Mon Cheval A Peur Dans Le Manège ? Comment Gérer!

Le travail en manège intérieur

Que devez-vous savoir sur le sujet ?

Dans cet article, nous allons aborder le travail du cheval en manège intérieur. L’hiver est à nos portes et pour beaucoup de cavaliers et cavalières, cela veut dire monter à l’intérieur pour quelques mois selon où ils résident.

Pour d’autres, cela reste une habitude car ils se sécurisent en restant à l’intérieur car ils sont inquiets des possibles réactions de leurs chevaux en extérieur. C’est vraiment triste comme situation!!!

Les fantômes dans les manèges intérieurs, vérité ou légende ?

Denyse nous fait part de son expérience. Elle nous expose les problèmes et les pistes de solution.

Dernièrement, une des cavalières de son écurie est tombée de cheval car il a pris peur. Résultat, elle a fait une commotion cérébrale.

Cet accident a inspiré Denyse à écrire cet article que je vous partage.

Pourquoi ???

Je constate et je ne suis pas la seule à vouloir un changement dans la façon d’aborder l’éducation du cheval pour plus de sécurité.

Comprendre comment le cheval apprend est la clé essentielle d’une réelle communication avec votre partenaire, le cheval.

Comment améliorer la situation !

Le tout débute par un programme de travail à pied efficace qui vous permet de travailler les 3 “C” : Confiance, Contrôle et Connexion.

Il n’y a pas de secret…

Comment voulez-vous établir une relation harmonieuse et sécuritaire si vous ne l’établissez pas à pied dans un premier temps?

Prendre quelques minutes avant de monter pour se connecter à votre cheval et lui avec vous est essentiel et bénéfique à un bon travail à cheval par la suite!

Évaluer comment il se sent ici et maintenant !

  1. Est-il dans de bonnes dispositions physiques, mentales et émotionnelles ?
  2. Est-il inquiet ?
  3. A-t-il un surplus d’énergie ?
  4. Est-il connecté à l’environnement au lieu d’être en connexion avec vous ?

Vous voulez des solutions, j’ai créé il y a un an COMPLICITÉ À PIED, 16 exercices pour développer un meilleur contrôle, une connexion bienveillante et un lien de confiance important avec le cheval !

Les 3 éléments essentiels à établir dans l’éducation de votre cheval. Cliquez ici

Mon cheval se sent-il en sécurité dans un manège intérieur !

Plusieurs cavalières me disent que leur cheval ne se sent pas très en sécurité dans le manège surtout au fond ou dans les coins où il y a divers objets dont mon gros ballon.

D’autres me disent que leur cheval s’y sent en sécurité.

Je ne suis pas toujours de l’avis de ces dernières car ce sont des chevaux qui ont la tête haute, souvent l’encolure inversée et qui sont micro-gérés par les rênes surtout quand ils sont au fond du manège.

Et que dire de celles qui ne montent que dans la première moitié du manège.

De plus ces cavalières ne débutent pas leur séance, rênes lâches et encolure détendue.

Ce résultat se produit surtout à la fin de la séance quand le cheval est fatigué, probablement dû au fait qu’il a été micro-géré tout le temps et avec peu de périodes de repos en rênes longues car les cavalières ne leur font pas toujours confiance.

Pourquoi ça ne marche pas ?

L’entraîneur utilise ma jument comme “support” si je peux dire. Elle met Indy en liberté dans le manège afin que le cheval de son étudiante soit calme et plus facile à monter.

Ouf! Évidemment, j’ai dit “oui” quand elle m’a demandé si Indy ferait ça. Lorsque Indy est dans le manège, elle s’y repose et même que parfois elle se couche.

Son instructeur est la propriétaire de l’écurie et ma jument est le seul cheval sur les 45 chevaux qui vit avec ses chevaux au pâturage.

Depuis plus de 20 ans, j’ai le privilège d’utiliser ses 3 chevaux à ma guise.

Il est clair que après 2 ans à l’écurie, les moyens pour changer la situation n’ont pas été pris afin que ce cheval s’y sente en sécurité.

Comme nous le rappellent les “Horsemen-women” rencontrés dans mon parcours “si les stratégies utilisées à date ne donnent pas de résultats escomptés, il faudrait penser à changer de stratégie”

Très souvent, nous ne sommes pas prophète dans notre milieu…

Si vous remarquez sur la photo, Indy est allée se placer d’elle-même à l’endroit où Rafik est le plus inquiet.

