JEU DU CAVALIER PASSAGER et du CHEVAL MENEUR, révélateur de l’état émotif, de la motivation et de la confiance de notre cheval.
DE LA SÉRIE RESPONSABILISER SON CHEVAL!
🤠🐎❤️ Tout a commencé par cette histoire… ⏬⏬
La propriétaire de mon écurie avait un superbe fjord norvégien, Cimeron alias Poney, qu’elle avait beaucoup prêté à des personnes dont le cheval était blessé ou trop jeune pour être monté. Ces gens ont tour à tour beaucoup tiré sur sa bouche et créé chez lui un réflexe d’opposition très prononcé. Il sortait à toute allure du manège si la grande porte était ouverte tout comme il brisait les bordures du carré de dressage dehors. Sans parler qu’il ramenait les cavalières au grand galop à la porte de son paddock s’il avait eu peur en randonnée. Finalement elle a décidé de ne plus le prêter ni l’utiliser pour des cours avec différentes élèves et m’a dit ‘’tu sais, prêter mon cheval lui a fait beaucoup de tort’’. Elle m’a confié la tâche de réhabilitation. Je n’étais certes pas à la hauteur, loin de là, mais j’étais prête à investir temps et argent car il fallait me déplacer pour apprendre. Mon premier stage de horsemanship avec Poney fut avec Larry Stewart, un horseman canadien fort qualifié, instructeur Parelli 5*. Larry n’a pas ménagé ses mots et m’a dit d’un ton sec une phrase que je n’ai jamais oubliée : ‘’J’ai travaillé avec 10,000 chevaux dans ma carrière et je n’ai jamais vu tant d’opposition’’. Oh boy! Un 4 jours où j’avais la ‘’gorge nouée’’ pour ne pas dire la larme à l’œil. Larry ne cessait de me dire ‘’ne lâche pas’’. Exercice après exercice qui me prenait des heures à réussir et souvent je n’y arrivais pas. Poney avait beaucoup de ‘’NON’’ dans sa tête! Mais durant ces 4 jours il n’a jamais tenté de sortir du manège même si la porte était ouverte.
Ne vous découragez pas en lisant ce récit car les résultats ont été fort étonnants. J’ai eu le privilège de travailler avec Larry l’année suivante; il m’avait tracé un programme très détaillé, précis et élaboré: exercice après exercice. Le prochain exercice ne pouvant être débuté avant d’avoir réussi le précédent. Pour réussir un exercice cela pouvait me prendre quelques mois. Ce qui fut le plus difficile ce fut mon MANQUE DE SAVOIR pour ne pas dire mon IGNORANCE ainsi qu’un MANQUE DE SAVOIR-FAIRE d’une part et la SOLITUDE d’autre part. J’étais la seule qui s’intéressait au horsemanship et je dirais au travail à pied autre que de longer son cheval.
Certaines gens trouvaient ça intéressant mais personne ne pouvait m’aider. J’ai tenu bon grâce aux excellents entraîneurs rencontrés par la suite car Larry venait de la Colombie Britannique à l’autre bout du pays pour moi qui habite au Québec. J’ai assisté à tous les stages et conférences possibles surtout aux USA et je me suis même expatriée en Colombie Britannique au Cardinal ranch. C’est là que j’ai rencontré ma jument Indy qui se présentait continuellement à moi; il y avait 40 chevaux en liberté où nous avions notre stage. Ce n’est que 9 mois plus tard en regardant les photos de l’année précédente que j’ai réalisé qu’Indy essayait de se connecter à moi. Mes canaux étaient fermés, je n’étais pas acheteuse à 63 ans, mon cheval était vivant et j’avais le loisir de jouer et monter les 3 chevaux de la propriétaire de l’écurie.
Photo : Ma première fois au ranch, j’ai plusieurs photos où on voyait Indy tenter de se connecter à moi.
Je m’étais inscrite une deuxième fois au ranch pour un stage de horsemanship et pour faire de la randonnée. Quand je suis arrivée au ranch pour le stage, Indy m’a aperçue de loin et s’est présentée â la clôture. Il va sans dire qu’elle est revenue avec moi au Québec.
