerie avant d’aller au paddock car j’ai les mains pleines, mais ils savent que je suis arrivée.
Indy est un peu plus indépendante, elle se pointe quand je suis prête à faire quelque chose avec elle car je communique avec elle par intention. Je passe beaucoup de temps dans le paddock à nettoyer, réparer les clôtures, l’abri, mettre les filets de foin, nettoyer les abreuvoirs, jouer avec les fjords etc… Elle sait quand je suis prête pour elle. L’article ‘’Le pouvoir de l’intention’’ de la série APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION explique bien ce concept.
Carson dit que ce qui manque le plus aux gens et leur cheval c’est que l’humain est trop centré sur la tâche à accomplir, les exercices à réussir et que ça nous distrait par rapport au reste. Intéressant car avec les fjords qui étaient sauvages, jamais manipulés par les humains sauf le mâle castré, on n’a pas fait grand-chose avec eux sauf de créer un lien et leur donner une éducation de base pour les manipuler avec légèreté et sécurité. Ils sont très proches de la propriétaire et de moi. Ils vivent de jour au paddock avec Indy.
Nous avons beaucoup d’attentes envers nos partenaires équins. On les garde souvent de longues heures au box, leur met une selle sur le dos, une bride et un mors dans la bouche puis on s’attend à ce qu’ils trottent, galopent puis exécutent des prouesses techniques tels des sauts, des pirouettes, des pas de côté, des reculons, des spins, des sliding stops, des obstacles très variés etc. Et parfois on est surpris s’ils regimbent ou sont résignés, voire même éteints, et pourtant……
Ce que l’on ne veut surtout pas c’est un cheval résigné……
Gabi Neurorh, Josh Nichols, Elsa Sinclair, Lockie Philips, Andrea Wady, Yvet Blokesch de Featherlight horsemanship et plusieurs horsemen/women ont écrit ces dernières années sur ce sujet. Plusieurs auteurs condamnent certaines pratiques équestres telles le ‘’flooding’’ de même que des mors sévères, des enrênements, des flash serrés etc. Lors des olympiques à Paris en 2024 il y a eu beaucoup de critiques sur l’hyperflexion entre autres.
Photo : Le cavalier(e) qui force la flexion de la nuque avec des aides artificielles et ferme la bouche du cheval avec une muserolle serrée se comporte de la même façon que le professeur qui attache l’enfant sur une chaise et le bâillonne pour l’empêcher qu’il bouge et s’exprime.
Scott Cieslar des produits Madbarn en Ontario et son équipe de scientifiques ont fait beaucoup de recherche sur le sujet du bien-être de notre cheval et je les remercie d’avoir toujours répondu à mes questions. Le site web bilingue ‘’ madbarn.ca’’ de même que ‘’yourhorse.co.uk’’ sont d’excellentes références sur ce sujet. Nous avons du chemin à faire pour rendre la vie de nos partenaires équins plus satisfaisantes pour eux. Heureusement il y a de plus en plus d’écrits sur ce sujet. Et la législation commence à changer afin de nous obliger à mieux répondre aux besoins de nos animaux qui ne sont plus considérés comme des biens ‘’meubles’’ mais des êtres vivants avec des besoins spécifiques à leur espèce.
Ce texte que j’utilise souvent car je le trouve très importante : ‘’Il n’y a pas de cheval malin. Il y a que des chevaux blessés, souffrants, inquiets voire anxieux, fatigués, frustrés, affamés ou confus qui tentent de s’exprimer de la seule façon qu’ils peuvent’’.
Tout comme ce texte qui dit que le cheval fait deux choses soit ce qu’il pense qu’il doit faire ou ce qu’il croit devoir faire pour survivre. OUF! Que ça porte à réfléchir.
Quelques signes à évaluer pour nous aider à savoir si notre cheval est bien
1) ABSENCE DE DOULEUR OU DE MALAISE
La santé est un excellent indicateur de bien-être. Certes qu’un cheval qui a mal quelque part ne peut pas être parfaitement heureux et ne désirera pas participer avec intérêt aux activités proposées. Scott nous rappelle que d’interpréter la douleur chez les animaux est intrinsèquement difficile puisque ces derniers ne peuvent pas exprimer verbalement leur inconfort. Cette difficulté est amplifiée chez les animaux de proie comme les chevaux qui cachent instinctivement la douleur et la faiblesse pour éviter de paraitre vulnérables auprès des prédateurs.