Quand il est sur un cercle à main gauche et que son œil droit voit le fond du manège il est plus inquiet que lorsqu’elle est en cercle à main droite et que c’est l’œil gauche qui voit le fond du manège.

Lorsqu’elle m’a envoyé la photo j’ai réalisé qu’Indy sentait où son cheval était le plus stressé et a adressé elle-même le problème en se plaçant au meilleur endroit et même s’y couchant.

Êtes-vous présent(e) avec votre cheval ?

Pour moi, le travail à pied est essentiel non seulement pour bien éduquer son cheval mais pour le développer au niveau mental et émotif afin qu’il se sente bien sans être inquiet tout le temps.

Dans mon milieu, les cavalières franchissent la porte du manège et vont tout de suite au montoir. Elles ne sont pas connectées à leurs chevaux mais plutôt à l’instructeur ou aux copines ; ça discute sans trop d’égard à leur partenaire équin.

Même avec mes chevaux qui se sentent bien dans le manège, je vais toujours à l’écart et travaille un peu à pied afin de voir si mon cheval est calme et bien connecté à moi. Nous ne sommes que quelques-unes à faire cela à mon écurie .

Les gens ne réalisent pas l’importance du travail à pied, ils croient tout simplement que nos chevaux sont naturellement calmes.

Il ne faut pas oublier que lorsque les chevaux sont travaillés au trot et au galop près des endroits inquiétants, ils n’y demeurent pas longtemps car nous utilisons l’approche-retrait.

Ouf! l’endroit est déjà passé. Tout à fait différent si on demande au cheval de passer lentement voire de s’y arrêter.

Six concepts sont à considérer

L’exercice suivant est excellent pour évaluer comment se sent mon cheval dans le manège ou ailleurs.

Six concepts sont à considérer :

1- Différentes parties du corps. On commence toujours par le nez, puis la cage thoracique et finalement la queue.

On ne demande pas plus tant que le cheval n’est très à l’aise d’y mettre le nez, lorsque bien détendu, on lui demandera de se placer latéralement (cage thoracique parallèle).

Et surtout, ne pas présenter la queue (les postérieurs) tant qu’il n’est pas détendu parallèlement.

Il est important de ne pas oublier que contrairement à nous bâtis en hauteur, les chevaux sont bâtis en longueur.

La queue est loin de la tête ce qui les rend facilement inquiets de choses derrière eux.

Un cheval détendu a la tête basse et l’encolure plus basse ou au moins à la hauteur du garrot.

Sur cette photo, on remarque que Indy agit comme co-sentinelle. Elle est légèrement en avant de Denyse. La jument est attentive où elle dépose ses pieds. Le travail des obstacles à pied est un excellent élément de mise en confiance avec lui-même. Il apprend à gérer ses émotions et à réfléchir au lieu de se sauver. C’est pourquoi vous devez occuper mentalement votre cheval lorsqu’il est inquiet pour le ramener en connexion sur vous et d’avoir un meilleur contrôle.

 

2- Différents endroits dans le manège sachant fort bien que l’entrée est un “sweet spot’’ et que dans le fond du manège se cache souvent, un “monstre”.

On débute dans sa région de confort pour aller graduellement vers le fond du manège.

Le résultat voulu est que le cheval soit à l’aise de reculer et d’aller mettre ses postérieurs sur le mur du fond du manège.

L’article 4 de la série BÂTIR LA CONFIANCE traite du Sweet spot.

Rebecca a évalué si Timber était confiant dans différentes parties du manège en commençant par la tête, puis la cage thoracique du cheval finalement lui demander d’approcher ses postérieurs du mur à divers endroits.

Elle a commencé par la zone de confort pour graduellement se diriger vers le fond du manège (zone dangereuse) en appliquant le concept approche/retrait/ré-approche.

Sur la photo, Timber a les postérieurs à la lettre A qui est sur le mur au fond du manège. Timber est en liberté et Rebecca n’utilise plus son “stick” seulement son langage corporel accompagné de la demande verbale de reculer.

Timber a la nuque légèrement plus haute que le garrot mais très peu. Il est détendu.

