Le coucher : une étape clé de confiance et de connexion
Article rédigé par Denyse Rousselet
Plusieurs personnes m’ont souvent demandé comment je suis parvenue à ce qu’Indy se couche si facilement un peu partout quand je lui demande dans la mesure où elle se sent en sécurité donc dans son ‘’sweet spot’’.

Certes que nous avons un parcours un peu particulier et je dirais non traditionnel pour y arriver en ce sens que j’ai commencé par l’intention. J’ai eu l’immense privilège de voyager et travailler avec une trentaine de horsemen/women fort compétents et inspirants pendant 300 jours. En plus des multiples formations qui m’ont aidé à peaufiner ma relation avec Indy et affiner notre connexion. Évidemment sans oublier mes 5 ans de partenariat à écrire pour le blog de Lyne, une horsewoman exceptionnelle, toujours à l’écoute. Toutes ces personnes m’ont influencé et enseigné des stratégies afin de parfaire ma relation avec Indy.
Les articles de la série APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION nous rappellent les 5 façons de communiquer avec le cheval soit
- La voix
- Le toucher
- Le drive et l’aspiration : peu utiles pour le coucher
- Le synchronisme et mimétisme
- L’intention
Pour le coucher mes premières expériences furent par INTENTION lors de cliniques avec Jerry Williams et Pete Rodda des USA puis par MIMÉTISME avec Eric St-Arnault, horseman québécois réputé. J’ai donc pu à la suite de ces expériences instaurer un CODE VERBAL et par ce fait je n’ai jamais eu recours au toucher.
Je dois dire que nous avons eu un parcours à l’inverse de l’habituel.
Il y a différentes techniques utilisées pour atteindre le coucher. Toutefois ces quatre pré-requis sont non négociables.
- La relaxation. Mon cheval doit être détendu donc sur l’endorphine afin de pouvoir se concentrer sur son apprentissage. S’il pense à sa survie et la fuite, il ne pourra certes pas répondre à notre demande et certes pas se coucher.
- Mon cheval ne doit pas être sous pression mentale d’obéir car ce n’EST PAS DU PARTENARIAT. Je recherche le bon vouloir.
- Le ‘’sweet spot’’ est fort important. Il ne faut certes pas demander à notre cheval de se coucher s’il ne sent pas en sécurité à cet endroit car ça diminue grandement nos chances de succès. Les chevaux sont des proies et lorsque couchés ils sont très vulnérables. C’est la raison qu’en troupeau il y a toujours un cheval sentinelle qui surveille et épie pendant que les autres se reposent même dorment. Mon cheval doit être calme et détendu sinon il n’est pas en état de collaborer mais est quasi forcé à se coucher.

Photo : Poney et Aramis couchés en décubitus sternal et Indy couchée en décubitus latéral. Ils se reposent pendant que Sheherazade assume le rôle de sentinelle. On voit son ombre à droite de la photo.
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Photo : Thor et Freya se sont quasi précipités pour protéger Indy qui s’était couchée. Pourtant c’était très récents que ces fjords sauvages avaient été introduits dans le paddock seuls avec Indy car les 3 congénères de la photo ci-haut sont décédés. Leur instinct est naturel de protéger un des leurs couché. Tout comme Indy se sentait en confiance de se coucher avec ses nouveaux partenaires de paddock.
4. Nous devons aussi respecter le concept de confort/effort et inconfort/pas d’effort. D’autant plus que lors du coucher on demande au cheval un mouvement où il risque de se sentir très vulnérable. Même si nous sommes dans l’environnement habituel du cheval il n’est pas nécessairement dans un état de détente étant inquiet de quelque chose cette journée-là. Nous devons être conscient(e) de l’état émotif de notre cheval.
Les articles ‘’Le concept du ‘’Sweet spot’’ ou zone de confort’’ de même que ‘’Le concept du confort-effort-inconfort, le connaissez-vous’’ ‘ et ‘’Votre cheval est-il détendu’’ de la série BÂTIR LA CONFIANCE expliquent bien ces concepts fort importants. Tout comme l’article ‘’ LE BON VOULOIR : un cheval qui dit ‘’oui’’ de la série PARTENARIAT.
Puis, quand on respecte ces 4 concepts il nous faut alors travailler :
- La connexion. Le cheval doit être attentif et bien connecté à son leader. Son esprit est avec son humain et non l’environnement. Pour cela il ne doit pas être inquiet.

