Comment les chevaux apprennent-ils?

Comment les chevaux apprennent-ils?

 

Avant d’entamer la discussion sur l’apprentissage chez le cheval ce qui suppose que l’humain/leader est l’éducateur, il ne faut pas oublier qu’il est fort important de bien “lire” notre cheval de même que l’écouter car il a des choses à nous dire. Les textes dans la série Partenariat font part de cet important concept.

L’humain ne sait pas tout!

Toutefois, il appartient au leader humain de bien éduquer son cheval : c’est lui rendre un grand service pour ses rapports ultérieurs avec nous.

Note de Lyne

Le mot leader est très souvent controversé car pour moi il n’est pas interprété correctement .  Le mot “leader” n’a rien à voir avec le fait que l’humain est le chef, l’alpha du cheval mais plutôt un partenaire qui l’aide à développer ses habiletés .  L’humain en tant que leader doit avoir les compétences et les connaissances pour bien éduquer son cheval.

Voici la définition du mot leader : un leader est une personne qui dirige, influence et motive en utilisant ses compétences personnelles pour atteindre des objectifs. 

Dans cet article, vous allez découvrir comment le cheval apprend, de cette façon vous comprendrez mieux ce que le cheval vous dit lorsque vous voulez communiquer avec lui. L’échange n’en sera que améliorer !

L’article 6 VOTRE CHEVAL EST-IL DÉTENDU? dans la série BÂTIR LA CONFIANCE décrit en détail les signes d’un cheval inquiet vs un cheval détendu. Nous savons pertinemment qu’un cheval tout comme un humain inquiet n’est pas en mode “apprentissage” Le cheval étant une proie a déjà tendance à l’inquiétude plus que l’humain prédateur.

Le cerveau du cheval vs cerveau humain

Le ratio poids du cerveau versus poids du corps est de 1/50 pour l’humain et 1/650 pour le cheval. Sachant que la masse cérébrale est en lien direct avec les habilités cognitives on peut comprendre que le cheval soit fort différent de l’humain à plusieurs points de vue dont l’apprentissage. Malgré la petitesse de leur cerveau, les chevaux ont un cortex cérébral très développé ce qui les rend particulièrement doués au niveau de la mémoire. Ils sont dotés d’une habileté surprenante de se rappeler des parcours de dressage ou de sauts par exemple de même que des humains et des chevaux déjà rencontrés/connus.

L’humain a un cerveau développé pour le langage, les habiletés de motricité fine entre autres alors que le cheval a une habileté marquée pour analyser son environnement et interpréter le langage corporel.

Leur cervelet est très gros en proportion à la grosseur de leur cerveau ce qui les rend très habiles aux niveaux psychomoteur, coordination motrice et proprioceptive des capacités fort utiles quand il est temps de déguerpir lorsqu’un prédateur se pointe à l’horizon. L’article ‘’ PARTENARIAT PROIE/PRÉDATEUR EST-CE POSSIBLE?’’ 3e de la série PARTENARIAT décrit bien les différences entre humain et cheval au niveau des sens.

Ça sent le prédateur au Cardinal ranch en C-B où Indy a été élevée. Tous les chevaux adultes surveillent alors que les poulains se reposent, sans souci.

Les bulbes olfactifs sont relativement gros si on compare à l’humain; leur odorat est très développé pour sentir les prédateurs, les points d’eau et les autres troupeaux lorsqu’ils sont à l’état sauvage.  Tout comme l’étalon qui sent les juments en chaleur et ce à bonne distance.

Au niveau émotif ils sont sensibles mais ne peuvent pas percevoir des sentiments de fierté, nostalgie, compassion ou de honte mais peuvent ressentir le contentement, le bien-être, l’ennui, la peur ainsi que la colère.  Ils vivent dans le ICI et MAINTENANT quoique les événements passés ont une influence sur leur comportement car ils ont une bonne mémoire des faits passés.

Leur cerveau est centré sur la survie et la préservation de l’espèce par la procréation.

