L’importance du “Lick & Chew” et le pourquoi!

STRATÉGIES pour développer le PARTENARIAT et la COMPLICITÉ avec votre CHEVAL

Être connecté, c’est la clé!

L’importance du “Lick & Chew”, quelle est son utilité ?

Note de Lyne

Le cheval mâchouille pour plusieurs raisons, dont la première est de satisfaire son besoin naturel de manger et de faire fonctionner son système digestif.

En effet, les chevaux sont des animaux herbivores qui passent la plupart de leur temps à brouter de l’herbe ou du foin. En mâchant, le cheval produit de la salive qui aide à lubrifier sa nourriture avant qu’elle ne descende dans son estomac. Il faut se rappeler que le cheval est détendu lorsqu’il broute (mange), il se sent en confiance.

De plus, mâchouiller permet également à celui-ci de réguler son stress et son anxiété. En mâchouillant, il libère de l’énergie nerveuse accumulée en passant du sympathique au parasympathique et se calme.

En fait, le machouillement est donc un comportement naturel et bénéfique pour le bien-être et la santé du cheval.

Le léchage des lèvres (lick) est lorsque le cheval sort sa langue entre ses lèvres et la rentre immédiatement dans sa bouche. C’est un signe très visible.

Pas de léchage sans salivation!

Nous allons dans cet article vous expliquer en partie ce qu’est le système sympathique et parasympathique et son rôle dans la salivation. J’ai une vidéo complète sur le sujet lors d’une conférence Zoom que j’ai donné en 2021.

Denyse vous raconte l’histoire de Jack (un fait vécu et très intéressant) et elle vous apporte des faits sur l’importance du machouillement et du léchage (lick & Chew).

Bonne lecture !


 

 


Pourquoi le cheval mâchouille?

Comme je dis souvent, c’est la question à 1,000$ ou Euro. Qu’est-ce que ça veut bien dire quand mon cheval “mâchouille”?

Il semble assez bien accepté dans le monde équestre que c’est un signe de relaxation, de détente que le cheval démontre suite à un effort physique ou mental ou un déclencheur d’inquiétude tel un nouvel apprentissage ce qui crée toujours un élément de stress parfois léger mais quand même présent. J’ai constaté à plusieurs reprises que ma jument Indy a tendance à lécher ses lèvres quand elle est fière d’elle-même quoique je sais fort bien que les chevaux n’ont pas ce sentiment de fierté, mais elle est contente. Elle aime avoir des responsabilités. Comme me disent des Horsemen “tu as acheté un cheval de ranch d’une lignée habituée au travail avec les vaches, Indy aime avoir un travail à faire”.

Il est aussi reconnu que le cheval s’exprime beaucoup par la bouche. On n’a qu’à voir les chevaux qui ont des comportements de défense et d’agressivité comment leur bouche démontre un niveau de stress élevé en étant contracté.

Depuis que je suis revenue de la Colombie Britannique avec Indy, la propriétaire de l’écurie me dit toujours

“Indy est comme un lézard, elle lèche et mâchouille en ++++++++

Et moi de lui répondre depuis des années: “ce n’est pas la jument, c’est le programme”.

L’histoire de Jack

La propriétaire de l’écurie, où je suis depuis 25 ans, s’est fait offrir l’an dernier un Quarter Horse de compétition de barils qui a largement gagné au Canada et USA.  Jack âgé de 10 ans a été mis à la retraite avant, comme disait son vétérinaire, “qu’il ne brise’’ si je peux dire.

Lorsque Jack arrive à l’écurie, elle me dit  “toi tu feras le travail à pied et moi je vais le monter”

Alors me voilà avec ce superbe cheval, pas des plus confiants. J’ai réalisé qu’il n’avait probablement jamais eu la chance de ne rien faire avec son humain.  Toujours bien traité, bien nourri et les soins nec plus ultra, sa relation avec son humain était axée sur le travail; il était récompensé pour la vitesse. Tout était fait vite : le pansage, les exercices, la mise au box : rien de lent et de relaxant.