La douleur chronique pose des défis supplémentaires car elle se développe progressivement. Les chevaux s’adaptent en modifiant leur mouvement et leur comportement.
La douleur a plusieurs origines : blessure, fourbure, ulcères, problème au niveau des dents, ovulation douloureuse etc. Plusieurs chevaux ont besoin de suppléments pour les articulations vu leur travail parfois exigeant ou leur âge avancé. Ce n’est pas toujours une douleur importante mais un malaise, une tension.
Il va de soi que le suivi de notre vétérinaire, maréchal, ostéopathe, acupuncteur, etc. sont importants pour assurer le bien-être de notre cheval.
Les signes de douleur peuvent parfois être très subtiles et d’autres fois assez évidentes tels un cheval qui :
- change d’attitude, de comportement
- est agité
- piétine constamment le sol
- se regarde les flancs et même tente de les mordre
- se roule, se relève, se roule à nouveau
- boite : les signes peuvent parfois être bien subtils tel une réticence à bouger
- a un pouls ou une respiration rapide
- a de la fièvre
- transpirer ++++
- se secoue la tête pour autre raison que de chasser les moustiques
- a une diminution des bruits intestinaux
- a une selle mal ajustée pour lui/elle
- bouge mal à cause du cavalier(e) qui a une mauvaise posture, des mains trop fortes ou qui demande un mouvement pour lequel le cheval n’a pas les prérequis ni la forme physique
- et tout autre forme d’expression…
Photo : heureusement pour nos chevaux, la médecine vétérinaire a beaucoup évolué depuis le temps où un cheval souffrant de coliques était couché sur le dos, les pattes attachées et on lui donnait du vin mêlé d’huile d’olive. Crédit : Madbarn
Scott Cieslar et son équipe ont beaucoup étudié ce sujet. Il rapporte une étude récente où 500 chevaux évalués sains par leur propriétaire avaient dans presque 50% des cas des problèmes musculosquelettiques. Une autre étude nous démontre que 85% de 200 propriétaires n’ont pu identifier des signes de stress chez leur cheval; ils attribuent les symptômes à un mauvais comportement. Scott appuyé par son équipe de chercheurs dit qu’il n’y a pas suffisamment d’éducation faite sur ce sujet.
2) DÉSIR DE PARTICIPER
Quand vous arrivez et que votre cheval vous voit, vient-il spontanément à vouss’il est au paddock? Si c’est une approche volontaire, certes que ça nous dit que notre cheval est content de faire quelque chose avec nous. Ou du moins vient-il quand vous êtes prêts à faire quelque chose avec lui/elle? Certes que c’est un signe assez évident de son taux de satisfaction, plaisir! Si vous êtes obligé de courir après votre cheval il faut se poser des questions. Scott Cieslar dit que ce désir de participer est un bon indicateur du bon vouloir du cheval et que des changements dans ce comportement sont à observer de près. Les recherches chez les dauphins ont démontré que lorsqu’ils perdent intérêt à participer c’est souvent un des premiers signes précurseurs d’un problème de santé physique ou mental qui commence à se développer.
Photo : Les 3 chevaux se pointent à la clôture car ils savent que nous irons en randonnée, moi assise sur le fjord et les 2 autres en cheval de bât. Je n’ai pas à aller les chercher ils veulent venir avec plaisir! Leur faciès démontre leur intérêt! Je n’ai pas besoin de les appeler quand ils voient ma copine aller chercher son cheval au paddock. Ils savent qu’avec cette copine nous irons nous promener car je n’y vais jamais seule avec deux chevaux en cheval de bât. Seul problème c’est que parfois je veux qu’un cheval car cette journée-là avec la copine on a l’intention de faire une plus longue randonnée avec ravins etc…Je les remercie toujours de se présenter et passe du temps avec eux.
Mon amie Wendy Charbonneau de l’Ontario a son troupeau chez elle à sa ferme ‘’For The Love of Horses Farm. Sa vidéo démontre bien ses chevaux et son âne heureux de la voir. L’âne brait très fort au début, il m’impressionne toujours. Une superbe vidéo d’un troupeau heureux.
Scott nous rappelle qu’un cheval qui est bien avec vous demeurera en place sans être attaché ou maintenu de force. Il nous accompagne et est un bon partenaire. L’article ‘’Le rectangle, votre cheval choisit l’arrêt’’de la série PARTENARIAT AVEC LE CHEVAL explique bien la démarche à suivre afin que mon cheval demeure dans son rectangle imaginaire.