Cerveau droit et cerveau gauche

Tout comme chez l’humain, le cheval est doté d’un cerveau droit et d’un cerveau gauche. L’hémisphère gauche est responsable des processus logiques, voire analytiques alors que le cerveau droit gère les émotions et la créativité. Et oui, les éthologues nous disent que si on leur laisse la chance, les chevaux ont des capacités de créativité en ce sens qu’ils vont parfois nous déjouer en faisant autre chose que ce qui est demandé. Je me rappelle lors d’une clinique de cowboy extrême, le clinicien nous a demandé de traverser la piscine en plastique avant d’y mettre de l’eau. Voilà que ma jument Indy au lieu de traverser la petite piscine s’est emparée des bords et les a secoués assez forts. Elle a m’a déjouée et a semblé avoir du plaisir à faire ça.

La notion de bien/mal et de confort/inconfort

Les chevaux ne possèdent pas de lobe préfrontal ce qui ne leur permet pas de distinguer entre le bien et le mal. Par contre ils ont une facilité à comprendre ce qui leur fait du bien et moins bien pour ne pas dire du mal. C’est la raison pourquoi le relâchement de la pression est si efficace chez eux : ils apprécient grandement le confort apporté par la cession de la demande/pression. Ils tentent d’accéder à cet état de confort, donc répondent facilement à nos demandes.

Ils apprécient grandement la SAINTE PAIX. Les éthologues équins, tout comme Lyne, nous rappellent souvent :  20% de pression pour 80% de relâchement car c’est la période de relâchement qui leur enseigne qu’ils ont adopté le bon comportement. Chris Cox nous le cite souvent lors de ses écrits ou présentations sur l’importance du concept de TREMPAGE. L’article 13 Connaissez-vous l’importance du ‘’trempage’’ de la série sur le PARTENARIAT explique bien l’importance de ce concept.

Ils n’ont pas la notion de la négation alors il ne faut pas leur dire quoi ne pas faire ce que nous avons souvent tendance à leur dire. Tel “cesse ça, ne fais pas ça, c’est assez” s’il piétine alors qu’il est à l’attache; ça ne dit pas au cheval quel comportement qu’on veut qu’il adopte. Il est très important de lui dire quoi faire soit “met ton pied par terre” et non quoi ne pas faire (nous développerons cet élément dans nos prochains articles). 

Le leader/éducateur

Il est fort important qu’on se regarde et évalue notre rôle quand on enseigne quelque chose à notre cheval. Un bon professeur facilite l’apprentissage de son élève, écoute les signaux donnés par celui-ci et comprend ce que son cheval trouve difficile. La patience et l’écoute doivent être au rendez-vous.

‘’Le leadership ce n’est pas de prendre en charge, mais de prendre soin de ceux dont nous avons la charge’’ Lyne Laforme

Lyne nous rappelle l’importance de la patience.

Tout comme le leader réalise quand son cheval trouve cela non-stimulant car il a compris et n’a pas besoin de toute cette série de répétitions. C’est un peu comme si on demande à un enfant combien font 7 + 7 et qui suite à sa bonne réponse on lui demande à nouveau et demande à nouveau et redemande encore. Il faut faire attention de bien préserver l’intérêt de son cheval.

Il ne faut pas oublier que le leader n’agit pas seulement dans la carrière mais dans TOUT ce qu’il fait avec le cheval. L’apprentissage commence dès que l’on prend un contact visuel avec son cheval au pré ou au box.

Donnez un but à votre cheval et il vous en sera reconnaissant

Les chevaux et l’apprentissage : le pré-requis

Avant d’entamer la discussion sur l’apprentissage il faut penser au pré-requis ESSENTIEL qui est que le cheval soit disposé à apprendre, que son état d’esprit soit réceptif à apprendre. Il doit donc être détendu, calme, réceptif, intéressé mais pas trop énergique. Il doit être confiant, attentif même curieux.

Avant de commencer à travailler avec son cheval nous devons donc évaluer son état d’esprit, son désir d’être avec nous et non avec ses amis au pâturage . Les chevaux tout comme les humains ne peuvent pas apprendre s’ils sont stressés, anxieux, fatigués, non motivés ou bourrés d’un trop plein d’énergie. 

