LES PARCOURS…UNE FAÇON DE MOTIVER !
Responsabiliser son cheval
Article écrit par Denyse Rousselet
Un patron simple et fort efficace pour un cheval qui n’est pas des plus motivés et plutôt lent à répondre surtout si en manège c’est le parcours des coins. Comme on dit c’est pour un cheval qui n’a pas trop de ‘’go’’, plus de ‘’whoa’’ que de ‘’go’’. Il est important pour nous de se rappeler que de monter en manège n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus intéressant ni motivant pour un cheval : le tour en est vite fait et on recommence, recommence et recommence encore pour la ‘’Xe’’ fois. En plus, il ne faut pas oublier que c’est énergivore pour le cheval d’être constamment à l’écoute afin de bien répondre à nos demandes, nos ajustements, nos affinements des aides. L’attention du cheval dans ces circonstances est centrée sur la réponse à nos demandes constantes. Il a peu de pouvoir décisionnel et souvent même peu de relâchement après un effort car ce n’est pas dans les habitudes sauf à la fin d’une séance de travail. Certes pas évident ni facile quand on fait du travail de manège mais c’est fort important de s’en rappeler surtout quand on montre quelque chose de nouveau à notre cheval.
Ce même cheval est plus motivé en randonnée quand on part au trot car nous allons à quelque part et une fois parti il maintient l’allure sans trop d’intervention du cavalier. Certes qu’une façon de le motiver c’est de mettre des cônes ou des barres au sol et de faire des parcours mais nous savons pertinemment que ce n’est pas toujours bienvenue dans nos manèges quand il y a d’autres cavaliers.
Voici des exemples sans cônes ou barres :
Schéma : quelques exemples de parcours pouvant motiver un cheval en utilisant que 4 barres au sol.
Eric St-Arnault du Québec ainsi que Lyne nous encouragent à utiliser des cônes lors du travail en manège afin de motiver notre cheval. 4 ou 5 cônes donnent plusieurs possibilités de parcours ce qui stimulera l’intérêt chez notre cheval.
Lyne utilise les 4 cônes en les disposant en losange, ce qui permet de travailler des virages suivis de lignes droites pour améliorer la rectitude du cheval. Des cercles peuvent être faits autour d’un cône et repartir sur le losange. Sur cette courte vidéo, vous pouvez voir ce que Didier fait sur le losange et crée un travail plus ludique pour le cheval. Comme Lyne l’enseigne, il y a 4 cônes et votre imagination 🤠👍.
Note de Lyne : Un autre parcours avec 4 barres et 3 cônes. Dans cette vidéo, le parcours est fait au trot et au licol. Vous pouvez le faire aussi au pas ou encore les barres au pas et les cercles au trot ce qui vous permet de travailler les transitions. L’idée est de créer un environnement pour le cheval qui soit ludique et motivant. N’oubliez pas de donner beaucoup de pause à vos chevaux entre les parcours. Le travail au licol allège le contact et laisse le cheval travailler par lui-même donc moins de micro-gestions.
Ces parcours impliquent le mental du cheval: on tente de le motiver à bouger afin qu’il y éprouve le désir et y trouve une certaine satisfaction, voire même un plaisir.
L’introduction du patron des coins
Il en est de même pour le patron des coins qui ne demande aucun cône ou barre au sol. Ce patron est excellent pour donner envie au cheval de se rendre par lui-même dans les coins ou encore aux endroits où il est inquiet.
La technique consiste à
- Demander un trot à notre cheval.
- Faire des arrêts dans chacun des 4 coins : plus notre cheval n’est pas motivé à trotter plus l’arrêt sera long, ainsi on le récompense pour avoir bien répondu à notre demande de trotter. Nous savons que l’apprentissage est dans le relâchement et que nous devrions avoir 80% de relâchement pour 20% de pression donc l’arrêt doit être LONG. On en profite pour caresser notre cheval et lui parler afin de le récompenser pour l’effort fourni. L’article ‘’Connaissez-vous l’importance du ‘’trempage’’? de la série PARTENARIAT AVEC LE CHEVAL explique bien ce concept.
- Le patron ‘’touches-y’’ est aussi utile à utiliser pour motiver l’arrêt. Ça contribue à développer la confiance et aussi la curiosité. L’article ‘’Touches-y ou touches-y pas’’ de la série BÂTIR LA CONFIANCE explique ce patron.
- Avec un cheval vraiment pas motivé, on peut commencer en déposant une friandise dans chacun des 4 coins.
- Selon les circonstances, si la porte de sortie du manège est près d’un des coins, on ne met pas de friandise là car le cheval cherche déjà à s’y arrêter et convoite même la porte de sortie : c’est son ‘’sweet spot’’. Certains mettent des friandises que dans les deux coins du fond du manège. En plus, le principe de confort/effort nous dicte de ne pas faire d’arrêt au ‘’sweet spot’’ car le cheval est confiant à cet endroit donc il peut y trotter. Si on arrête, l’arrêt est plus court près de la porte du manège et plus long au fond. Les articles ‘’Le concept de ‘’sweet spot’’ ou zone de confort’’ de même ‘’Le concept du confort-effort-inconfort,’ de la série BÂTIR LA CONFIANCE expliquent bien ces concepts.