2. Puis on pense au synchronisme au niveau des pieds. Il est naturel pour les animaux de se synchroniser avec les pieds de leurs congénères. Ça démontre la connexion. C’est à l’humain d’y porter attention car le cheval le fait automatiquement avec son humain, surtout si c’est un cheval qui vit en troupeau. Certes que lorsque nous sommes en synchronisme nous sommes. bien connectés et ça augmente notre succès avec le mimétisme.


Photos : jument et son poulain de Lindsey Partridge de Harmony Horsemanship en Ontario. Indy en synchronisme avec moi malgré que je sois très pressée car je devais quitter pour un rendez-vous important et j’avais besoin de cette photo pour un article. Le camion du maréchal ferrant avait son feu allumé et je voulais démontrer la position de l’humain sentinelle. A l’écurie qu’un cheval ferré donc je devais profiter de la présence de ce maréchal.

3. Puis on progresse vers le mimétisme lors de différents exercices.
a) Un excellent exercice est le slalom dans une série de cônes. Le cheval suit nos épaules mais en réalité c’est notre ‘’ligne directrice’’ longitudinale (drive line) de 6 à 12 qui pousse sur celle du cheval ou attire celle du cheval. Ainsi le cheval se synchronise à notre position des épaules. On marche sur une ligne droite en parallèle aux cônes puis on se tourne vers les cônes puis vers l’extérieur. Cet exercice augmente notre connexion avec le cheval.

Une autre vidéo avec une longe
b) Un autre exercice fort intéressant : le cheval adopte l’allure selon l’orientation de mes épaules lorsque je le mets sur la longe.
Un concept peu enseigné mais fort efficace surtout quand on travaille en liberté.

c) Puis un autre exercice de mimétisme à la longe. Je demande à mon cheval de baisser la tête par mimétisme lorsqu’il est longé. Quand je vois des chevaux complètement enrênés ça m’attriste.
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Cette vidéo fut prise lors de notre premier essai et je dois dire que je ne longe pas Indy. Certes que vous allez me dire que ce n’est pas très élégant comme position pour l’humain, j’en suis bien en accord, mais combien efficace et j’ose même dire plus poli pour mon cheval d’autant plus que lorsque le cheval a adopté la position on peut se relever.
Une fois que mon cheval a appris cette manœuvre, on n’a qu’à pencher notre tête et il fera de même.
L’article ‘’Approfondir notre communication par le synchronisme et le mimétisme’’ de la série APPROFONDIR NOTRE COMMUNICATION explique ce concept.
4. Une fois que j’avais bien travaillé ces manœuvres on a pu réussir cet exercice lors d’une clinique de Horsemanship avec Eric St-Arnault, horseman québécois inspirant. Je n’avais jamais tenté l’exercice. Eric m’a dit ‘’ Indy est confiante ici, tu peux lui demander de se coucher en baissant les genoux et par mimétisme, elle le fera’’. Et oui, ce fut un succès lors du premier essai. Indy s’est même couchée en décubitus latéral. Comme me disait Eric ‘’tes devoirs de préparation étaient faits’’ et moi d’ajouter ‘’ Indy aime être regardée et elle se sait admirée’’.


