Comment les patrons aident votre cheval ?

Mot de Lyne

Depuis plus de 45 ans j’enseigne à mes élèves à effectuer des patrons, à utiliser des cônes afin de se donner un visuel, un objectif de direction. Cela permet d’affiner ses aides, d’être plus sensible à la position du cheval. D’ajouter des barres au sol afin que le cheval porte attention où il met ses pieds.

D’effectuer des exercices pour développer la coordination, la souplesse de même que lui donner des challenges. Lorsque bien dosés, les exercices améliorent la confiance de votre cheval.

Denise décrit en profondeur avec beaucoup de justesse et de détails, cette étape importante de l’entrainement du cheval afin de créer une relation harmonieuse.

Je vous souhaite une excellente lecture et un bon apprentissage suite à cette lecture.

Passionnément cheval ❤️🐎
Lyne xxx

Les patrons

Afin de poursuivre la série sur la confiance chez notre cheval, cet article va se centrer sur les patrons, soit leur utilité pour bâtir leur confiance de même que l’importance parfois de ‘’changer le patron’’ afin d’aider notre cheval à être plus concentré, plus intéressé et plus connecté à son leader donc meilleur partenaire.

6 cavalières exécutent un patron de cercle, 3 en rêne gauche et 3 en rêne droite puis en cours de route nous changeons de position dans le cercle soit de l’intérieur vers l’extérieur ou vice-versa par une cession à la jambe. . Photo : Richard Latremouille

Qu’est-ce qu’un patron?

Un patron c’est un exercice répétitif et prévisible que notre cheval peut apprendre facilement : c’est une façon de faire qui n’exige pas trop d’effort mental ou émotif de la part du cheval. Le leader aide son cheval à comprendre le patron en le guidant dans son apprentissage; il lui permet de chercher la bonne réponse à nos demandes. Ainsi le cheval se trouve à participer au processus et accepte la responsabilité de suivre le patron.

Plusieurs entraîneurs m’ont inculqué la notion que chez le cheval 4 à 7 répétitions suffisent pour que le patron soit bien enregistré et compris alors que pour l’humain c’est 21 fois. Quelque peu humiliant pour nous humains. La raison invoquée est que notre cerveau est toujours envahi de plusieurs pensées telles la liste de choses à faire, à ne pas oublier etc.

Notre cerveau est donc moins libre que celui du cheval qui est DANS LE MOMENT PRÉSENT; il n’a pas à penser à ce qu’il mangera pour souper, à la brassée de lavage à faire ou au compte à payer.

Les patrons souvent utilisés sont :

  • Le pourtour du manège ou de la piste en randonnée ;
  • Différentes formes où l’on varie la grandeur de même que la position du leader lequel est parfois à l’extérieur ou à l’intérieur de la figure; ainsi tour à tour le cheval ou l’humain agit comme la sentinelle. Il ne faut pas oublier que l’endroit ou la chose qui fait peur peut être au centre ou a l’extérieur de la figure selon les circonstances ;
  • Cercles ;
  • Triangles avec base éloignée ou rapprochée de ce qui est perçu comme dangereux ;
  • Rectangles ;
  • Figures 8 ;
  • Entrelacer des cônes ;
  • Trèfles à 4 feuilles ;
  • Obstacles divers.

Patrons diversifiés en utilisant des :

  • Cônes ;
  • Pôles ;
  • Cavalettis ;
  • Voltes, demi-voltes et demi-voltes renversées ;
  • Ciblage.

Quel que soit le patron, une fois compris par le cheval, il peut facilement le répéter dans différents endroits ou circonstances sans requérir trop d’effort mental.

Ci-bas quelques exemples avec des pôles où on peut exécuter divers patrons. Une fois que le cheval a compris l’exercice à accomplir, il sera plus facile à réussir.

Pourquoi les “patrons” aident-ils nos chevaux à être plus confiants et mieux connectés?

Les chevaux vont bien et se sentent plus en sécurité quand ils ont une routine. Ainsi ils savent ce qui s’en vient et ils n’ont pas tendance à argumenter ni à s’inquiéter. Quand on utilise les patrons, ça implique les sphères émotives et surtout mentales chez nos chevaux.

Ça stimule leur processus de pensée et ça leur aide à ne pas anticiper l’inconnu donc à être moins stressés. Ça les responsabilise et ils ont l’impression de participer aux exercices; ils sont plus motivés, meilleurs partenaires tout en étant aussi plus calmes.

Comment engager le cheval mentalement!

Oui, en tant que leaders nous voulons que nos chevaux soient engagés mentalement. Par contre, on ne veut pas qu’ils aient à chercher trop longtemps la bonne réponse à nos demandes afin de préserver leur dignité et ce surtout pour les chevaux qui sont facilement inquiets. Les chevaux recherchent l’harmonie avec leur humain.