Rebecca l’a félicité et a cessé de demander une fois qu’il a réussi : c’est le RELÂCHEMENT, soit un renforcement négatif (enlevé la pression) fort important dans l’apprentissage d’un cheval.

Fait intéressant, lorsqu’ils sont retournés pour jouer dans le manège, Timber est allé de lui-même se mettre les postérieurs au fond du manège alors que Rebecca discutait avec sa mère; elle ne lui avait rien demandé. Cet endroit est devenu une zone de confort pour lui !

3. Il ne faut pas oublier le concept approche/retrait/approche en ce sens que si le cheval devient inquiet on revient à une étape antérieure soit de demander une partie du corps plus facile ou de se rapprocher du ‘’sweet spot’’.

Toujours penser que suite à un retrait je dois me rapprocher de l’endroit, ne serait-ce que très peu afin de ne pas enseigner à mon cheval que s’il est inquiet on se retire.

Les articles 111213 de la série BÂTIR LA CONFIANCE traitent de différentes stratégies d’approche/retrait/approche.

Le cheval est inquiet donc deux choix : soit d’allonger et rapprocher les lignes ou revenir à un endroit moins inquiétant (flèches violettes).

 

cheval confiant – ligne verte, cheval assez confiant – ligne jaune, cheval inquiet – rouge, les lignes sont longues et rapprochées de sorte qu’on A COMPLETER

 

Très important : On doit par contre retourner vers l’objet ou l’endroit inquiétant ne serait-ce que très peu afin de consolider notre approche, l’arrêter juste avant la zone d’inquiétude (éviter la fuite), récompenser en le gardant à l’arrêt.

Si cheval est très inquiet on revient au “sweet spot” et on travaille un exercice. Principe confort/effort.

Lors de nos approches/retraits, il ne faut pas oublier le concept “œil droit – œil gauche” sachant que l’œil droit est un œil plus inquiet. On commence donc toujours par exposer l’œil gauche à ce qui est inquiétant avant l’œil droit.

4. De plus, l’humain agit comme sentinelle puis c’est au tour du cheval d’être la sentinelle. Tant qu’on n’a pas un cheval détendu on ne demande pas plus au cheval. Il n’est pas en mode apprentissage lorsqu’il est inquiet.

L’article 3 : LA SENTINELLE de la série BÂTIR LA CONFIANCE décrit bien ce concept.

5. Quand on travaille on pense au concept confort/effort c’est-à-dire, pas d’effort si le cheval n’est pas dans sa zone de confort.

[Confort/effort], inconfort/pas d’effort dans la série BÂTIR LA CONFIANCE décrit en détail ce concept.

6. La relaxation. On ne demande pas plus au cheval tant qu’il ne se sent pas détendu à l’endroit où vous lui demandez de se placer.

“Un cheval ne peut pas se concentrer sur son travail tant qu’il n’est pas détendu”.

La Relaxation de la série BÂTIR LA CONFIANCE décrit très en détail les manifestations de la relaxation chez un cheval.

Plus c’est long à obtenir la relaxation, plus on avance tranquillement dans nos exigences. Nous, humains, voulons aller trop rapidement et nous augmentons trop rapidement les demandes.

Mettre différentes parties du corps près des murs du manège

Maintenant que nous avons les concepts il est le temps de demander à notre cheval de mettre différentes parties de son corps près des murs du manège et de passer dans les différentes zones.

On commence par demander au cheval d’aller dans la direction voulue et de s’approcher avec son nez.

Le patron “touches-y” est excellent pour ça.

Une fois que le cheval est détendu et confortable d’y toucher avec son nez, on peut penser à lui demander qu’il se mette parallèle donc que la cage thoracique soit près de l’endroit convoité.

Il est fort intéressant de constater que plusieurs chevaux auront les membres avant sur la piste et les membres arrière à l’intérieur de la piste car ils hésitent encore à mettre leurs postérieurs près du mur.

Lorsque le cheval est confortable d’être parallèle et près du mur des 2 côtés, on peut penser à approcher les postérieurs (queue) près du mur pour éventuellement le toucher.

Toutefois il faut s’assurer que le cheval est bien détendu.

Il ne faut pas oublier que le cheval a la queue presqu’à 1 1/2 mètres derrière la tête, un facteur loin d’être négligeable.