Photos : Indy en liberté avec la pareuse qui fait son sabot arrière gauche pendant que je vais chercher un à un les 3 autres chevaux au paddock. Aramis m’attend dans le box, porte ouverte, pendant que je vais chercher la selle. Le box est sur la route du manège et plusieurs chevaux passent devant lui mais il y reste toujours.
3) EXPRESSION FACIALE HEUREUSE
Une des meilleures façons d’évaluer l’état d’esprit de notre cheval est d’observer son expression faciale laquelle sera affectée par le stress, la maladie ou l’inconfort. Scott nous rappelle qu’à cause de notre éducation en tant que cavalier(e) nous sommes souvent sur leur dos et on ne nous a pas vraiment enseigné à lire leur langage corporel et particulièrement leur expression faciale laquelle est parfois subtile mais elle révèle bien son état mental. Josh Nichols, horseman canadien tout comme Lockie Philips d’Espagne et plusieurs autres sont réputés pour leur attention particulière à l’état émotif de nos chevaux. Ils nous rappellent que le faciès du cheval nous donne énormément d’information.
Une copine a une jument super gentille, toujours à l’écoute mais quand on la regarde attentivement on constate qu’elle est souvent un peu ‘’absente’’, intravertie. C’est une ancienne jument de polo à la retraite. Son vétérinaire nous a dit qu’elle avait été une esclave toute sa vie. Pas évident dans le monde équestre dans lequel on évolue de voir cet état, tout le contraire, elle est classée comme obéissante et calme. Sa propriétaire a travaillé avec un excellent horseman qui lui a enseigné au sujet de la catatonie et la jument a beaucoup changé dans la dernière année.
L’équipe de Madbarn nous enseigne que l’échelle des expressions faciales du cheval utilisée par les vétérinaires a 3 niveaux :
0 = absence d’expression faciale
1= expressions faciales modérées
2= expressions faciales présentes
Ils évaluent aussi 6 points de la tête du cheval.
- – Oreilles orientées vers l’arrière et aplaties; certains parlent pour plus de 5 secondes.
- – Paupières partiellement ou totalement fermées.
- – Plis au-dessus des yeux. La contraction des muscles de la paupière supérieure rend plus visible la crête temporal.
- – Plis dans la lèvre supérieure peut indiquer une mastication pénible à cause d’un problème au niveau des dents ou une tension chez son cheval.
- – Menton proéminent est souvent associé à la lèvre supérieure étirée et en retrait et ceci indique certes de la tension.
- – Narines dilatées.
Évidemment plus le score est élevé, plus il y a risque que le cheval ait mal quelque part.
4) YEUX
Le cheval avec une expression faciale heureuse aura des yeux ronds et doux. La sclérotique (partie blanche de l’oeil) ne sera pas apparente. Alors qu’un cheval stressé aura une paupière un peu en forme triangulaire et la sclérotique est parfois apparente. L’oeil est fixe.
Si les paupières sont partiellement fermées pour quelques secondes et qu’elles clignent fréquemment ça peut être un indice de stress.
5) NARINES
Le cheval bien dans sa peau et en santé aura les narines rondes et elles ne seront pas évasées. Alors qu’un cheval stressé aura souvent les narines tendues et un peu refermées ou si très tendu eh bien les narines sont très évasées.
Le cheval détendu expirera parfois fort en signe de détente suite à un peu de stress.
6) LA MÂCHOIRE, LES LÈVRES ET LE ‘’LICK & CHEW’’
Un cheval calme et détendu aura une mâchoire et les lèvres décontractées. La tension dans les lèvres et la mâchoire donnent une expression faciale carrée alors que si détente, la face est plus arrondie. Souvent la lèvre inférieure est un peu pendante.
Un cheval stressé surtout quand il est monté peut ouvrir et fermer la bouche fréquemment, parfois la langue est protubérante et la lèvre inférieure est tendue.
Certains chevaux mordent leur leader pour leur indiquer leur mécontentement ou leur malaise.
Les chevaux expriment beaucoup par la bouche. Le ‘’lick & chew’’ est indicateur de détente après une demande. L’article ‘’L’importance du ‘’Lick & chew’’ et le pourquoi de la série PARTENARIAT AVEC LE CHEVAL explique bien ce concept.