- Une fois que le cheval répond bien à la demande de trotter de coin en coin, on peut diminuer graduellement les friandises, en commençant toujours par les coins les plus proches de la porte de sortie, ceci afin de susciter son intérêt et sa motivation à poursuivre sa route vers le fond du manège, loin de la porte de sortie. C’est un tour de force quand on y pense car ce n’est pas des plus motivant pour le cheval car il va nulle part. En manège il faut varier les exercices et les parcours afin de stimuler notre cheval et rendre ça intéressant.
- Puis lorsqu’il est bien motivé à se rendre dans chacun des 4 coins du manège et de s’y arrêter sans qu’il y ait une friandise, on peut commencer à sauter un coin, surtout le coin le plus proche de la porte de sortie (concept confort/effort) et non un coin au fond du manège.
- Puis un 2e coin, un 3e coin et finalement un 4e ce qui veut dire que le cheval a fait le tour du manège sans arrêter.
Évidemment on ne fait pas tout cet exercice en une seule fois. Lorsqu’on a une réussite, il est temps d’arrêter et de récompenser notre cheval en allant se promener dehors. Si notre cheval est monté qu’en manège eh bien sa récompense sera l’arrêt de la monte. On descend puis faisons RIEN.
Et n’oublions pas tout ceci ne se fait pas en une journée. Il est important d’y aller graduellement afin d’avoir du succès. Pour le cheval on dit que ça prend de 4 à 7 fois pour que ça devienne un parcours acquis alors ce n’est pas très long. Chez l’humain on parle de 21 fois avant qu’un parcours soit enregistré car notre cerveau est constamment bombardé de plein de ‘’choses à faire, à ne pas oublier ‘’.
Ce cartoon illustre bien la différence entre le cheval et l’humain. Le premier est centré sur son humain et la tâche à accomplir alors que le second a la tête pleine avec sa liste de choses à faire.
Il s’agit de bien suivre la technique et que l’humain soit patient.
J’ai utilisé cette technique avec un cheval quand je l’ai appris d’un horseman il y a une quinzaine d’années. Le cheval n’était pas du tout motivé dans le manège et en plus avait été tiré beaucoup sur la bouche. Si la grande porte du manège était ouverte il y sortait régulièrement et les cavalières avaient aucun pouvoir: il était dehors. Et chose surprenante après seulement 4 fois, le parcours était appris et ce cheval a toujours été motivé par la suite à trotter dans le manège pendant une décennie jusqu’à son décès.
Même que suite à cette nouvelle façon de faire de ma part, souvent à la porte de sortie du manège il ne cherchait plus à sortir; il aimait le travail en manège. Il faut dire que c’est avec ce cheval que j’ai aussi appliqué la technique du cavalier passager donc il était plus facile à motiver. L’article ‘’ Le jeu du cavalier passager et du cheval meneur’’ de cette série RESPONSABILISER SON CHEVAL décrit bien la technique.
Quelques copines qui ne font que du manège ont utilisé cette technique et ce fut efficace dans la mesure où les arrêts étaient suffisamment longs afin de motiver leur cheval à reprendre la route car parfois certains chevaux ne veulent même pas quitter le montoir, même qu’ils ne veulent même pas être montés. Triste à voir!
Tout ceci doit nous porter à réfléchir. Pour qu’une technique soit efficace, le cheval doit être motivé. Je dois savoir ce que pense et ressent mon cheval quand il est avec moi! Sa motivation en manège sera proportionnelle à la qualité de ma relation avec lui/elle. Je fais peu de manège sauf lors de mauvais temps, mes chevaux aiment ça car je dois les pousser pour en sortir. Quand je me présente à la clôture les voici! Lequel sera choisi? Ils savent fort bien que souvent nous allons en randonnée avec deux en cheval de bât. Tout le monde vient et ils sont contents.
Intéressant car c’est avec Poney le fjord que j’ai travaillé ce parcours de même que le cavalier passager car il avait été beaucoup tiré sur la bouche par les cavalières; il avait développé un réflexe d’opposition très marqué. Cela a complètement changé sa relation et avec moi il était plus que motivé. Pour le parcours des coins, que 3 fois et la partie était gagnée.
Bien beau une technique mais n’oublions pas que la motivation intrinsèque de mon cheval est un bien meilleur moteur, bien plus puissant qu’une technique.
❤️🐎🤠❤️🐎🤠❤️🐎🤠❤️🐎🤠❤️
Note de Lyne
Le travail en manège ou en carrière extérieure demande au cavalier de savoir allier précision et relâchement.
En effet, une demande efficace, claire et immédiatement suivie de relâchement permet au cheval de mieux comprendre et d’apprécier l’exercice.
Utiliser des barres au sol, des cônes, et d’autres repères disposés de manière variée aide à créer des parcours stimulants et différents à chaque séance.
Varier les exercices en changeant fréquemment les dispositions et les objectifs permet de maintenir l’intérêt du cheval et d’éviter la monotonie.
Cette approche renforce l’attention et la motivation du cheval, rendant le travail en manège plus enrichissant pour lui et pour le cavalier.
Passionnément cheval 🐎❤️