Mon premier but fut centré sur deux éléments :

  • la relaxation
  • et que le manège soit perçu comme un “sweet spot”  et non une zone de travail et qu’il soit à l’aise quand il est monté afin de respecter le concept confort/effort, inconfort/pas d’effort.

Tout un défi! Nous sommes allés au centre du manège pour ne pas déranger. J’ai attendu, debout à ses côtés, à ne rien faire. J’ai attendu, attendu et encore attendu en lui demandant avec le toucher de la main de baisser sa tête afin de stimuler la sécrétion d’endorphine. A cette époque, il n’avait pas une bonne réponse à la cession à la pression donc le toucher de la main était plus efficace. Plusieurs essais, mais pas de “léchage”.

Je comptais toujours les minutes et dans notre journal de bord le nombre de fois que j’ai attendu debout à ses côtés. Puis la 5e fois (oui, la 5e fois) où je l’ai amené dans le manège, debout à ses côtés à ne rien lui demander, qu’à regarder ce qui se passait, 23 minutes plus tard Jack s’est mis à mâchouiller et à lécher ses lèvres.

Je suis restée un peu plus longtemps, toujours debout à ses côtés à ne rien lui demander et je l’ai remis au paddock. Certes que si ça avait été une professionnelle les résultats seraient arrivés plus vite; j’ai pris mon temps et ça a donnée les résultats escomptés.

 

 

Quand sa propriétaire me rencontrait, elle me demandait

Qu’as-tu fait avec Jack?

Rien”  je lui répondais.

Elle a finalement compris que de ne rien faire c’est actuellement faire quelque chose. Cela prend de la patience d’attendre et de laisser le temps au cheval de regarder, d’évaluer, de penser et de se détendre. Ce cheval a toujours été dans le manège pour travailler. Non seulement travailler mais presque toujours à pleine vitesse. Je peux présumer que probablement il n’a jamais eu le temps juste de regarder, de voir ce qui s’y passait autour de lui. Comme je disais à sa propriétaire lors de ses courses de barils, Jack n’a jamais eu le temps de voir les personnes dans les estrades. Tout le contraire d’Indy qui regarde le public et demande aux gens dans les estrades de l’applaudir quand elle fait des démos.

Le travail à pied avec Jack s’est poursuivi sur plusieurs semaines pour arriver à ce que lorsque nous entrons dans le manège, il évalue rapidement la situation, me regarde, baisse la tête puis mâchouille.

Je comptais les minutes, soit 22, 25, 18, 26, 23, 19, 24 puis cela a diminué à 15, 12, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il mâchouille rapidement une fois la situation évaluée dans le manège.

Lorsque Jack a commencé à être détendu, tête basse et qu’il mâchouille, j’ai débuté le travail à pied en lui demandant des éléments simples, comme d’accepter d’être touché et caressé sans qu’il menace de me mordre ou même de lever un membre arrière : c’est le “friendly game” de Pat Parelli. Je ne suis pas experte ni entraîneur mais nous avons réussi à ce qu’il apprécie le toucher partout sur son corps avec douceur ce qui a permis d’avoir du “lick & chew”. Il m’a même montré où il préférait être caressé soit sous le menton et souvent il jouait tout en douceur avec mes cheveux ou mon bonnet sans l’enlever. Enfin!

 

 

Puis ce fut le céder à la pression par le toucher. Toujours les principes confort/effort, inconfort/pas d’effort et association au positif (vous trouverez des articles complets sur ces sujets en cliquant ici). Il fallait qu’il perçoive le manège comme un endroit agréable et sécuritaire et non un endroit où il était centré sur sa “survie”. Je ne suis pas experte, ni entraîneur mais je suis PATIENTE et cela a porté fruit.