Indy est réputée pour ‘’lick & chew’’ et je leur dis souvent ce n’est pas spécifique à Indy mais au programme : 20% de pression et 80% de relâchement et je lui offre de la variété dans nos activités ce qui stimule son intérêt. Récemment lors du mauvais temps on a monté dans le manège avec une foule de cônes et de barres au sol. On faisait des patrons. Indy montée en licol de corde et après quelques exercices on marchait tranquillement et le ‘’lick & chew’’ était très présent lors de cette phase de relaxation. Il ne faut pas oublier l’importance de la relaxation. Certes que lorsqu’on monte on ne peut pas toujours faire ça mais il ne faut quand même pas oublier d’arrêter de demander constamment. Quelques personnes ont remarqué la différence avec un cheval qui était monté avec un ‘’flash’’, incapable de s’exprimer et Indy montée avec un licol qui lèche abondamment.
Photos : A gauche, à Horseland, la première fois qu’Indy est allée sur le pont avec moi comme cavalière. Je suis descendue pour prendre la photo de son ‘’lick & chew’’ abondant. Au centre, après avoir réussi un puzzle au sol, elle lèche ++++. A droite, première fois qu’Indy voit le crocodile dans l’étang à Horseland, la propriétaire Chantal Bastien a pris cette photo qu’elle dit précieuse car Indy est détendue, je n’ai même pas les mains sur les rênes.
7) OREILLES
L’expression le dit bien ‘’oreilles dans le crin’’ soit aplaties vers l’arrière : c’est un excellent indicateur de leur humeur.
Tout comme les oreilles du cheval sont pointées dans la direction où il regarde.
Photos : Au Horse Lovers weekend Indy a les oreilles et le regard fixé sur une calèche. En randonnée, en traversant le lac Indy a les oreilles pointées sur le côté car le cheval de ma copine n’est pas habitué à l’eau et il est un peu inquiet. Indy lui dicte où se placer à ses côtés et de ne pas la devancer.
8) LA QUEUE
La queue sera lâche et se balancera de côté à côté et quand elle est immobile elle devrait être droite à la verticale sans donner des coups de queue.
9) MOUVEMENT et POSTURE
Que ça soit en selle, avec la longe, en liberté ou dans le pré, un des signes les plus évident d’un cheval qui n’est pas bien physiquement ou mentalement est la façon dont il se déplace.
Un cheval détendu a la tête basse et une démarche calme et relax.
Plusieurs auteurs nous rappellent que peu de cavaliers peuvent bien évaluer leur cheval quant à la boiterie et que ça prend des personnes avec expérience pour voir ces subtilités.
10) ABSENCE DE COMPORTEMENTS STÉRÉOTYPÉS
Ces comportements répétitifs sans but sont une façon que le cheval utilise pour s’évader du stress ou de l’ennui. Certes que c’est une façon pour le cheval d’indiquer qu’il n’est pas heureux de ses conditions de vie.
Tous les chevaux n’adoptent pas des comportements stéréotypés lorsque anxieux. Certains opteront pour l’agressivité et d’autres pour une introversion marquée.
L’article sur les Comportements stéréotypés suivra sous peu dans cette série sur le PARTENARIAT.
11) INTERACTIONS SOCIALES SAINES
Il est reconnu qu’un des besoins fondamentaux du cheval est d’avoir des interactions sociales avec des partenaires équins. Si on observe son cheval au pré on aime voir :
- a) Peu de comportements agressifs entre eux
Photos : Sheherazade et Aramis à la mangeoire. L’accueil d’Indy par Aramis et Poney lorsqu’on l’a introduit au troupeau. Les deux autres chevaux n’étaient pas loin.
- b) Allo toilettage
Les chevaux sont des animaux naturellement très sociaux. Ils sont programmés pour se gratter mutuellement particulièrement dans les régions difficiles d’accès voire inaccessibles pour eux tel le cou, le garrot et début du dos. Il est reconnu que ce comportement diminue de façon significative leur rythme cardiaque car cela a un effet calmant sur eux et certes allège leur niveau d’anxiété. Ce processus est accompagné d’une augmentation de l’ocytocine, une hormone de plaisir qui renforce le lien social et émotif entre les chevaux qui s’adonnent à cette pratique. Ce comportement est reconnu pour contribuer à l’harmonie dans un troupeau et confirme les liens sociaux entre les chevaux impliqués. Nous, les humains, reproduisons cette action par nos gratouilles comme le dit si bien Lyne.
Indy et Freya qui se grattent mutuellement
c) Manger près les uns des autres
Photos : Frey et Thor les fjords. Indy, Aramis, Sheherazzde et Poney à la mangeoire. Il y en avait deux mais les chevaux mangeaient très souvent ensembles.