5. Puis j’arrive à l’intention… quasi de la magie. Lors de 3 cliniques de 4 jours à un an d’intervalle avec les américains Jerry Williams et Pete Rodda, Indy m’a démontré qu’elle était bien connectée et comprenait mon intention. Leur demande était que notre cheval soit debout derrière nous au bout d’une longe de 22 pieds (6.7 mètres). Nous ne devions pas le regarder donc leur tourner le dos tout en étant debout et devions tenter de leur demander un état de relaxation complète.
La première année on a fait cet exercice deux fois et les deux fois Indy s’est couchée en décubitus sternal, seul cheval couché sur 12 chevaux. Elle avait certes bien compris mon intention et était à l’aise et confiante dans ce milieu.


Les 2e et 3e années on a fait cet exercice plusieurs fois et chaque fois Indy se couchait complètement à plat en décubitus latéral. Aucun autre cheval ne s’est couché. Indy en profitait pour se reposer et restait couchée une quinzaine de minutes même si les autres chevaux bougeaient dans les alentours.


Ces 12 jours avec ces excellents horsemen ont précédé l’exercice ci-haut par mimétisme. Certes que ça avait préparé Indy pour l’exercice par mimétisme demandé par Eric.
6. Une fois qu’Indy s’était couchée plusieurs fois par intention ou mimétisme j’ai introduit un code verbal soit ‘’Indy lie down’’.
A ma grande surprise ce fut très efficace. Indy comprenait ce que je lui demandais dans la mesure où je respectais les prérequis. Au retour de cette troisième clinique alors que nous étions dans le manège, moi assise sur Poney et Indy en cheval de bât, les copines m’ont demandé ce que j’avais appris à ma clinique. Voilà que je leur ai fait un résumé, puis j’ai demandé à Indy de se coucher. J’en fut estomaquée. Était-ce le code ou l’intention ou les deux je ne sais pas, mais ce fut un succès à plusieurs reprises!

J’ai par la suite essayé avec des enfants car Indy est particulièrement attirée par eux. Le code était solidement installé, elle était calme et confiante et ça toujours été un succès.
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Puis une fois que je sentais qu’Indy s’étendrait de tout son long, je lui ai demandé ‘’ Are you tired? Et voilà qu’elle s’est complètement étendue. Ce code fut rapidement compris.

Certes que tous n’ont pas le privilège que j’ai eu de travailler ainsi avec des “horse persons” fort compétents et inspirants.
Une fois que nous avons les prérequis ci-haut cités on peut certes suivre un autre parcours mais ce qui est fort important que mon cheval collabore et n’est pas quasi forcé à se coucher. On se doit de respecter les prérequis.
Nous savons que dans le temps les méthodes pour faire coucher un cheval étaient parfois cruelles. Triste!
Lyne nous le rappelle fort bien.

N’oublions pas la ligne est bien mince entre CONFORMITÉ, OBÉISSANCE ET BON VOULOIR! concept fort important.
Plusieurs personnes utilisent le TOUCHER. On tapote doucement derrière le genou du cheval afin qu’il plie le membre. Quand il plie chacun de ses membres antérieurs le coucher en position décubitus sternal est habituellement acquis dans la mesure où le cheval est détendu et dans son ‘’sweet spot’’.
Heidi Flint, petite fille de Lyne le démontre avec son poulain dans cette excellente vidéo.
Mémo de Lyne : Heidi, ma petite-fille a acheté un poulain d’origine ranch, elle a fait tout le travail à pied. Chaque mois , elle devait faire parvenir une vidéo à l’AQHA de son travail accompli. À la fin du programme, elle devait faire une vidéo d’un travail supplémentaire, elle a choisi le coucher. C’est pourquoi cette vidéo s’appelle Wild card. Je suis très fière de son accomplissement, de la connexion qu’elle a créé avec son poulain, du plaisir qu’elle a eu à travailler avec Toby. De plus elle a appris à s’exprimer devant une caméra ce qui n’est pas évident.
Bravo Heidi, d’une grand-mère plus que fière de tes accomplissements. (un petit blooper à la fin de cette vidéo 😁
Amusez-vous!



