Enrichir l’environnement de votre cheval ! Offrez liberté, mouvement et bien-être à votre cheval grâce au Paddock Paradise ou au Track System.
De l’idée à la réalisation : tout ce que vous devez savoir pour construire un Track System efficace ou un Paddock Paradise.
Article écrit par Denyse Rousselet
Cet article fait suite à l’article ‘’Enrichir le Milieu de Vie du Cheval !’’ de cette série SUJETS VARIÉS où je parle des divers concepts à respecter afin d’améliorer la vie de même que l’environnement de notre cheval et ainsi éviter l’ennui et les stéréotypies.
On y parle de l’importance de la socialisation et de la liberté de mouvement donc de vie le plus possible au paddock de préférence en groupe.
Les concepts les plus récents concernant les paddocks sont le ‘’track system’’ et ‘’paddock paradise’’. Plusieurs sites internet se consacrent à ces concepts tout comme sur Facebook. Des sites parfois en anglais mais les photos valent la peine afin de donner des idées comment procéder. On peut aussi poser nos questions et interagir avec les membres sur les sites Facebook.
Sites internet
- Le Paddock Paradise pour les chevaux : guide sur les systèmes de pistes : MadBarn
- Qu’est-ce qu’un Paddock Paradise- Les Prairies de Gaïa en France
- Le Paddock Paradise : https://equi-libres.be
- https://www.chevalparadise.com
- Paddock Paradise : A guide to Natural Horse Boarding
- Alter-equus.org: Le paddock paradise
- Track system/Ponies at home a une foule de schémas sur ce concept
Sites sur Facebook
- Paddock paradise &Track system official
- Paddock Paradise-Australia
- Paddock Paradise of the Carolinas
- Paddock paradise pour les francophones
- Paddocks paradise en Belgique
- Track/paddock paradise/enrichment livery
- Horse Track System
- Enrichment for horses
- Delight Walker Elevage TWH : pension équi-pistes
- Ecuries du Clos de la Motte
YouTube
- Equi’pan (L’Équitation pour tous)
Les chevaux à l’état sauvage et au paddock
Il est reconnu que les chevaux à l’état sauvage se regroupent afin de trouver les meilleurs endroits pour brouter, surveiller la présence des prédateurs, protéger les poulains. Et lorsque nécessaire trouver des abris. Lorsqu’ils se déplacent, ils le font aussi en groupe. L’équipe de chercheurs de Madbarn en Ontario nous dit qu’à l’état sauvage les chevaux peuvent couvrir jusqu’à 30km par jour. Lors d’espaces moins vastes les chercheurs parlent de 7 à 15 km/jour.
Photo : Chevaux au Cardinal ranch en C-B.
On ne peut pas toujours donner à notre cheval l’espace comme Indy a eu au ranch où elle a été élevée dans une vallée de 12 km pendant 4 ans puis 1 an au ranch de 1,200 acres. Mais donnons-leur la chance d’avoir quelques amis et de l’espace pour se déplacer. Intéressant de les voir se rassembler malgré les acres qu’ils ont à leur disponibilité. Dans la photo ci-haut les chevaux sont TOUS AUX AGUETS car ils surveillent quelque chose, possiblement un prédateur au loin alors que les poulains sont couchés et sont sans soucis. Les adultes sont entre ce qui les inquiète et les poulains.
Quasi à tous les jours pendant le mois que j’ai passé au ranch j’ai entendu des ours dans la forêt et vu 3 fois des ours dont 2 de près. Quant aux coyotes on en voyait le matin. Un gros mâle venait à tous les matins tenter d’attaquer le troupeau. La jument de tête le confrontait alors que le troupeau était en arrière et surveillait très attentivement. Un fait intéressant : quand le prédateur rebrousse chemin il NE REVIENT PAS. Là j’ai compris l’expression ‘’BATTRE EN RETRAITE’’. J’ai aussi compris que les chevaux reviennent au calme rapidement sinon l’adrénaline accumulée les épuiserait. L’endorphine est rapidement sécrétée.
Photo : Indy au centre, chevaux sur l’endorphine tout de suite après que le gros coyote avait rebroussé chemin. J’ai réalisé plusieurs années plus tard la valeur de cette photo ainsi que son impact sur notre travail avec nos chevaux : nous devons encourager la sécrétion de l’endorphine.
Petra Christensen de GENUINE CONNECTION Horsewomanship des USA parle de l’importance de permettre à notre cheval de vivre selon ses besoins.
Aimons notre petit troupeau. Plus on peut garder nos chevaux dans leur environnement naturel plus ils auront un comportement normal en troupeau. Quand les gens parlent de comportement du cheval ils sont souvent plus influencés par les humains que par les chevaux à cause du mode de vie de leurs chevaux, souvent pas naturel en plus d’entraînement parfois stressant.