Rappelez-vous : Les chevaux sont bâtis en longueur alors que nous sommes bâtis en hauteur.

Différentes sections du manège

Maintenant lorsque l’on réfléchit au manège, il faut penser aux différentes zones en terme de zones de confort.

La porte d’entrée étant la zone ressentie comme la plus sécuritaire. C’est le “sweet spot”.

Sweet Spot de la série BÂTIR LA CONFIANCE développe ce concept en détail.

Nous devons donc commencer notre exercice près de la porte et graduellement aller vers la zone mitoyenne.

On ne va pas au fond du manège tant que le cheval n’est pas détendu dans la zone de confort ou mitoyenne.

Quand les chevaux sont montés, puisqu’ils bougent, souvent leur inquiétude est moins notable lorsqu’ils sont loin de la porte d’entrée. Par contre, ces chevaux ont parfois de la difficulté à faire un arrêt dans la zone du fond (zone d’inconfort).

Cet exercice d’arrêter le cheval au fond du manège est très révélateur de comment se sent le cheval dans cette partie.

Lorsque le cheval démontre une inquiétude peu importe où vous êtes, ces concepts doivent être appliqués comme par exemple les zigzags qui sont très efficaces pour rassurer le cheval.

Le cheval doit faire des patrons comme par exemple des cercles, des carrés , des figures 8, des arrêts, des transitions à l’endroit où il se sent confortable car il pourra se concentrer sur ce qu’il fait.

  1. lorsqu’il est détendu, vous l’approchez de la zone d’inquiétude sans lui demander de travail (approche)
  2. vous retournez à l’endroit confortable (retrait)
  3. vous le faites travailler sur les exercices ci-haut mentionnés
  4. vous le faites marcher à nouveau en direction de la zone d’inquiétude et ainsi de suite
  5. ne pas lui demander autre chose que de marcher lorsque vous vous dirigez vers la zone d’inquiétude
  6. arrêtez-le lorsque vous le sentez inquiet
  7. laissez-le apprivoiser en regardant
  8. retourner au point de départ et reprenez le travail des exercices.

Ce qui est expliqué ci-haut doit être fait partout où vous sentez que votre cheval est inquiet que ce soit chez vous à l’intérieur, à l’extérieur ou sur un autre site.

C’est pourquoi il est si important de connaître et instaurer les stratégies pour développer la confiance de votre cheval à pied et ensuite à cheval avec, entre autres, les techniques de patrons (voir l’article sur cercles, figure 8, carrés, etc…), l’approche/retrait/approche, de même que le concept de la sentinelle.

À vous maintenant d’aller travailler judicieusement avec votre cheval !

Passionnément cheval 🐎❤️
Lyne Laforme xxx 🤠

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet, cavalière du Québec depuis 35 ans, a eu l’immense privilège depuis une douzaine d’années de voyager à la rencontre de nombreux horsemen/horsewomen fort reconnus pour leurs compétences en horsemanship tout en étant aussi réputés pour leurs performances exceptionnelles avec leurs chevaux. Plusieurs stages en France, Italie, Costa Rica, USA, Ontario et Colombie Britannique totalisant environ un an, lui ont inculqué des notions, concepts et stratégies pas fréquemment enseignés dans nos milieux équestres. Ce cheminement a amené Denyse à être reconnue par ses conférences et cliniques sur le développement d’un bon cheval de randonnée ainsi que des diverses stratégies afin de développer un cheval confiant, sécuritaire et bon partenaire.

Je m’appelle Lyne Laforme

Entraîneure et coach professionnelle en éducation

Lyne Laforme - Coach éducation cheval

 Depuis 1980, j’aide les cavalières et cavaliers à entraîner leurs chevaux pour établir une relation harmonieuse avec leur cheval et à devenir le centre de son univers.

Je suis aussi l’auteure du “Manuel d’équitation Western – Un plaisir partagé” vendu à plus de 10 000 exemplaires et disponible sur Amazon.

En 2013, j’ai reçu la médaille du Jubilé de la Reine Élisabeth II pour ma contribution significative apportée au développement des programmes d’enseignement et d’entraînement en sport équestre au Canada et en Europe.

Aujourd’hui, je veux transmettre les connaissances que j’ai acquises avec l’expérience et les centaines de cavalières et cavaliers que j’ai pu rencontrer.