Parfois il a besoin de bouger un peu, même jouer; nous recherchons la relaxation. Car s’il est détendu au niveau émotif et mental il le sera au niveau physique. On devrait attendre le “ lick and chew “ (se lécher les lèvres et le machouillement) de même que le défoulement qui sont des pré-requis absolus pour commencer à travailler.

Les chevaux et l’apprentissage 

Les chevaux sont dotés d’une rapidité très surprenante au niveau de l’apprentissage car leur survie en dépend en ce sens qu’ils doivent apprendre vite, se rappeler de ce qu’ils ont appris et s’adapter rapidement aux diverses situations s’ils veulent survivre dans la nature dû à la proximité des prédateurs.

Cette habileté a des avantages et aussi des inconvénients car s’ils ont appris quelque chose de pas trop bon ils s’en rappellent fort bien d’où l’importance de bien éduquer son cheval dès le départ ce qui évite le long processus de rééducation.

Gabi Neurohr nous rappelle que les comportements des chevaux émanent de 3 sources :

  1. Comportements innés
  2. Comportements appris par leur éducation
  3. Comportements que l’humain a tolérés

Elle, tout comme Lyne, nous rappelle constamment que bien éduquer prend moins de temps que de rééduquer.

Stacy Westfall dit aussi que les chevaux apprennent par étapes, tout comme les humains soit débutant, intermédiaire puis avancé. Plus le cheval a appris, plus on peut rendre la tâche complexe et précise en incluant des détails et du raffinement. Il est important de comprendre ceci car ça nous évite beaucoup de frustration.

Traduction : ne le faites pas apprendre mais plutôt mettez les balises afin de lui faciliter l’apprentissage. Vous vous arrangez à ce qu’il trouve la solution. Vous lui devez de respecter sa DIGNITÉ. Quand vous avez appris à donner, incroyable ce que vous recevrez en retour.

Les avantages d’apprendre rapidement

Le cheval apprend rapidement et n’a pas besoin d’une foule de répétitions pour retenir un apprentissage. Il est reconnu que pour un humain ça prend une vingtaine de fois avant que quelque chose devienne un réflexe, une habitude, un patron. Chez le cheval on parle de 4 à 7 fois et c’est ancré dans son cerveau. La raison principale est que l’humain a la tête constamment bombardée d’une foule de choses, ce que j’appelle souvent la LISTE DES CHOSES À FAIRE… parfois d’une longueur interminable.

Cette photo que j’utilise souvent est très importante à se rappeler lorsqu’on est avec notre cheval : SOYONS ENTIÈREMENT AVEC EUX et non avec notre liste de TÂCHES À FAIRE!

Il est donc intéressant de savoir que le cheval apprend rapidement même très rapidement quand on leur montre quelque chose de nouveau. On doit par contre leur laisser le temps de l’intégrer, relâcher la pression au bon moment et adopter le langage corporel lui indiquant qu’il a adopté le bon comportement. N’oublions pas le concept de “trempage”. Laissons au cheval le temps d’intégrer l’apprentissage, laissons ça s’imprégner dans son cerveau avant de lui demander à nouveau ou de rendre la tâche plus complexe. 

Lyne nous le rappelle bien dans cette phrase.

‘’Laisser au cheval le temps de digérer mentalement l’exercice en le récompensant pour l’effort fourni, en lui donnant un relâchement complet suite à une bonne réponse’’. Lyne Laforme

Les inconvénients d’apprendre rapidement

Le désavantage de ceci c’est qu’ils apprennent aussi rapidement ce qu’ils ne doivent pas apprendre.  De là l’importance de bien l’éduquer pour utiliser l’expression que j’apprécie particulièrement de la part de Lyne. Plus il est éduqué tôt correctement, moins il y aura de rééducation à faire.

Si on ne l’éduque pas eh bien! notre cheval aboutit avec des comportements pas des meilleurs car nous avons TOLÉRÉ au lieu d’ÉDUQUER.