Les patrons sont particulièrement appréciés par les chevaux qui sont moins confiants car ça les sécurise de savoir ce qui s’en vient; une routine leur convient très bien. Pour eux, il ne faut pas mettre trop de variété ni trop de vitesse.

Ces chevaux excellent en dressage, en reining entre autres car il y a moins de surprises que dans un parcours de cowboy extrême, d’équitation de travail, de Mounain Trail ou Ranch trail. Par contre, chez les chevaux qui sont un peu éparpillés dans leurs façons de faire et de penser, ils ont besoin d’un cadre pour les centrer sur leurs tâches; on doit aussi apporter de la variété afin de les tenir occupés mentalement. Quant aux chevaux confiants, la variété stimule leur intérêt.

Lorsqu’on travaille au sol, l’humain, au début, exécute la figure en se mettant entre ce que le cheval perçoit comme dangereux et le cheval. Il est conseillé pour un cheval particulièrement inquiet de s’assurer que l’endroit perçu comme dangereux soit vu de l’œil gauche avant l’œil droit reconnu comme un œil plus inquiet. Puis le leader change de position afin que le cheval soit du côté de ce qu’il perçoit comme inquiétant (concept de sentinelle).

Quand l’humain est à l’intérieur de la figure, il doit faire particulièrement attention à ce que le cheval n’envahisse pas sa bulle avec ses épaules ni le fasse bouger des pieds. Quand l’humain est à l’extérieur, le cheval doit céder ses épaules afin d’accomplir le patron en cédant le territoire à son humain. Puis il y a l’excellente figure 8, excellente car elle alterne la position de l’humain entre le danger et le cheval puis le cheval entre le danger et l’humain : ce patron constitue une forme de retrait et donne au cheval un peu de répit face au danger tout en respectant la bulle de son leader. L’entrelacement des cônes fait appel au DRIVE et à l’ASPIRATION.

Apprendre à être plus structuré pour plus de contrôle

Les patrons aident aussi les cavaliers à être plus structurés, à avoir un but au lieu de monter sans avoir un programme particulier en tête, même parfois au point d’être quelque peu désorganisés ou tout simplement manquer d’inspiration, d’imagination. Récemment, une cavalière qui ne monte qu’en manège, que je dis ‘’aseptique’’ (il n’y a rien au sol, pas de pôles, pas de cônes : RIEN) me demandait des patrons à faire avec son cheval.

Je l’ai encouragée à introduire des pôles et/ou des cônes au sol afin de faire des patrons variés : oh là là, pas évident d’être précise, d’avoir un focus quand on est habituée à monter sans avoir de plan très précis. Quand nous devons passer entre deux cônes assez rapprochés par exemple, eh bien ça prend plus de focus. Quand nous avons essayé ensemble de faire des patrons, avec pôles au sol pour aider notre précision eh bien la dame n’était pas sur son patron, son cheval venait constamment dans la trajectoire à Indy.

Pourquoi est-ce important par contre de changer certains patrons? Certaines façons de faire?

Croyez-le, la variété peut améliorer à la fois la connexion et la confiance chez votre cheval. Les chevaux sont des animaux d’habitude; respecter leur routine c’est leur aider à se sentir à la fois plus en sécurité et confiant face à leur leader.

Offrir de la variété à un cheval confiant aiguise sa curiosité et répond à son besoin de jouer. Des petits changements mènent à des changements plus importants et rapidement votre cheval entamera une conversation avec vous car vous serez plus intéressant et innovateur.

Toutefois, certains chevaux ont beaucoup de difficulté avec le CHANGEMENT. Par contre il est fort important de ne pas créer des ROBOTS qui ne pensent pas et fonctionnent sans égard à leur leader. Il s’agit à ce moment de bien doser la variété afin que le cheval gagne en confiance et qu’il progresse dans ses habiletés.

Stimuler sans stresser !

Dans le premier article de cette série sur le développement de la confiance chez notre cheval, j’ai mentionné les cinq domaines de confiance du cheval dont la confiance en son leader. Afin d’améliorer ceci, il est important que le cheval soit bien connecté à son humain lequel devra stimuler le ‘’ mental’ du cheval sans pour autant le stresser. Certes que par le synchronisme, notre cheval est déjà en lien avec nous. Approfondissons maintenant ce concept.

Nous, humains, avons parfois tendance à faire les choses dans le même ordre sans avoir à y penser, un peu de façon automatique. Quand nous sommes avec nos chevaux, il est important d’être centré sur eux et non sur notre liste de choses à faire.