Dans le paddock les chevaux devraient vivre en groupe et avoir suffisamment d’espace pour se déplacer. Il est toutefois intéressant de les voir se tenir relativement proches malgré l’espace disponible. Ça assure leur sécurité. Sur la photo de gauche lorsque Indy se couche les 2 fjords lui font toujours face. Les chevaux doivent voir leurs congénères car ils assument tous la surveillance en cas où se présenterait un prédateur.
Jaime Jackson, pareur professionnel a développé le concept de PADDOCK PARADISE suite à ses études poussées sur divers troupeaux de chevaux sauvages. Il a étudié particulièrement les mustangs vivant dans le Great Basin aux USA.
Ce que l’on vise c’est d’imiter le plus possible la liberté de mouvement tout comme la socialisation chez nos chevaux domestiques. Les chevaux sauvages se déplacent en groupe à la recherche de nourriture, d’abri et de l’eau. Par ce fait ils tracent des routes malgré l’immensité du territoire. Tout comme lorsqu’on voyage en Afrique et que l’on voit les troupeaux d’herbivores se déplacer. Ils empruntent non seulement les mêmes routes mais sont à queue leu leu pour aller aux divers endroits.
Dans le contexte d’enrichir l’environnement de notre cheval nous avons dans l’article précédent parlé des besoins fondamentaux des chevaux soit les 3F. Léa Lansade chercheure et autrice dit que nous devons ajouter un ‘’S’’ pour sommeil.
Je vais me concentrer sur le besoin de socialisation et de liberté de mouvement ce qui exclut la vie au box avec une sortie quotidienne seul dans son petit paddock.
Le ‘’track system’’ et le ‘’paddock paradise’’
Je développerai un peu les diverses pensées quant aux paddocks pour nos chevaux. Les deux systèmes encouragent le mouvement de notre cheval ce qui évite entre autres l’obésité assez fréquente chez nos chevaux domestiques. Dans la nature les chevaux couvrent de grandes distances afin de trouver nourriture, eau et abri. Ce sont des proies et il est reconnu qu’ils s’attardent rarement longtemps à un même endroit. Pour échapper aux prédateurs ils ont tendance à rester en mouvement s’arrêtant que pour brouter et se reposer en ayant toujours un ou des chevaux comme sentinelles.
En développant nos paddocks, nous encourageons le mouvement chez notre cheval.
Jaime Jackson nous rappelle que le tiers de la vie du cheval est consacrée à ce qu’il appelle les comportements de camping ; nous devons nous assurer de combler ces besoins chez notre cheval.
- Le repos
- Le toilettage mutuel ou individuel
- Le sommeil
Léa Lansade le dit fort bien quand elle ajoute aux 3F le besoin de sommeil chez les chevaux.
Photo : Indy, Poney et Aramis au repos alors que Sheherazade occupe le poste de sentinelle; on voit son ombre à droite. Freya une des 2 fjords norvégiens sauvages adoptés par la propriétaire d’écurie s’est liée rapidement d’amitié avec Indy,
Freya s’est liée d’amitié avec Indy et elles passent du temps à l’allo toilettage.
https://youtube.com/shorts/l9in8piBBbk
Le ‘’track system’’ ou parcours équipiste
Le ‘’track system’’ tel une piste de course répond au besoin du cheval de couvrir une certaine distance dans la journée afin de brouter et même de flâner ceci dans le but d’imiter leur train de vie naturel. Ils ne sont pas programmés pour avoir de la nourriture à simple portée comme dans leur vie au paddock où souvent ils mangent dans des filets afin de prolonger le temps qu’ils ingèrent mais ils ne bougent pas trop. Je les observe beaucoup et constate qu’ils changent de filet probablement afin de bouger tout comme pour révoquer leur territoire.
Le ‘’ track system’’ encourage le mouvement car les chevaux doivent se déplacer pour avoir les ressources dont ils ont besoin : nourriture, abri, eau tout comme dans leur habitat naturel. Dans la nature, les chevaux créent des pistes sur leur territoire. Ils se déplacent en troupeau et passent de la nourriture à l’eau, à l’abri et recommencent ce cycle créant ainsi des pistes très visibles.
Dans ce système on tente d’imiter la nature : le foin est éparpillé un peu partout et les chevaux doivent couvrir de la distance pour se nourrir, tout comme pour s’abreuver ou chercher le refuge des insectes ou des intempéries dans l’abri. Évidemment ça prend beaucoup de terrain pour permettre ce système mais si on peut le faire, c’est certes très bon pour le cheval. Il y a même des fermiers qui mettent leur culture au centre. Quoique ça soit tout à fait excellent pour les chevaux, le coût pour les clôtures n’est pas à négliger. Il y en a beaucoup, voire le double si on fait qu’une ‘’track’’ autour du champ. Si on fait des pistes à l’intérieur eh bien là aussi on double la longueur des clôtures.