Certes que mon cheminement et apprentissage avec Indy m’ont beaucoup aidé à réhabiliter Poney. Indy avait été débourrée par Don Halladay, lui aussi instructeur Parelli 5*, un horseman exceptionnel. Elle était légère à manipuler, très polie et confiante.
Et comme nous disent si bien les horsemen/women il n’est pas facile de se débarrasser de nos façons habituelles de faire d’autant plus qu’on est parfois à court d’idées n’ayant ces années-là beaucoup moins de support que maintenant.
Photo : Rose-Alie St-Hilaire d’Équitation simplifiée du Québec.
Je partage ce récit car cela démontre que nous devons parfois faire route seule quand nous sommes convaincus que c’est à l’humain de changer. Poney ne pouvait pas changer si les humains qui agissaient avec lui ne changeaient pas.
Il y a beaucoup d’entraîneurs de chevaux mais moins d’entraîneurs d’humains. Comme dit Andy Booth tout comme Lyne ‘’si je veux que mon cheval change c’est moi qui doit changer’’. Je dirais changer ma façon de faire de même que ma façon d’être.
Et ‘’le horsemanship c’est l’entraînement de l’humain, pas du cheval.’’
Maintenant qu’il y a plus d’entraîneurs pour nous supporter dans notre démarche; cela a beaucoup évolué depuis 20 ans, nous avons le support nécessaire pour atteindre nos buts.
Le jeu du cavalier passager
Un des premiers exercices enseignés par Larry fut un réel succès : le jeu du cavalier passager. Cela a complètement changé la relation et l’attitude de Poney avec l’humain car se présentait devant lui un humain différent dans son comportement et son intention. J’ai été à partir de ce moment la seule personne à le manipuler.
Un exercice simple mais qui vient bousculer nos façons habituelles de faire soit de quasi toujours demander quelque chose à notre cheval lorsque nous sommes en selle.
Ce jeu consiste à s’asseoir sur le cheval et ne faire aucune demande: croyez-moi ce n’est pas facile. Et je répète : AUCUNE DEMANDE. On intervient seulement si le cheval se met en danger tels aller dans la rue, tenter d’entrer dans l’écurie ou mettre les pieds sur une planche avec des clous etc. Quand j’ai appris ce jeu lors de mes premiers stages de horsemanship j’ai réalisé que je demandais toujours à mes chevaux de faire quelque chose quand j’étais assise sur eux, sauf exception quand je leur donnais la permission de brouter ou en randonnée quand je les laissais choisir les pistes.
Larry m’a enseigné le jeu et m’a donné ce devoir parmi plusieurs autres à poursuivre jusqu’à son retour l’été suivant. Il m’avait demandé de prendre des notes sur notre cheminement.
Premier essai dans le manège avec Poney, je suis arrêtée à ‘’ X’’. Ça lui a pris exactement 22 minutes avant qu’il ne bouge vers un mur de côté. Et une fois rendu face au mur eh bien il s’est encore arrêté et s’est retourné pour me demander quoi faire? Ou aller?
Je ne suis pas intervenue et il s’est arrêté pendant 9 minutes avant de s’aventurer vers la gauche. Il a marché un peu et s’est arrêté très souvent. Il n’était pas du tout motivé à marcher dans le manège. Il se retournait fréquemment pour me demander où aller. Le patron des coins fut très utile dans son développement (article à venir sur ce patron dans cette série RESPONSABILISER). Je dois avouer que c’était la première fois où j’ai réalisé que parfois notre cheval nous pose une question.