Quand il y avait des chevaux qu’il n’avait jamais vu (42 chevaux sur la propriété) dans le manège, tout de suite il s’en apercevait et ça lui prenait plus de temps avant de mâchouiller et ce même après quelques mois chez nous. Puis quand une cavalière avait une leçon de saut, oh! boy, il pensait bien mourir. J’ai commencé à le mettre face au saut puis à s’y approcher. Lorsqu’il a été plus à l’aise, ce fut le corps parallèle au saut puis plus tard la queue. Je n’ai pas progressé dans ces mouvements tant que Jack ne léchait pas abondamment.

Sa propriétaire a constaté la différence quand elle le montait tôt le matin avant de commencer sa journée de cours. Cela a pris plusieurs mois avant qu’il se sente en confiance s’il y avait d’autres chevaux. Il est maintenant détendu, se sent en sécurité dans le manège et peut même faire la sentinelle pour un autre cheval stressé. Jack peut se stationner dans le fond du manège, là où se cachent les monstres pendant que sa propriétaire est assise sur lui pour donner un cours. Il est calme et se lèche beaucoup les lèvres.

Que veut dire le machouillement et le léchage?

Le consensus semble se faire autour du fait que c’est lorsque le cheval est bien détendu et selon certains que le cheval a traité une information ou a répondu à une demande ou soulagé d’une douleur, d’une peur ou d’un sentiment de menace. C’est le passage du système nerveux sympathique au parasympathique qui encourage la relaxation. Les chercheurs en neuro-science comparent le système sympathique à la pédale à gaz alors que le système parasympathique est la pédale à freins ( Dr Jaak Panksepp).

Il est important de se rappeler que toute activité du système sympathique n’est pas du tout néfaste pour notre cheval. Il est important de se rappeler que tout effort physique n’est pas stressant en soi. Par exemple, quand votre cheval trotte bien à l’aise en randonnée et qu’il ne se sent pas du tout menacé ni sur le qui-vive, c’est une sensation de bien-être. La pédale à gaz est à “ON” mais le cheval n’est pas inquiet : c’est le cas du “go” est égal au “whoa”. Tout comme lorsqu’on voit les chevaux jouer dans le troupeau.

Certes que ce processus est étroitement lié au système nerveux parasympathique lequel est contrôlé par l’hypothalamus. C’est une fonction du système nerveux autonome qui traite des fonctions automatiques du corps lorsque celui-ci est détendu. A l’opposé de réactions du système nerveux sympathique lequel régit les fonctions telles le “fight and flight”, soit la FIGHT (défense) et la fuite.

Alors les systèmes nerveux sympathiques et parasympathiques agissent différemment sur le corps soit en stimulant ou relaxant les divers systèmes. Lorsque le système sympathique domine, le cheval ne peut pas saliver. Puis quand le système parasympathique prend le dessus, la salivation est stimulée ce qui entraîne le léchage et le cheval mâchouille. Ceci ne veut pas dire qu’un cheval détendu mâchouille tout le temps mais oui, quand il se détend suite à un stress ou un effort mental.  La salivation est plus abondante après un stress ce qui entraîne ce résultat car souvent le cheval un peu figé n’avale pas.

Le 6 mai 2021 j’ai fait une conférence sur zoom. Le sujet de la conférence était sur le système sympathique et parasympathique, sur le leader passif et mon approche de l’apprentissage du cheval. 

Vous pouvez la visionner à votre rythme, il y a beaucoup de contenu. Vous pouvez aussi l’écouter sans nécessairement la visionner comme un podcast.

Abonnez-vous à ma chaîne YouTube pour regarder et recevoir mes vidéos en cliquant ici


 


Plusieurs auteurs attribuent ces réactions à une baisse de pression quand le cheval a dû penser pour résoudre un problème quelconque où qu’il a été inquiet, confus ou parfois même en douleur. Un exemple : 

  1. On met de la pression sur le cheval
  2. Il y a une période de concentration
  3. Puis le cheval répond à cette demande 
  4. Le leader cesse la pression par le relâchement car le cheval a trouvé un début de solution
  5. L’apprentissage se fait au niveau de l’hippocampe 
  6. La stimulation de l’hippocampe encourage la sécrétion d’endorphine – (www.community.equisearch.com/blogs/floridahorseman/default.aspx)
  7. L’endorphine stimule le système parasympathique et permet la détente
  8. La salivation va s’ensuivre
  9. Cette salivation encourage le léchage et le cheval mâchouille.