Il est important de changer nos façons de faire dans les tâches quotidiennes avec eux de sorte que le cheval se demande, sans être stressé ‘’ qu’est-ce qu’il y au programme aujourd’hui? Comment allons-nous procéder aujourd’hui? Notre but, en tant qu’humain, c’est de garder le cheval intéressé, curieux et connecté à son leader.

N’oublions pas que nous sommes avec nos chevaux qu’une à deux heures par jour; il leur reste 22 hres sans notre présence. Quand ils sont en liberté au paddock, ils surveillent constamment, surtout s’ils sont haut placés dans la hiérarchie.

Ils savent toujours ce qui se passe dans les alentours et ce sans même voir ce qui se passe. Aramis, chef de troupeau entend mes pas dans l’écurie alors qu’il ne me voit même pas sortir du manège avec ma jument et il appelle déjà Indy. Et si je suis dans le manège et que je laisse Indy en liberté avec un hongre, il le sait et l’appelle; elle l’entend mais ne répond pas.

Lorsque nos chevaux sont avec nous, leur focus doit être centré sur l’humain. Oui, ils sont conscients de leur environnement mais capables de garder leur focus sur leur leader. Les patrons ci-haut cités aident justement à atteindre ce but. Le prochain article traitera de ce concept avec le patron ‘’ n’y touches pas’’

Lorsque le leader réalise que c’est le cheval qui contrôle le patron, soit la façon de faire, en ce sens qu’il est moins attentif à son leader, il est temps de changer quelque chose afin qu’il soit plus ‘’ connecté’’ à son humain. Ceci ne veut surtout pas dire que je ne laisse pas de décisions, de choix à mes chevaux, tout au contraire.

Soyons créatifs

Quelques exemples: quand je vais chercher mes chevaux au paddock pour les amener au box, lorsqu’on se rencontre à la clôture, ils ne savent pas comment je vais procéder cette journée-là. Plusieurs options s’offrent à moi :

  • Je mets un licou ou pas de licou (c’est sécuritaire car la route est très loin)
  • Si licou, j’en ai qui s’attachent à droite, d’autres à gauche
  • Parfois licou seul, parfois licou avec laisse
  • Si une laisse parfois je la tiens, parfois je la place sur leur dos
  • Ils sortent tête première ou de reculons
  • Parfois on se suit en synchronisant nos pas et nous marchons en symbiose, avec un sourire dans la laisse (‘’ float in the rope’’), d’autres fois ils sont en liberté
  • Occasionnellement ils sont devant moi comme si en longues rênes, parfois côte à côte
  • De temps en temps je les laisse aller à des distances variées puis les nomme et dit‘’ whoa’’ ou même leur donne le ‘’signal’’ verbal pour le reculons après l’arrêt.
  • On ne se dirige pas toujours directement vers le box, parfois un petit tour ici et là ne serait-ce qu’un cercle, un zigzague, un entrelacement de cônes virtuels.

Variez les demandes

Quand il y a plus d’une porte pour l’écurie ou le manège, je suggère toujours aux copines de varier la porte par lesquelles elles entrent ou sortent leur cheval. Ainsi le cheval leur demande ‘’ par quelle porte entre-t-on ou sort-on aujourd’hui?

Le pansage peut se faire dehors, au box ou dans l’allée en liberté, en ‘’ ground tie’’ et parfois sur les ‘’ chaînes’’. Personnellement, je ne mets pas mes chevaux sur les chaînes, ils sont évidemment capables d’être attachés mais je trouve que c’est trop pesant; ce que je fais à la place parfois c’est de mettre la laisse sur le bord du box avec le sourire dans la corde ou évidemment en ‘’ ground tie’’ ou en liberté.

La selle peut être mise de la droite ou de la gauche, les pieds peuvent être curés tous du même côté ou demander au cheval de se déplacer pour changer de côté car c’est au cheval à bouger les pieds pas au leader. Il ne faut pas oublier le concept de base : le leader est celui qui ne bouge pas les pieds. Quand on entre ou sort du box, du manège ou de l’écurie, ça peut être de devant ou de reculons.

On monte et descend de son cheval de la droite ou de la gauche et si on peut utiliser d’autres places que le montoir, pourquoi pas? Je monte du banc de la table de pique-nique, du côté de la remorque, des pneus des tracteurs etc. (Attention aux planches de clôture, souvent elles ne sont pas clouées très solidement et ne peuvent pas supporter notre poids).

Ainsi en randonnée quand je dois monter sur mon cheval après un arrêt pour un pique-nique, une baignade, ils ne sont pas surpris de me voir monter ailleurs. Quand vous montez dans le manège ne pas toujours partir dans la même direction.