Photo : champ avec une seule ‘’track’’. Crédit Madbarn
Photo : un système de track paddok plus sophistiqué : source Track System/Ponies at home
On peut aussi diminuer leur accès à l’herbe mettant certaines parties du pâturage clôturés. Ça assure aussi d’une part que le pâturage ne soit pas trop mangé et permet si plus d’un pâturage d’alterner ce qui favorise la repousse de l’herbe.
Photo : track paddock d’une amie.
On voit à gauche une des allées. Au bout il y a quelques allées et les chevaux peuvent revenir au point de départ par la droite. L’abreuvoir est proche de l’écurie. Elle va porter le foin à divers endroits en VTT ou en motoneige l’hiver. L’abri est loin. Ainsi les chevaux doivent couvrir du terrain comme dans la nature.
On modifie aussi la texture du sol afin que les sabots soient stimulés. Lockie Philips, horseman réputé d’Espagne offre à ses chevaux des surfaces gazonnées, de sable, des roches et de l’eau dans son ‘’track system’’.
D’autres exemples tirés des sites Facebook ci-haut cités.
Amy Dell d’Abbotts View Livery : Barefoot and back to Nature décrit très bien dans son livre ‘’Horse Track system’’ comment s’y prendre pour bien réussir et surtout pour éviter les erreurs fréquentes et coûteuses. Elle offre même ses services de design pour ce type de paddock puisqu’elle s’est lancée en affaires afin de répondre aux besoins de la clientèle.
Son livre donne beaucoup d’information sur la façon de procéder de même que les erreurs à éviter.
Le site Facebook ‘’ Paddock paradise &Track system official‘ donne amplement d’information sur les façons de concevoir un tel paddock. Amanda van Liempt-Remmington attire l’attention par les spécifications qu’elle donne quant à son paddock.
Elle gère 2 mini troupeaux sur son terrain de 6,5 hectares. Les photos sont nombreuses et aident à nous donner des idées/suggestions.
Photo : Paddock à Amanda van Liempt-Remmington
Paradise paddock
Alors que le ‘’track’’ système offre l’espace, les surfaces variées, l’étalement du foin et des éléments tels l’abri et l’abreuvoir, le paradise paddock décrit en plus les bienfaits du paddock ludique offrant des stimuli variés de même que des textures variées pour les sabots.
Jaime Jackson recommande que l’on retire les chevaux de leur paddock une heure par jour et qu’on le mette dans un enclos avec des jouets. Peut-être pas des plus pratique. La plupart des auteurs nous proposent plutôt d’ajouter des jouets dans le paddock paradise. Des jouets à suspendre, des brosses sur les murs ainsi que des jouets au sol.
Et de plus en plus on tente d’offrir à nos chevaux des jeux, même simples afin de les stimuler mentalement et développer leur goût pour le jeu et éliminer l’ennui. N’oublions pas de mettre des jouets sécuritaires pour nos chevaux. Il est bien reconnu que la pauvreté de l’environnement du cheval apporte divers problèmes comportementaux. L’article ‘’Les comportements stéréotypés’’ de cette série sur le PARTENARIAT décrit les problèmes causés par le manque de stimulation et de socialisation chez les chevaux.
Panini le poulain de Joëlle Boulay joue avec un ballon suspendu dans son abri. Merci Annie Mercille, amie de Sylvie Desbiens des Services Équestres-Éthologiques de m’avoir permis d’utiliser cette vidéo du poulain de votre fille Joëlle.
https://www.facebook.com/reel/1176668336992436?fs=e&fs=e (copier le lien pour voir la vidéo)
Le livre de Jaime Jackson a été traduit en français. Les concepts de ce livre sont basés sur le style de vie des Mustangs sauvages américains vivant en liberté dans le Grand Bassin aux USA.
Quelques éléments à considérer
Les chevaux doivent avoir un abri afin de les protéger lors des intempéries d’autant plus qu’ils ont rarement des abris naturels par des arbres.
Prévoir l’accès à l’eau, habituellement relativement proche de l’écurie surtout quand on vit au Canada, les hivers sont rigoureux et l’eau ne doit pas geler.
Il faut aussi voir à la façon de ramasser le crottin, peut-être pas tout le crottin mais il faut penser à l’invasion des parasites et des moustiques. On doit toutefois en laisser un peu car le cheval dominant laisse sa trace dans le crottin. Il marque son territoire avec son crottin.
Pour nous au Canada avec la neige l’hiver il faut aussi prévoir l’équipement pour déblayer certains endroits de même que pour étaler le foin, ramasser le crottin pendant la saison hivernale. De même ça prend un abri pour cet équipement supplémentaire.