A toutes les fois que je le montais on faisait un jeu du cavalier passager. Même si la grande porte du manège était grande ouverte, il ne sortait pas. Puis un jour, il a osé sortir, bien calmement au pas, et s’est arrêté immédiatement à côté de la porte pendant un long moment. Fait fort surprenant car avant que je commence à jouer ce jeu, avec moi et les autres cavalières, si la grande porte du manège était ouverte IL SORTAIT À VIVE ALLURE même pendant les leçons! Il détestait le travail de manège et je peux comprendre pourquoi quand j’y pense. Plus tard non seulement il aimait le travail de manège quand nous avions terminé il se rebutait et ne voulait pas en sortir. Je dis souvent ‘’les gens doivent pousser sur leur cheval pour qu’ils entrent dans le manège, moi je dois les pousser pour en sortir’’. Par contre, en ce qui a trait à la grande porte pour sortir à l’extérieur il était prêt à y aller mais il ne sortait plus à vive allure pour s’évader d’un travail qu’il détestait. Tout ça parce qu’il avait des choix, n’était pas poussé à travailler. Le jeu du passager fut très bénéfique pour lui.
Ça lui a pris plusieurs mois avant oser explorer dehors sauf si je lui demandais d’avancer. Si je le montais au montoir extérieur il y restait, longtemps, très longtemps et parfois on allait NULLE PART. Eh oui! NULLE PART! Il n’était pas des plus confiant et ça a pris plusieurs mois avant que de lui-même il ose explorer les environs de l’écurie. Tout ce que je faisais quand je jouais ce jeu : J’ATTENDAIS! J’ATTENDAIS! ET J’ATTENDAIS ENCORE. Un excellent exercice de patience pour l’humain.
Il avait horreur de la carrière d’entraînement à l’extérieur. Il sortait toutes ses cavalières du carré de dressage, brisait les petites chainettes de plastique qui encadraient la carrière. Un vrai désastre. Quand j’ai commencé à travailler avec lui, j’ai évité cet endroit pendant longtemps et ça lui a pris plus d’un an à y aller volontairement avec le jeu du passager. Et une fois cet exercice acquis, il avait compris que la carrière n’était pas un endroit de supplice mais qu’on pouvait y faire de l’exercice de façon agréable quoique je dois dire qu’on y allait rarement et on n’y restait pas longtemps.
Fait intéressant, lors d’un départ en randonnée seul c’est par ce jeu que je l’ai finalement convaincu qu’il ne mourrait pas si nous partions seuls et que je ne lui dicterais pas constamment où aller. On n’est jamais allé loin. Je peux vous dire que pendant des années nous sommes restés dans le grand champ. C’est lui qui m’a même enseigné les spécificités des zigzags soit qu’on allonge les lignes mais restons quasi sur place sur l’axe vertical quand on est inquiet. Les articles Approche, retrait, approche (3) de la série BÂTIR LA CONFIANCE expliquent bien cette technique.
Certes que c’est un exercice qui demande de la persévérance et de la constance de la part du cavalier(e).
Parfois j’amenais Indy en cheval de bât avec lui et nous faisions toujours mon jeu du cavalier passager dans le champ. Il était plus confiant avec Indy une de ses partenaires de paddock et il osait aller un peu plus loin.
Cet exercice a été à la fois très révélateur et aussi très efficace. Ce cheval est devenu un partenaire tout à fait incroyable! J’ai très souvent regretté ne pas avoir rencontré Larry et les autres horsepersons avant afin de lui éviter tout ce stress et cette opposition. Le seul réconfort c’est que je le montais qu’à l’occasion avant sa réadaptation donc je n’ai pas trop contribué à développer ce réflexe d’opposition.
Poney est devenu un partenaire tout à fait exceptionnel. Il adorait nos moments ensembles et j’ai eu beaucoup de plaisir à le monter avec deux chevaux en cheval de bât. Nous avons commencé par le ‘’cavalier passager’’ dans le champ sur la propriété. Il était très fiable et léger. Parfois juste pour amener le troupeau brouter j’en avais 3 en cheval de bât. Plus facile pour moi de manipuler les 4 chevaux assise sur Poney.
Puis quand il est devenu très à l’aise nous avons fait des randonnées, toujours avec au moins une autre copine à cheval. Je peux vous dire qu’il a été photographié ++++ car c’est exceptionnel de rencontrer un cheval de bât en randonnée et encore moins deux. L’article ‘’Le cheval de bât’’ de la série PARTENARIAT explique bien cette technique.