Il en est de même si on répète trop souvent, le cheval trouve cela inintéressant et commence à s’inventer des subterfuges, des mauvais plis afin de garder son “mental” occupé. Il est important de garder notre cheval intéressé dans ce que nous faisons afin qu’il se centre sur cette tâche et pas autre chose de même qu’il développe un intérêt pour accomplir les tâches demandées. Nous savons pertinemment que l’entraînement d’un cheval est quand même un long processus qui se bâtit petit à petit. Il est important de le stimuler mentalement afin qu’il trouve ça à la fois intéressant et pas trop répétitif. Comme je dis souvent aux copines si on demande à notre adolescent une addition trop simple il se désintéressera car on ne respecte pas ses acquis. Il en est de même pour votre cheval.

Comment mon cheval apprend-il?

De diverses façons dont :

    imitation en imitant les autres chevaux d’expérience dans le troupeau. C’est un concept intéressant. Ma jument Indy, qui a      vécu avec plus de 125 chevaux, connaît le tabac si je peux dire. Dans l’enclos lorsqu’il se passe quelque chose, Jack qui est peu socialisé se met à côté d’Indy et semble lui demander comment se comporter. Parfois un cheval qui traverse leur enclos car il s’est échappé du sien, Jack devient inquiet et regarde Indy qui lui dit “reste à mes côtés, on va être OK”. 

    habituation : lorsqu’un stimulus potentiellement inquiétant devient complètement inoffensif ou anodin car il y a eu une exposition progressive qui ne dépassait jamais le seuil de tolérance (Laure Marandet).                              

    essai-erreur : l’adage dit que chaque erreur est un essai pour arriver à la réussite.

    répétition : attention toutefois de ne pas répéter à outrance.

    association, en autant que les stimuli ne sont pas éloignés l’un de l’autre.

      curiosité : plusieurs auteurs nous rappellent chez les jeunes chevaux entre autres de même que chez certains chevaux la CURIOSITÉ facilite leur apprentissage car ils osent explorer. De plus en plus quand on parle de DESPOOK on nous encourage à développer la curiosité chez notre cheval.

    désensibilisation : je n’aime pas tellement ce terme en ce sens que je ne veux pas que mon cheval soit désensibilisé, je tiens à PRÉSERVER SA SENSIBILITÉ mais en l’exposant avec les bonnes techniques. Habituation est une meilleure expression/technique.

Note de Lyne : Toute habituation inclus une désensibilisation à un certain degré. Le cheval a peur de la tondeuse, avec une approche progressive en s’ajustant à son inquiétude le cheval va s’habituer au bruit puis ensuite à la vibration, il va se désensibiliser à ses 2 éléments (bruit et vibration) et de par ce fait créer une habituation.

Cheval Québec, édition printemps 2023 Renforcement positif ou négatif (photos de gauche).

Une autre façon de voir les chevaux et l’apprentissage est que les chevaux apprennent soit par

renforcement positif : consiste à donner une récompense suite à un comportement convoité, une bonne réponse du cheval. La récompense doit être immédiate sinon le cheval ne peut pas faire la relation entre le bon comportement et la récompense. Elle n’est pas nécessairement une friandise mais peut être une séance de ‘’ gratouilles‘’ comme nous rappelle Lyne ou tout simplement de cesser nos activités et ne rien faire.

-renforcement négatif : consiste à enlever la pression, l’inconfort. Ce n’est pas ce qu’on donne au cheval mais plutôt qu’on le libère d’un inconfort quelconque, d’une demande donc de la pression.

renforcement positif et négatif : double renforcement. Le meilleur exemple qui me vient à l’idée ce sont les chevaux qui tirent sur leur personne pour aller brouter. Un parfait exemple de double renforcement, soit un renforcement positif car il finit par avoir le gazon qu’il recherche et un renforcement négatif car il est soulagé de la pression sur la longe. Souvent le leader ne réalise pas qu’il vient d’enseigner à son cheval de tirer contre la pression au lieu de céder. Certes que ça n’aidera pas à éduquer le cheval pour le travail à pied et la monte.