D’autres auteurs
Malheureusement dans la langue de Shakespeare.
Permaculture équine
Ce livre TRÈS détaillé sur la permaculture équine donne une foule d’informations quant à quoi mettre comme pâturage.
Gwenaëlle LeRoux, auteure de ce livre nous amène à voir la culture dans nos paddocks d’un œil fort différent.
Elle dit que les chevaux savent s’automédicamenter. Je ne porterai pas de jugement face à cette donnée car je n’ai pas de compétence dans ce domaine. Certes que les chevaux élevés comme ma jument Indy dans une immense vallée de 12 km pendant 4 ans puis au ranch de 1200 acres pendant 1 an semblent savoir quoi manger et surtout quoi ne pas manger. Ces chevaux vivent en liberté dans un territoire immense et jamais ils ont perdu un cheval autrement que par un prédateur et je parle de plus de 500 chevaux.
Madame LeRoux dit que les chevaux
• éviteront les plantes toxiques
• vont réguler tel ou tel besoin en tel ou tel apport (pour se soigner, pour s’alimenter, pour combler une carence)
Oui ce serait vraiment chouette et pratique mais je ne suis pas certaine que les chevaux de nos élevages moins sauvages vont savoir quoi éviter. Une amie a perdu sa jument et la jument de sa copine suite à l’ingestion des feuilles d’érables ensevelies dans la neige. Elles habitaient tout près de l’hôpital vétérinaire mais n’ont pu être sauvées.
Scott Cieslar, fondateur de Madbarn en Ontario a fondé sa compagnie de produits pour alimenter les chevaux suite à ses études doctorales sur la nutrition équine. Il a trouvé que les produits vendus ne répondaient pas aux besoins réels des chevaux. Son équipe d’experts en la matière ont démontré que les chevaux avaient souvent des carences, entre autres en vitamine E. Scott nous a dit lors de ses conférences que les deux seuls éléments que nos chevaux peuvent auto-réguler c’est le sel et l’eau.
Mme LeRoux dit
- qu’il y a trop de chevaux carencés, dénutris, mais aussi plusieurs de suralimentés.
- qu’il y a trop d’intoxications (et de mortalités) liées à la toxicité des aliments qui leur sont accessibles.
- que les papilles savent que l’amertume, l’âpreté sont associées à la toxicité “en général” et que ce qui est toxique est souvent amer… sauf que tout ce qui est toxique n’est pas amer et tout ce qui est amer n’est pas toxique.
- une étude a été réalisée par C. Morel (suivi de l’infestation par des strongles chez un troupeau de tarpans dans le cadre d’une étude pilote à propos de l’automédication) dit qu’aucun lien entre la charge parasitaire et la consommation de plantes par les étalons tarpans n’a pu être mis en évidence.
ON FAIT QUOI ?
- on s’occupe d’identifier les besoins de chaque cheval.
- on les protège de ce qui est toxique, on leur met à disposition une flore adaptée à leurs besoins : des pistes et un design en permaculture équine c’est une solution efficace et qui évoluera pour s’ajuster au fil du temps.
- on vérifie ce qu’ils consomment, car mettre à leur disposition peut ne pas suffire. On s’assure que chaque cheval a bien accès au foin, à l’eau, à ses compléments : c’est notre job de gardien de s’assurer de ça. Par exemple, une pierre à sel à la disposition des chevaux ne présente aucune garantie, alors que si on met du sel dans la ration, on sait qu’ils vont le consommer.
- Scott Cieslar et son équipe de Madbarn en Ontario nous dit deux choses à propos du sel
- que les pierres à sel c’est pour les vaches car elles ont la langue rugueuse alors que nos chevaux ont une langue douce.
- Scott dans ses conférences et ses écrits nous dit que le cheval devrait avoir accès au sel libre et qu’il sait s’auto réguler. Certes pas dans les habitudes. Mes chevaux ont accès à du sel libre dans l’abri. Seul problème c’est que l’hiver la salive gèle le sel ce qui diminue leur consommation. Je leur apporte un seau de sel, seau que je garde à la chaleur de la sellerie.
Certes que vous trouverez dans cet article des idées qui peuvent améliorer la qualité de vie de votre cheval !
Note de Lyne
Merci Denyse pour cet article qui nous éclaire sur ces paddocks.
Et si quelques changements simples pouvaient transformer la vie de votre cheval ? Le Paddock Track System ou le Paddock Paradise permettent vraiment d’enrichir son quotidien, de stimuler son mouvement naturel et de favoriser son bien-être physique et mental.
L’idée est d’utiliser quelques éléments si vous ne pouvez le construire complètement.