Touches-y ou touches-y pas !

Mot de Lyne

Le but de cet article, écrit par Denyse, est de vous amener à comprendre la technique derrière l’approche d’objets nouveaux, inquiétants, différents, colorés, bruyants, etc…

Au lieu de forcer le cheval à s’approcher, nous devons utiliser et solliciter sa curiosité.

Être patient, avoir une façon de procéder et mettre le cheval en situation sont les clés du succès.

Vous devez savoir lire votre cheval lorsqu’il donne des signes d’inquiétude, arrêter, le laisser apprivoiser la source de crainte.

C’est pourquoi le travail à pied est si important car il vous permet de travailler cette relation de confiance mutuelle avant de le faire à cheval.

C’est facile lorsque vous avez un cheval qui est peu d’inquiet. C’est très différent lorsque vous avez un cheval qui manque de confiance en lui. Il doit la développer. C’est là que c’est important d’avoir une compréhension, une technique et une lecture de votre cheval pour agir correctement.

Bonne lecture et apprentissage!

N’oubliez pas le challenge du mois à la fin de l’article.

LE PATRON ‘’ TOUCHES-Y’’ (Pat Parelli)

Entraîner notre cheval à ‘’y toucher’’ quand il voit quelque chose d’inquiétant lui enseigne que lorsqu’il entend ces mots, son leader lui inspire la confiance laquelle encouragera la curiosité et l’exploration afin qu’il aille se mettre le nez puis éventuellement les pieds s’il y a lieu, sur l’objet.

Un patron fort utile pour les cavaliers qui éduquent leur cheval à prendre confiance dans toutes les situations qui lui sont présentées. En plus des différentes épreuves comme l’équitation de travail, le cowboy extrême, l’agilité, les disciplines western avec obstacles et autres activités extérieures.

Même pour un cheval qui travaille surtout en manège où s’y présentent parfois des objets inhabituels ou placés différemment.

Au début, on demande de toucher avec le nez car celui-ci est toujours préalable aux pieds (voir les stages d’exploration dans l’article sur la relaxation 6e de la série sur la confiance).

“Si un cheval inquiet ne peut pas toucher avec son nez il est certain qu’il n’y mettra pas les pieds.”

On veut l’amener éventuellement à ce qu’il mette ses pieds sur la toile, le pont ou dans le ruisseau sans avoir besoin d’y mettre le nez.

Il faut toutefois développer notre cheval par étapes et ne pas demander trop vite de mettre les pieds : tout est question de dosage des demandes afin que le cheval participe, soit confiant et non micro-géré (forcé) à le faire. Il y a une énorme différence entre LE BON VOULOIR (WILLINGNESS) versus L’OBÉISSANCE!

 

 

Lors de jeux en cowboy extrême, Indy n’était pas confiante en voyant ce chevreuil en plastique. Élevée dans la forêt en C-B, elle trouvait qu’il ne sentait pas OK. Elle renâclait, hésitait à l’approcher. En utilisant le patron ’’touches y’’ elle est allée le sentir et on a pu faire notre parcours sans problème.

 

Indy, curieuse, va toucher avec son nez les rubans soufflés par l’éventail bruyant.

Il est utile de dire au cheval ‘’ touches y’’ comme patron. Une fois acquis les mots suffisent pour que le cheval comprenne que le leader lui demande de toucher quel que soit l’objet.

Indy a exploré les bouteilles et le matelas avec son nez puis y a mis les pieds.

Bien que le but final soit souvent que le cheval y mette les pieds, il est intéressant de penser au ciblage pas seulement pour le nez et les pieds mais pour les côtes de même que la queue. Ça prend un niveau élevé de confiance afin qu’un cheval se mette la queue sur ou près de quelque chose qui pourrait lui sembler inquiétant. Quand on travaille avec notre cheval il est toujours intéressant qu’il soit capable de se mettre parallèle à autre chose que les murs du manège.

On constate souvent que les chevaux à qui on demande de se mettre parallèle aux murs du manège ont tendance à mettre l’avant-main sur la piste mais l’arrière-main plutôt vers l’intérieur, surtout si c’est au fond du manège, endroit où ils ne se sentent pas autant en sécurité.

Il en est de même quand on demande à son cheval de mettre son corps le long d’un bâtiment, du tracteur, de la clôture, souvent ils se mettent la tête plus proche que l’arrière-main.