Cavalier passager = cheval sentinelle
Cette technique de cavalier passager demande aussi au cheval d’être la sentinelle car il n’est pas micro-géré et doit décider de lui-même où aller et surtout avoir le courage d’y aller. L’article ‘’Le concept de la sentinelle’’ de la série BÂTIR LA CONFIANCE explique bien ce concept. Quand c’est le cheval qui joue le rôle de sentinelle, ça le responsabilise car cela prend de l’assurance et encourage la bravoure. Lyne nous le rappelle dans ce texte.
Certes que dans certains cas chez un cheval peu motivé, peu intéressée ce n’est pas par manque de courage qu’il va nulle part mais plutôt par manque d’intérêt. Triste à dire mais ça peut être le cas chez certains chevaux.
Quand on a un cheval qui a de l’expérience et une bonne connexion avec lui, on n’a pas besoin de faire ça souvent car le cheval nous dit rapidement comment il se sent et où il doit explorer pour s’assurer qu’il est en sécurité. Alors l’effort n’est pas nécessairement un exercice physique exigeant mais ça implique les sphères mentale et émotive. Certes qu’on ne passe pas notre vie à faire ça sinon on irait peut-être nulle part. Mais pour bâtir la confiance c’est fort utile et on y voit des progrès. Un jeune cheval qui a eu la chance d’être ainsi entraîné devient de plus en plus confiant et ne nécessite plus toutes ces stratégies. C’est le cas de chevaux super calmes que l’on voit en concours; comme me disait Lyne récemment, ‘’ il y a des heures et des heures de préparation derrière ça’’. J’ose ajouter de bonne préparation.
Larry n’a jamais oublié Poney
Dix ans plus tard j’ai fait un stage de horsemanship et de randonnée au Costa Rica avec Fawn Anderson, de Classical Natural Vaquero des USA; une élève de très longue date de Larry. L’épouse de Larry était présente. Larry avait subi 18 mois plus tôt un AVC sévère et son épouse avait besoin de repos et de répit. Fawn l’avait invitée à se joindre à nous. Voilà qu’elle me dit un jour ‘’on va faire un facetime avec Larry, évidemment je ne lui demanderai pas de te nommer mais on verra ce qu’il a à dire’’
‘’Larry regarde qui j’ai rencontré ici, Denyse du Québec!’’
Et lui de répondre avec le même ton fort et sec ‘’ Le beau fjord; jamais dans 10,000 chevaux ai-je vu tant d’opposition’’. Oh Boy! Larry n’avait pas oublié.
Et moi de lui répondre : ‘’ je t’envoie une vidéo, Poney est rendu léger comme une plume et monté dans le manège sans bride même s’il y a plusieurs cavaliers et même dehors sur le terrain.… une métamorphose grâce à toi, MILLE FOIS MERCI!
Un cheval partenaire
Photo : Assise à cru sans bride sur Poney : il s’était retourné pour se connecter avec moi.
Cela a tellement bonifié notre relation. Poney n’avait des yeux que pour moi et me consultait toujours pour voir si c’était OK quand on faisait des activités ensembles soit des stages ou des vacances avec ma jument et parfois avec une amie. Il a laissé sa marque partout où il est passé car c’était un ‘’clown’’.
Récemment, une connaissance m’écrivait pour me dire que ça faisait 15 ans notre dernière clinique avec Larry. Le samedi soir un mini orchestre western jouait de la musique dans le manège et j’avais amené Poney pour ‘’danser’’ si je peux dire. Marsha n’avait pas oublié car Poney nous avait fait rire ++++. Ce jeu du cavalier passager lui a permis de s’exprimer : c’était un bouffon.