Il est important toutefois de ne pas voir renforcement positif comme quelque chose de bon et renforcement négatif comme quelque chose de pas bon. Il nous faut changer notre façon de voir.

Ces dernières années avec les développements en éthologie équine on parle de moins en moins de renforcement punitif tel que démontré dans la photo ci-haut, section de droite. Frapper le cheval qui me mord ou priver mon cheval de son grain parce qu’il frappe dans la porte du box ne sont plus considérées comme de bonnes façons d’éduquer notre cheval car ce ne sont pas de bons modes d’apprentissage. Certes que si nous voulons bannir ces comportements il y a d’autres stratégies à utiliser que la punition. 

Les chevaux ont une mémoire assez phénoménale ce qui facilite leur apprentissage

Les chevaux ont un niveau de conscience exceptionnel, ce qui signifie qu’ils peuvent comprendre les situations bien plus profondément que les autres animaux. Ils sont tellement à l’écoute qu’ils peuvent capter les émotions des autres par le biais du langage corporel, de la voix ou simplement de l’ambiance générale que vous dégagez. Depuis quelques années on a appris que les chevaux sont capables d’interpréter nos humeurs par notre expression faciale : on ne peut certes pas leur cacher comment on se sent. Ils sont très habiles à nous lire si je peux dire de même qu’à dépister les incongruences entre l’image que nous projetons et notre intérieur émotif que l’on tente de cacher.

Le texte qui suit sur les choses dont un cheval se rappelle, est tiré d’un texte dont le nom de l’auteur m’échappe. Je l’ai toutefois vu à quelques reprises. J’ai mis en italique le “verbatim’’.

Les chevaux se rappellent très bien des :

  1. LieuxLes chevaux ont une mémoire quasi photographique, ce qui signifie qu’ils peuvent très bien se souvenir des lieux où ils sont déjà allés. Cela peut être positif ou négatif, selon l’expérience qu’ils ont vécue à un endroit précis. Imaginons que votre cheval ait été témoin d’un événement très traumatisant. Il est fort probable qu’il n’oubliera jamais l’endroit ni l’événement et qu’il évitera cet endroit. Si votre cheval semble hésiter à aller quelque part, écoutez-le et aidez-lui à se détendre.

J’ai toujours trouvé intéressant que lors des soixante-dix endroits différents visités avec ma jument Indy, quand elle descend de la remorque, elle regarde et rapidement me dit  “je suis prête à avancer, on est déjà venues ici et rien n’a changé’’. Parfois elle me dit : “on est déjà venues ici mais ce n’est pas tout à fait pareil’’ ou “c’est nouveau ici, laisse-moi le temps de regarder’’.  A ce moment, elle n’avance pas aussi vite, elle regarde bien comme il faut si tout est OK avant de s’aventurer.

2. Gens 

Puisque les chevaux ont une mémoire presque photographique, il n’est pas surprenant qu’ils se souviennent des gens par leur visage. Montrez-leur la photo d’une personne qu’ils connaissent et ils y réagiront sûrement. Les chevaux peuvent même reconnaître des personnes après des années de séparation! Mais leur mémoire va bien au-delà de notre apparence générale. Les chevaux peuvent interpréter nos expressions faciales.

Dans le cadre d’études, on a montré à des chevaux des photos de personnes ayant des expressions joyeuses ou tristes. Après avoir rencontré ces individus en personne (avec des expressions neutres), les chevaux ont réagi en fonction de l’expression originale qu’ils avaient mémorisée sur les photos. Si vous rencontrez un cheval pour la première fois, vous devez donc lui faire une très bonne impression!

Marie Delambre nous parle du fait intéressant suivant : si on présente au cheval le portrait d’une personne qu’il connaît combinée à la voix d’un inconnu, le cheval s’aperçoit que les deux ne coïncident pas., qu’il y a discordance. Tout comme si on présente au cheval une photo d’une personne avec une expression faciale triste et qu’il voit la personne avec un sourire, il reconnaît qu’il y a une différence.