Le patron ‘’touches y’’ peut alors incorporer le nez, les côtes et la queue. Dans tout ceci il ne faut pas oublier le concept de zone de confort sinon on brusque la progression et ça ne développe pas la confiance. Un cheval tout comme l’humain ne peut pas apprendre s’il ne se sent pas en confiance : un concept fondamental en horsemanship.

Les chevaux de Symphonie Nadeau mettent le nez avant d’y mettre les pieds.

Une mise en garde !

Depuis des années, une cavalière demande à son cheval d’aller ‘’toucher’’ mon ballon qui est toujours placé dans le coin droit du manège. Quelques années plus tard, le cheval est toujours quelque peu inquiet de ce coin. Elle peut maintenant y aller en selle et lui demander d’y ‘’ toucher’. Je lui expliquais récemment que son cheval n’avait possiblement pas compris la demande comme telle en ce sens que ce que nous appelons un ballon, ce cheval croit que ça s’appelle ‘’ touches-y’’.

Pour que le cheval comprenne la consigne elle devrait utiliser ce patron pour une diversité d’objets ne serait-ce que les lettres du carré de dressage sur les murs, le montoir, le manteau déposé sur un banc etc.

Puis, on doit progresser; il faudrait parfois mettre au sol des objets variés et quand le cheval entre dans le manège, renâcle certes un peu, lui demander de regarder l’objet insolite, faire ses patrons (voir l’article précédent sur les patrons) lesquels incorporent l’approche/retrait pour finalement aller le ‘’toucher’’.

Ainsi le cheval comprendrait la consigne. Je suis loin d’être convaincue que le cheval ci-haut cité comprendrait la directive s’il était inquiet lorsqu’il verrait un objet inconnu et inquiétant lors d’une randonnée.

Ce patron est la première étape dans l’éducation de notre cheval que l’on expose à une multitude d’objets variés. Dans l’article sur la relaxation, j’ai cité les étapes d’exploration d’un cheval : ça commence par les yeux, les oreilles, le nez pour finir par les pieds.

TOUJOURS dans sa zone de confort au début et en favorisant la RELAXATION. Une fois bien compris on utilise le prochain patron lequel demande encore plus de confiance de la part du cheval.

Tx apprivoise le flag. J’ai créé sa curiosité en le laissant regarder et en lui disant “TOUCHE” avant de chercher à approcher le flag près de lui. Comme c’est un cheval inquiet c’est très important qu’il me fasse confiance et qu’il développe sa confiance en lui.

LE PATRON ‘’TOUCHES-Y PAS’’

Une fois le patron ‘’touches-y’’ bien maitrisé, on doit progresser dans l’éducation de notre cheval et lui demander de pouvoir voir et/ou entendre divers stimuli nouveaux sans être obligé de s’y coller le nez ou d’y mettre les pieds. Le cheval devrait être détendu et confiant face à de nouveaux stimuli d’autant plus que vous avez pratiqué une diversité de patrons afin que le cheval soit connecté à son leader malgré les stimuli. Il en est conscient mais n’a pas besoin de s’arrêter; il peut poursuivre son activité.

Nous avons exploré ce concept dans le texte précédent sur les patrons alors que le leader exécute divers patrons avec son cheval et que celui-ci est centré sur son humain et non sur ce qui se passe dans l’environnement tout en en étant conscient. Maintenant, en selle, nous devons progresser et ne pas toujours avoir besoin de faire des patrons pour avoir l’attention de notre cheval.

On ne veut pas que le cheval touche des items dangereux tel un poêle de camping, un BBQ, une planche avec des clous ou une vache dans un troupeau lorsqu’on traverse un champ. IL y a plusieurs circonstances où il n’est pas de mise que le cheval aille toucher.

Quand on enseigne au cheval ce patron, on commence par mettre le cheval à côté des obstacles et on récompense le comportement calme, l’attitude corporelle détendue, sans bouger les pieds.

Attention, un cheval qui ne bouge pas les pieds n’est pas nécessairement détendu (voir texte sur la relaxation) car un cheval peut être figé par l’inquiétude, c’est la catatonie.

Votre cheval est-il capable de se tenir détendu à côté de divers objets?

Il faut penser à exposer les deux côtés du cheval car souvent ce qui est perçu de l’œil droit est plus inquiétant que ce qui est perçu de l’œil gauche. Une fois le cheval confortable à se tenir près des obstacles de chaque côté, on doit lui demander de se mettre face à l’objet et puis de dos aux obstacles.

Il est toujours plus difficile pour un cheval de se mettre la queue proche de quelque chose car sa queue est loin derrière les yeux. Lindsey Partridge de Harmony Horsemanship appelle ça le ‘’ all around game’’ ie le jeu ‘’faire le tour’’ donc le cheval est à l’aise quelle que soit la partie de son corps proche de l’obstacle ou de la situation.