De cavalier passager à cheval ‘’meneur’’ qui agit comme sentinelle
J’ai adapté ce principe de ‘’cavalier passager’’ lors du travail à pied en ne demandant rien à mon cheval quand j’étais à ses côtés, sauf qu’il ne pouvait pas brouter sans permission. Le cheval devient donc la sentinelle. Là encore ce fut un long voyage avant que Poney ose s’aventurer. Mais de plus en plus il prenait confiance en lui. Je l’ai souvent amené dans des stages et des vacances, ce jeu fut très utile. Même que lors de certains stages je ne me suis presque pas assise sur lui car il n’était pas prêt.
Indy a été ambassadrice d’équitation éthologique au Horse Lovers weekend à Upper Canada Village pendant 9 ans. Elle avait l’unique privilège de se promener dans le village avec une courte longe, puis en liberté avec une cordelette. Pour m’y préparer j’ai adapté le jeu du cavalier passager au sol en ne guidant pas Indy lors de nos promenades dans le village. Indy était la ‘’meneuse’’ sentinelle de même que l’exploratrice. C’est elle qui me dictait où elle voulait aller, quand elle voulait s’arrêter pour soit regarder quelque chose ou s’assurer qu’elle était en sécurité. Ce fut très aidant car je pouvais voir où elle était inquiète, où elle se sentait en confiance et où elle préférait aller. Toujours surprise car elle voulait toujours aller voir les moutons. Intéressant car quand nous arrivions près de leur champ, seulement quelques moutons visibles qui se mettaient à bêler très fort et là tout le troupeau qui était de l’autre côté de la colline s’amenait. Les moutons étaient à l’autre bout du village et très peu de visiteurs y allaient car c’était l’endroit où on mettait l’équipement, le foin et il fallait passer par un petit sentier. Indy, curieuse, voulait tout voir.
Tout comme elle s’arrêtait à la porte des édifices pour regarder à l’intérieur et même écouter quand il y avait des présentations des divers métiers. Jamais elle n’entrait.
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Toute cette préparation, aidée par Farrah Green l’invitée d’honneur à cet événement pendant plusieurs années a donné le résultat qu’elle a eu les 4 dernières années l’unique privilège de se promener seule dans le village ou pendant les parades soit en liberté ou en selle, sans licol ou bride qu’avec la cordelette. Il y avait 10,000 visiteurs en 3 jours. Ce jeu de cavalier passager adapté au travail à pied du cheval meneur combiné au concept de cheval/sentinelle, m’a beaucoup aidé à évaluer Indy et à développer sa confiance. Le prochain article ‘’Monter sans bride’’ fait référence à cette préparation afin d’assurer notre sécurité et notre succès.
Farrah voulait faire une vidéo d’Indy montée sans bride sur ce pont étroit. A gauche, un moulin projetait violemment de l’eau sous le pont : c’était très bruyant et l’eau éclaboussait le pont. Je me suis donc promenée à pied avec Indy. Au début j’étais la sentinelle devant elle, puis à son côté comme co-sentinelles et en dernier je me suis placée derrière elle où je serais assise en selle. Indy était donc la sentinelle-meneuse et était prête ; la vidéo fut une réussite.
Un exemple
Récemment une copine qui a perdu son fidèle partenaire de 26 ans a acheté une superbe jument de polo mise à la retraite vu ses 14 ans. Une jument qui a vécu un entraînement intensif et qui était très introvertie à son arrivée. Le vétérinaire de l’équipe lui a fortement conseillé ce cheval vu son comportement exemplaire tout en lui disant qu’elle avait été esclave toute sa vie……
Au début, sa jument avait un regard hagard, yeux vides. Elle fuyait tout regard et tout contact et était d’une politesse exemplaire mais comme je lui disais ‘’Parfois, il n’y personne en haut entre les deux oreilles’’ même à en être catatonique. En temps de le dire Cortado s’est permis de nous regarder, d’interagir et à chercher notre regard. Lori Ann a fait beaucoup attention à elle. Maintenant, quand elle nous voit si elle est au box, elle grogne pour avoir notre attention, pour se faire caresser ou tout simplement pour nous dire qu’elle est prête à retourner au paddock.