12) POSSIBILITÉ DE SE COUCHER POUR RÉCUPÉRER
Tout comme nous, les chevaux ont besoin de sommeil. Pour eux deux types soit le sommeil léger et le sommeil profond ou paradoxal où il s’étend de tout son long. Lors du sommeil léger le cheval peut être debout ou en décubitus sternal. Nous devons donc s’assurer que le box soit suffisamment grand pour permettre le coucher et évitons à tout prix les ‘’entre deux’’.
Dans la vie de groupe il est important que les chevaux puissent s’étendre. Au paddock et même dans l’abri il y a toujours au moins un cheval qui fait la sentinelle quand les autres sont couchés. Une autre raison pourquoi la vie au paddock en solitaire n’est pas des plus souhaitable : personne pour être la sentinelle si un cheval se couche. Et justement, ce cheval se privera de se coucher.
Photos : chevaux couchés en décubitus sternal et en décubitus ventral. Sur les photos on voit les fjords sentinelles pour Indy couchée et à droite l’ombre de Sheherazade qui veille sur ses 3 congénères : Aramis, Indy et Poney.
13) COMPORTEMENT AU BOX
Le cheval qui est bien au box portera intérêt à ce qui se passe dans l’allée. Son oeil sera vif et il sera conscient de ce qui se passe dans les environs du box et même réagira au bruit. Les recherches semblent démontrer que plusieurs chevaux souffrent de dépression s’ils passent la majeure partie de leur vie, isolé au box sans pouvoir se mobiliser à leur goût et selon leurs besoins.
14) COMPORTEMENT PRE-MONTE
Lorsque vous sortez le cheval du box ou du paddock semble-t-il intéressé à vous? Vous suit-il facilement? Ou vient-il quasi de reculons? Veut-il aller dans le manège ou l’y amène-t-on quasi de reculons?
Et que dire quand vous lui présentez le montoir? Je vois régulièrement des chevaux qui ne désirent pas être montés ou du moins pas à ce moment-là.
15) PENDANT LA MONTE
Je ne suis pas instructeur; je m’abstiens donc de commenter ou de juger mais il m’apparaît clair que certains chevaux subissent des demandes trop exigeantes quand on voit :
- comportement buccal inapproprié comme mâchouiller le mors de manière excessive ou saisir ou mordiller les rênes
- refus d’avancer sans parler de ruades etc.
- tête encapuchonnée, derrière la verticale
- hochements de tête
- la queue qui bouge très fortement, qui se tient haute et rigide ou est tenue bien serrée
- allure pressée, irrégulière
- sans parler des exercices consécutifs sans périodes de repos
2 FAÇONS DE RENDRE MON CHEVAL HEUREUX
1) Passer du temps à ne rien faire ni rien demander à notre cheval. Juste d’être ensemble à l’observer dans son milieu de vie.
2) Des séances de ‘’gratte-gratte’’ pour utiliser l’expression d’Andy Booth ou de ‘’gratouilles’’ comme nous dit Lyne. Notre cheval nous démontre où ça fait du bien, souvent des endroits où il ne peut pas se gratter lui-même, tel le garrot. Quand on gratte il ne faut pas y aller doucement car les chevaux apprécient une main forte et ils nous signifient clairement où on doit gratter et avec quelle intensité.
4 FAÇONS DE RENDRE MON CHEVAL MALHEUREUX selon Jennifer Forsberg Meyer qui a publié dans la revue Horse and Rider.
1) Harceler son cheval
L’auteur nous rappelle l’importance de relâcher après une demande. Comme dit Lyne 20% de pression et 80% de relâchement ce que Chris Cox appelle le ‘’trempage’’.
L’article ‘’Connaissez-vous l’importance du ‘’trempage’’ de la série PARTENARIAT AVEC LE CHEVAL explique bien ce concept.
Laissons le temps au cheval de bien répondre à la demande et d’intégrer mentalement l’apprentissage au lieu de demander, demander et encore demander.
De même évitons de demander avec la même insistance sans avoir de réponse. J’entends souvent ‘’ back, back, back’’ et ça en prend ++++ avant que le cheval réponde. Utilisons les phases et donnons le repos après la réponse.
2) Corriger trop fortement
Si votre cheval ne se comporte pas correctement ou ne répond pas bien à votre demande, allez-y mollo pour lui demander à nouveau. Il se peut que votre demande n’ait pas été claire, que votre cheval ait de la difficulté à répondre à la demande soit à cause de la douleur, parce qu’il n’a pas les prérequis ou n’a pas compris la demande.