Même en balade vous devez travailler votre cheval

Quand on part en randonnée je ne pars pas toujours par le même chemin même si on n’a pas beaucoup de choix, ne serait-ce que dévier un tout petit peu de la route habituelle. Mon mentor, Pierre Plouffe, me rappelle souvent : après un arrêt, ne pas toujours aller de l’avant, parfois et je dis bien parfois demander un mouvement autre que d’avancer. Attention par contre, de ne pas constamment micro-gérer notre cheval en randonnée mais juste assez afin de s’assurer que nous soyons bien connectés.

Donc parfois, après un arrêt, tournez à droite, à gauche, faites un 180 voire même 360 degrés, reculez, demandez une cession à la jambe, un appuyé, un renvers, un travers, une épaule en dedans. Il est important de varier afin que le cheval se demande, sans être inquiet, ce qu’il lui sera demandé de faire. Puis au lieu de faire un 90 degrés quand on tourne vers la droite ou la gauche, pourquoi, à l’occasion, ne pas exécuter un 270 degrés?

Tout ceci afin que le cheval soit à l’écoute et en lien avec son leader en plus d’avoir le contrôle de l’avant main et des postérieurs, un atout fort important.

Et si je peux me permettre une parenthèse, nous cavaliers, ne sommes pas très polis avec nos chevaux quand, en randonnée avec copains, nous jasons tout le temps entre nous. Et puis, nous osons demander à nos chevaux d’être à notre écoute ! Nous aussi avons un patron à…………. changer!

Ce sont des stratégies simples qui incorporent de la variété dans la routine de votre cheval afin d’approfondir la connexion et la confiance dans votre partenariat. Il est humiliant pour nous de réaliser que si nous désirons que notre cheval change, c’est nous qui devons implanter les stratégies nécessaires. Le horsemanship, c’est bien connu, c’est l’humain qui est entrainé, pas le cheval.

J’ai échappé un gant; je l’ai récupéré mais pas d’endroit pour monter sauf au loin une table de pique-nique ensevelie sous la neige. J’ai déblayé la banquette afin de bien la voir avant d’y poser les pieds, la neige étant à la hauteur du banc. Indy s’est approchée et j’ai monté.

Equipe du Droghedamanor à la fin d’un quadrille lors du Horse Loves Weekend à Upper Canada Village Photo : Patricia Barker

CHALLENGE DU MOIS

Il y a une multitude d’exemples dans le texte:

Activités avant de jouer ou de monter

Mettre de la variété lorsqu’on va chercher notre cheval, lors du pansage et dans la route que l’on prend pour se rendre où nous allons.

Jeux en ligne : cercles, carrés, rectangles, triangles, figure 8, entrelacer des cônes, demi-voltes.

En selle : suivre la piste, cercles, figure 8, entrelacer des cônes, voltes, demi voltes, demi voltes renversées, trèfles à 4 feuilles.

Et toujours sans oublier le synchronisme, la sentinelle, les concepts de ‘’ zone de confort’’, confort/effort et la relaxation.

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet, cavalière du Québec depuis 35 ans, a eu l’immense privilège depuis une douzaine d’années de voyager à la rencontre de nombreux horsemen/horsewomen fort reconnus pour leurs compétences en horsemanship tout en étant aussi réputés pour leurs performances exceptionnelles avec leurs chevaux. Plusieurs stages en France, Italie, Costa Rica, USA, Ontario et Colombie Britannique totalisant environ un an, lui ont inculqué des notions, concepts et stratégies pas fréquemment enseignés dans nos milieux équestres. Ce cheminement a amené Denyse à être reconnue par ses conférences et cliniques sur le développement d’un bon cheval de randonnée ainsi que des diverses stratégies afin de développer un cheval confiant, sécuritaire et bon partenaire.

Je m’appelle Lyne Laforme

Entraîneure et coach professionnelle en éducation

Lyne Laforme - Coach éducation cheval

 Depuis 1980, j’aide les cavalières et cavaliers à entraîner leurs chevaux pour établir une relation harmonieuse avec leur cheval et à devenir le centre de son univers.

Je suis aussi l’auteure du “Manuel d’équitation Western – Un plaisir partagé” vendu à plus de 10 000 exemplaires et disponible sur Amazon.

En 2013, j’ai reçu la médaille du Jubilé de la Reine Élisabeth II pour ma contribution significative apportée au développement des programmes d’enseignement et d’entraînement en sport équestre au Canada et en Europe.

Aujourd’hui, je veux transmettre les connaissances que j’ai acquises avec l’expérience et les centaines de cavalières et cavaliers que j’ai pu rencontrer.