3. Émotions

Outre les lieux et les personnes, les chevaux ont une capacité innée à reconnaître les émotions humaines. Les chevaux ont tendance à percevoir le langage corporel, même le plus subtil, ce qui les aide à déterminer les sentiments d’une personne. Si nous nous sentons stressés, tristes ou en colère, notre apparence physique a tendance à le refléter. Il en va de même lorsque nous nous sentons heureux ou excités ! Les chevaux ne savent pas seulement reconnaître les émotions, ils se souviennent également d’une personne en fonction de la dernière émotion qu’elle a ressentie lors de leur dernière interaction. 

4. Autres chevaux

Les humains ne sont pas les seuls à pouvoir laisser une empreinte indélébile sur un cheval! Les chevaux peuvent se souvenir et reconnaître les autres chevaux de leur réseau social. Que cela fasse quelques années ou des décennies, un cheval n’oubliera pas sa relation avec un autre. S’ils ont été proches, ils le seront à nouveau. 

Une étude récente a démontré qu’après une séparation de plusieurs mois de sa mère, un poulain ira vers maman et non l’autre jument s’ils sont réunis et ce même si l’autre jument a été aussi longtemps auprès de ce jeune cheval.

Référence : Lansade, L., Lévy, F., Parias, C., Reigner, F. & Górecka-Bruzda, A. Weaned horses, especially females, still prefer their dam after five months of separation. Animal 16, 100636, doi:https://doi.org/10.1016/j.animal.2022.100636 (2022). 

Récemment alors que j’étais en randonnée avec une amie à un endroit où je n’étais jamais allée à cheval, nous marchions sur une rue paisible pour se rendre à une autre piste dans la forêt. Puis j’ai entendu un cheval appeler très fort. Tellement fort que je me suis arrêtée pour regarder ce qui se passait et là j’ai reconnu un petit Poney qui avait vécu pendant 6 ans à plein temps dans un enclos près d’Indy. Sa propriétaire, étant devenue adolescente, l’avait vendu à une famille avec un jeune garçon. Cela faisait 2 ans qu’il était parti et Timby avait reconnu Indy de loin, même si son enclos était au fond de la cour. ÉMOUVANT! Timby m’a soutiré le “moton”. Nous sommes allées le saluer et le caresser. Ce qui fut intéressant c’est que dès qu’Indy s’est approchée, son regard est devenu calme alors que lorsque nous étions au loin il était inquiet.

D’autres liens importants entre chevaux, comme celui qui unit une jument et son poulain, sont réputés durer toute une vie. Comme les chevaux se souviennent aussi des odeurs, cela peut aider une jument à reconnaître son bébé, même des années après la séparation.

5.Mots

Les chevaux sont capables de comprendre les mots bien plus profondément qu’on ne le pense, mais pas dans le sens traditionnel que nous donnons aux mots. Ils comprennent les mots en fonction du ton et de la hauteur de la voix. Les mots comportant moins de syllabes ont tendance à mieux coller aux chevaux. Ils font la différence quand quelqu’un les insulte et quand quelqu’un les complimente. Ne sous-estimez pas leur intelligence, car il y a de fortes chances qu’ils écoutent très attentivement chaque mot que vous prononcez.

Lindsey Partridge, de Harmony Horsemanship en Ontario m’a enseigné de montrer à Indy par des mots différents concepts tels que “va à droite, à gauche ou tout droit” etc. Cette année je m’amuse à épeler certaines consignes et suis surprise qu’Indy comprenne même si c’est en anglais. Tout comme quand ma copine lors d’une randonnée récemment me demandait “are you ready?” me demandant si j’étais prête pour le trot. 

Dès que j’ai répondu oui, Indy avait compris et a pris le trot. Certes que là c’est l’INTENTION qui est véhiculée par mon ‘’yes’’.