3) Pratiquer, pratiquer et encore pratiquer
Si votre cheval a appris quelque chose de nouveau, surtout ne pas pratiquer jusqu’à écoeurement. Vous allez affecter son mental de même que son état émotif par exagération. En plus, puisqu’on demande et redemande le cheval pense qu’il n’a pas bien répondu à la demande et on risque qu’il tente de répondre cette fois incorrectement. Il faut penser que je désire que ça soit intéressant pour mon cheval. Il est vrai que mon cheval apprend par répétition mais pas à OUTRANCE.
4) Allons plus sévère
On entend souvent ceci : Vu que j’ai de la difficulté avec certains mouvements ou comportements avec mon cheval je tente de régler le problème en utilisant un mors plus sévère, des éperons plus longs, des martingales, etc. afin de le mettre ‘’à sa place’’ .
Une dame me regardait récemment et me demandait comment je pouvais jouer avec le ballon avec Indy alors qu’elle n’avait pas de bride ou aller en randonnée rênes lâches avec un licol. Ma réponse ‘’ ce qu’il y a entre les deux oreilles de ma jument a beaucoup plus de potentiel que la force de mes deux mains. Développons un cheval confiant et nous sommes plus en sécurité’’.
Conclusion
Certes que pour que mon cheval soit heureux il nous faut parfois modifier nos façons de faire tel :
- Ralentir, ralentir et encore ralentir
- Demander moins
- -Ne rien faire parfois avec son cheval
- Passer du temps de qualité avec son cheval
- Écouter son cheval
Certes que de jouer les jeux du cavalier passager et du cheval meneur/sentinelle permettent à mon cheval de me montrer ce qu’il aime faire, où il préfère aller. L’article du blog ‘’ Le jeu du cavalier passager et du cheval meneur/sentinelle de la série RESPONSABILISER SON CHEVAL explique bien ce concept.
Note de Lyne
Un immense merci à Denyse pour ce superbe article ! 💙
Avoir un cheval heureux à nos côtés, c’est avant tout être attentif à de nombreux aspects essentiels, comme ceux évoqués ici. Il est important de comprendre que l’éducation du cheval ne doit en aucun cas être mise de côté. Bien au contraire, il s’agit de continuer à l’éduquer et à l’entraîner, mais avec bienveillance, progression et intelligence.
Un cheval bien éduqué est un cheval en sécurité, pour lui comme pour vous. Ce qui fait toute la différence, c’est la manière dont on s’y prend. Chaque propriétaire devrait s’assurer d’avoir les connaissances nécessaires, un programme d’entraînement adapté et un accompagnement par un enseignant qualifié partageant la même philosophie, pour progresser en harmonie avec son cheval.
Rappelons-nous toujours qu’avoir un cheval, c’est aussi une grande responsabilité : celle de bien s’en occuper, de l’éduquer avec justesse et d’être présent pour lui au quotidien. 💛🐴
J’aimerais partager avec vous une recherche très intéressante et qui complète très bien cet article, la voici :
Dans “The Horse-Human Heart Connection – Cheval conscient, chef conscient” par Ellen Kaye Gehrke, Ph.D. et le Dr Rollin McCraty, la recherche explore le lien émotionnel entre les chevaux et les humains en utilisant des mesures de variabilité de la fréquence cardiaque (VRH).
L’étude a révélé que les chevaux et les humains peuvent synchroniser leurs rythmes cardiaques pendant les interactions, surtout lorsque les humains expriment des émotions positives.
Cette cohérence cardiaque conduit à un meilleur bien-être émotionnel et à une réduction du stress pour les deux parties.
La recherche montre que les chevaux sont très sensibles aux émotions humaines et peuvent les refléter, créant ainsi une connexion unique et puissante. Les émotions positives comme la joie et la gratitude produisent des rythmes cardiaques cohérents, tandis que les émotions négatives entraînent des schémas incohérents.
On pense que cette synchronisation se produit par des champs électromagnétiques et des communications non verbales.
Dans l’ensemble, l’étude soutient l’idée que passer du temps avec les chevaux peut favoriser la cohérence émotionnelle et renforcer le lien émotionnel et la connexion entre les humains et les chevaux.
C’est un cadeau et un privilège de les voir marcher à nos côtés.
Passionnément cheval 🤠🐎❤️