Quelques mois après son arrivée, alors que je me préparais à sortir en randonnée avec Indy je dis à mon amie ‘’si tu veux sortir à l’extérieur du manège une première fois on pourrait faire le jeu du passager et la laisser aller où elle désire en autant que ça ne soit pas dangereux. Et si elle décide de rester autour du montoir extérieur eh bien ça sera OK’’
Quelle ne fut pas notre surprise. Cortado s’est mise à explorer le pourtour de l’écurie, se promener entre les paddocks et même explorer la propriété dans le calme le plus complet.
Quel plaisir pour Lori Ann et la jument! La première fois dans sa vie qu’on ne lui dictait pas où aller, quoi faire. Indy était proche, plutôt en arrière et la suivait bien calmement. Souvent quand elle sort sur la propriété Lori Ann joue le jeu du cavalier passager et la jument adore ça. Elle est intéressée, curieuse et calme.
Un autre exemple
Une dame qui monte son cheval de 15 ans exclusivement dans le manège m’a entendu parler avec Lori Ann du jeu du cavalier passager. Elle a essayé ça dans le manège et fut très surprise : son cheval est resté au montoir et ne bougeait pas de là. Oh boy! Le montoir est en plus tout près de la porte de sortie………..ça veut un peu tout dire. Elle a attendu longtemps, même très longtemps et toujours son cheval était gelé sur place. Je lui ai conseillé d’attendre tant qu’il ne bougerait pas et que cette attente lui donnerait beaucoup d’information sur l’état mental et émotif de son cheval. Lors de chaque essai, toujours le cheval restait immobile au montoir.
Je n’ai pas compté le temps qu’elle y est restée. Par la suite elle débutait sa routine habituelle. Il y avait chez ce cheval autant un manque d’intérêt et de motivation qu’un peu de crainte.
Elle a aussi réalisé qu’une fois parti, si elle ne lui disait pas où aller, son cheval restait dans le premier tiers du manège car il n’était pas à l’aise près des deux coins au fond du manège. On a donc discuté des techniques d’approche/retrait/approche, des concepts de ‘’sweet spot’’ et du confort/effort afin d’aider ce cheval à être à l’aise au fond du manège. Les articles concernant ces concepts sont dans la série BÂTIR LA CONFIANCE.Tout comme l’article ‘’Mon cheval a peur dans le manège? comment gérer’’ de la série PARTENARIAT AVEC LE CHEVAL Je lui ai conseillé la technique du ‘’Patron des coins’’ article à paraître sous peu dans cette série. Comme je lui disais ‘’si je ne modifie pas mes façons de faire, mon cheval aura toujours le même comportement. La balle est dans ton jeu et non dans celui de ton cheval’’. Elle a fait ses devoirs et cela s’est amélioré.
Il faut dire que ce cheval constamment micro-géré a possiblement aussi un manque d’intérêt et de motivation. Le jeu du cavalier passager tout comme le ‘’ patron des coins’’ vont certes démontrer cela de façon évidente. Quand les gens sont prêts à réaliser ça, cela leur permet d’apporter des modifications dans leurs façons de faire. La dame a commencé à mettre des cônes et des barres su sol afin de stimuler l’intérêt chez son cheval.
Conclusion
Depuis que j’ai été initiée à ces concepts, j’ai réalisé que nos chevaux tentent de communiquer avec nous afin d’établir une conversation à double sens beaucoup plus souvent que nous le réalisons. Plus ils sont impliqués comme participant actif dans notre partenariat plus nous serons en sécurité et aurons du plaisir!
Le jeu du passager, une excellente technique à utiliser au printemps quand on n’a pas eu un hiver où les conditions météorologiques nous permettaient d’aller dehors souvent. Il en est de même quand on initie un cheval à la randonnée ou quand on voyage avec notre cheval. Oui, intéressant de l’amener avec un cheval confiant qui a de l’expérience mais toujours intéressant de leur laisser le loisir de décider quand bouger et où aller.
Quand l’humain n’intervient pas et qu’on laisse au cheval le choix de l’endroit où il peut aller avec confiance, vous aurez des SURPRISES! Eh! oui des SURPRISES!