Est-ce que ça veut dire que le cheval a appris quelque chose quand il lèche et mâchouille. Pas toujours. S’il a appris quelque chose de nouveau ou s’il a eu un peu d’inquiétude et qu’il y a détente après, cela amène la relaxation et c’est la détente qui incite le cheval à lécher et mâchouiller. C’est à ce moment qu’il peut penser.

Les chevaux ne se détendent pas parce qu’ils ont appris quelque chose de nouveau mais ils apprennent plus facilement quand ils ont le système parasympathique en action. Une notion importante pour les entraîneurs et les cavaliers.

Il est reconnu que l’utilisation de la force lorsqu’on entraîne un cheval cause du stress et inhibe par le fait même le processus d’apprentissage. Pas besoin d’un doctorat en éthologie pour savoir ça.

Il y a un lien étroit entre le cerveau et la bouche et comment la salivation intervient lorsque le système parasympathique prend le dessus. La réputée Linda Tellington-Jones a bien démontré par son travail avec les chevaux que lorsque la tension sur la bouche était diminuée, les chevaux parvenaient plus à se détendre et à mieux travailler. Elle manipule beaucoup la bouche autant les lèvres qu’à l’intérieur afin de stimuler les glandes salivaires lesquelles stimulent le système nerveux parasympathique qui aura comme effet de calmer le cheval.

Daniel Goleman dans ses recherches a démontré que lorsque les émotions sont au plus bas ça ouvre la porte à l’apprentissage. Il a parlé de l’importance de bons soins dentaires afin de ne pas inhiber ce processus.

En conclusion

Soyez attentif aux raisons du machouillement et du léchage. Quand et pourquoi le cheval se lèche les lèvres? Cela vous donnera beaucoup d’indication sur ce que le cheval vient de vivre suite à une baisse de pression ou à une relaxation.

Bonne observation !

Lyne


Pour plus d’informations sur mes 2 programmes d’entraînement en ligne COMPLICITÉ À PIED , cliquez sur les images!


Denyse Rousselet

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet, cavalière du Québec depuis 35 ans, a eu l’immense privilège depuis une douzaine d’années de voyager à la rencontre de nombreux horsemen/horsewomen fort reconnus pour leurs compétences en horsemanship tout en étant aussi réputés pour leurs performances exceptionnelles avec leurs chevaux. Plusieurs stages en France, Italie, Costa Rica, USA, Ontario et Colombie Britannique totalisant environ un an, lui ont inculqué des notions, concepts et stratégies pas fréquemment enseignés dans nos milieux équestres. Ce cheminement a amené Denyse à être reconnue par ses conférences et cliniques sur le développement d’un bon cheval de randonnée ainsi que des diverses stratégies afin de développer un cheval confiant, sécuritaire et bon partenaire.

Je m’appelle Lyne Laforme

Entraîneure et coach professionnelle en éducation

Lyne Laforme - Coach éducation cheval

 Depuis 1980, j’aide les cavalières et cavaliers à entraîner leurs chevaux pour établir une relation harmonieuse avec leur cheval et à devenir le centre de son univers.

Je suis aussi l’auteure du “Manuel d’équitation Western – Un plaisir partagé” vendu à plus de 10 000 exemplaires et disponible sur Amazon.

En 2013, j’ai reçu la médaille du Jubilé de la Reine Élisabeth II pour ma contribution significative apportée au développement des programmes d’enseignement et d’entraînement en sport équestre au Canada et en Europe.

Aujourd’hui, je veux transmettre les connaissances que j’ai acquises avec l’expérience et les centaines de cavalières et cavaliers que j’ai pu rencontrer.