Ce patron prépare votre cheval à devenir plus confiant afin de pouvoir continuer à se concentrer sur la tâche demandée tout en étant conscient des divers stimuli l’entourant. Il garde son focus sur le travail tout en n’étant pas inquiet.

On lui enseigne qu’il peut regarder momentanément mais qu’il ne doit pas aller toucher ou sentir tout ce qu’il voit même s’il doit parfois se mettre à côté du stimulus. Ça me fait penser lorsque ma mère m’amenait dans un magasin avec des bibelots délicats, elle me disait ‘’ regarde avec tes yeux (oui je le sais, un pléonasme mais maman voulait faire valoir son point de vue) mais n’y touche pas sinon on devra payer si tu brises quelque chose’’

Indy ouvre la parade, seule, confiante, centrée sur son travail tout en étant consciente de l’environnement : elle regarde mais est calme. Photo : Evelyn Sénécal

 

Indy sans bride, calme et centrée sur son trajet malgré la foule de 3,000 personnes et la multitude de stimuli. Photo : Patricia Barker

 

Les cavaliers de diverses disciplines telles l’équitation de travail, le cowboy extrême, le ranch trail etc ont besoin de développer leurs chevaux afin qu’ils se sentent à l’aise dans des endroits avec une multitude d’obstacles variés, la foule qui applaudit et les encourage.

Ils sont conscients de ces stimuli mais peuvent se concentrer sur leurs tâches car ils ne sont pas inquiets. Le prochain article sur le ‘’ despook’’ donnera des stratégies pour aider les chevaux à apprivoiser des obstacles divers placés à des endroits différents par rapport à leur corps.

CHALLENGE DU MOIS

Tentez d’exposer votre cheval à une foule d’objets variés autant lorsque vous êtes au sol qu’en selle. Quand le cheval est un peu craintif, on lui demande de baisser la tête (pression sur la nuque avec la main ou sur la longe si au sol) et dites-lui ‘’ Touches y’’. Certes que ça ne se maîtrise pas en un court laps de temps mais plus il devient confiant plus vous pouvez penser à lui demander de regarder momentanément un objet puis de continuer comme si de rien n’était.

Tout dépend du niveau de confiance et d’expérience de votre cheval. Il ne faut pas aller trop rapidement vers le ‘’ touches y pas’’ si le cheval est inquiet. Vous commencez le ‘’touches-y pas’’ en mettant le cheval à côté des objets, puis de face et après la queue vers les objets. Si possible des stimuli très variés et multi-sensoriels tels le bruit de tracteur et de machineries diverses.

Et toujours sans oublier le synchronisme, la sentinelle, les concepts de ‘’ zone de confort’’, confort/effort et la relaxation, les patrons.

Allez lire les articles précédents sur ces sujets si vous les avez manqué.

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet, cavalière du Québec depuis 35 ans, a eu l’immense privilège depuis une douzaine d’années de voyager à la rencontre de nombreux horsemen/horsewomen fort reconnus pour leurs compétences en horsemanship tout en étant aussi réputés pour leurs performances exceptionnelles avec leurs chevaux. Plusieurs stages en France, Italie, Costa Rica, USA, Ontario et Colombie Britannique totalisant environ un an, lui ont inculqué des notions, concepts et stratégies pas fréquemment enseignés dans nos milieux équestres. Ce cheminement a amené Denyse à être reconnue par ses conférences et cliniques sur le développement d’un bon cheval de randonnée ainsi que des diverses stratégies afin de développer un cheval confiant, sécuritaire et bon partenaire.

Je m’appelle Lyne Laforme

Entraîneure et coach professionnelle en éducation

Lyne Laforme - Coach éducation cheval

 Depuis 1980, j’aide les cavalières et cavaliers à entraîner leurs chevaux pour établir une relation harmonieuse avec leur cheval et à devenir le centre de son univers.

Je suis aussi l’auteure du “Manuel d’équitation Western – Un plaisir partagé” vendu à plus de 10 000 exemplaires et disponible sur Amazon.

En 2013, j’ai reçu la médaille du Jubilé de la Reine Élisabeth II pour ma contribution significative apportée au développement des programmes d’enseignement et d’entraînement en sport équestre au Canada et en Europe.

Aujourd’hui, je veux transmettre les connaissances que j’ai acquises avec l’expérience et les centaines de cavalières et cavaliers que j’ai pu rencontrer.