Dans le prochain article de cette série sur APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION, L’ART D’ÉTABLIR UNE CONVERSATION BILATÉRALE ENTRE L’HUMAIN ET SON CHEVAL AFIN DE FAVORISER NOTRE COMPLICITÉ, je parlerai des moyens d’établir une conversation avec notre cheval et des mots qu’on peut utiliser pour bien communiquer avec eux.

Les chevaux sont des animaux incroyablement doués, et ils doivent être traités comme tels! Avoir une idée des souvenirs que les chevaux gardent en eux pour toujours vous permettra de les comprendre et de communiquer avec eux encore plus profondément. Quelle que soit l’expérience, bonne ou mauvaise, vous pouvez être sûr que votre cheval l’a entièrement ressentie.

Faites de votre mieux pour leur donner un bon souvenir, et ils feront sûrement de même. 

L’importance de l’ancrage au niveau des apprentissages

Maintenant que nous avons regardé comment notre cheval apprend il est important de ne pas oublier l’importance du concept d’ancrage c’est-à-dire qu’à mesure où on enseigne quelque chose de nouveau on tente d’utiliser les apprentissages déjà acquis.

Un exemple serait que l’on n’enseignera pas un pas de côté tant que le cheval n’aura pas appris à céder la pression de jambe dans un pivot antérieur (les hanches étant plus légères à déplacer en début d’apprentissage) .  Ainsi on utilise les acquis pour faciliter son apprentissage.

L’impact de ces notions lorsqu’on enseigne quelque chose à notre cheval

Sachant comment le cheval apprend nous devons prendre en considération ces caractéristiques afin de promouvoir l’apprentissage. Toujours important :

  • d’y aller par étape et par phase.
  • d’y aller lentement quand on enseigne quelque chose de nouveau et plus rapidement dans les phases quand c’est un acquis.
  • de ne pas demander plus tant que l’étape actuelle n’est pas solidement acquise.
  • plus cela est long pour maîtriser une étape ou une technique, plus on y va lentement avant d’augmenter la difficulté.
  • de ne pas oublier l’importance du relâchement afin de favoriser l’assimilation  : 20% pression et 80% relâchement.
  • de ne pas aller trop vite : RALENTIR, RALENTIR, RALENTIR!
  • de respecter le concept de ‘’trempage’’.
  • de rendre ça intéressant. 

Amusez-vous à développer et éduquer votre cheval afin qu’il se sente bien respecté dans son essence et devienne un partenaire fiable, sécuritaire et bien dans sa peau!

Passionnément cheval !

 

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet, cavalière du Québec depuis 35 ans, a eu l’immense privilège depuis une douzaine d’années de voyager à la rencontre de nombreux horsemen/horsewomen fort reconnus pour leurs compétences en horsemanship tout en étant aussi réputés pour leurs performances exceptionnelles avec leurs chevaux. Plusieurs stages en France, Italie, Costa Rica, USA, Ontario et Colombie Britannique totalisant environ un an, lui ont inculqué des notions, concepts et stratégies pas fréquemment enseignés dans nos milieux équestres. Ce cheminement a amené Denyse à être reconnue par ses conférences et cliniques sur le développement d’un bon cheval de randonnée ainsi que des diverses stratégies afin de développer un cheval confiant, sécuritaire et bon partenaire.

Je m’appelle Lyne Laforme

Entraîneure et coach professionnelle en éducation

Lyne Laforme - Coach éducation cheval

 Depuis 1980, j’aide les cavalières et cavaliers à entraîner leurs chevaux pour établir une relation harmonieuse avec leur cheval et à devenir le centre de son univers.

Je suis aussi l’auteure du “Manuel d’équitation Western – Un plaisir partagé” vendu à plus de 10 000 exemplaires et disponible sur Amazon.

En 2013, j’ai reçu la médaille du Jubilé de la Reine Élisabeth II pour ma contribution significative apportée au développement des programmes d’enseignement et d’entraînement en sport équestre au Canada et en Europe.

Aujourd’hui, je veux transmettre les connaissances que j’ai acquises avec l’expérience et les centaines de cavalières et cavaliers que j’ai pu rencontrer.