Mot de Lyne
Un autre sujet important sur la compréhension du comportement du cheval face à différents stimuli qui peuvent affecter les réactions de celui-ci lorsqu’il est inquiet.
Il est tellement important de savoir comment agir lorsque le cheval est inquiet ou a vraiment peur. Il y a plusieurs éléments qui entre en ligne de compte.
Denyse décrit en détail tout ce que vous devez savoir afin d’aider votre cheval à surmonter sa peur et à se faire confiance.
Depuis plusieurs années, je me suis formée, appris à mieux comprendre le cheval, à mieux interagir avec eux, entrer moins en conflit, être plus dans la demande.
C’est ce qui m’a amené à développer le programme COMPLICITÉ à pied afin d’établir les bases essentielles de la communication et connexion avec le cheval.
Le travail à pied nous permet de passer de sentinelle à co-sentinelle à ce que le cheval devienne la sentinelle (voir article : Le concept de la sentinelle)
Ma philosophie se joint à tous ces entraineurs mentionnés dans cet article.
Suggérer pour mieux communiquer!
Je vous souhaite une bonne lecture 😍
Passionnément cheval! 🐎❤️
Lyne xxx
DÉVELOPPER LA CURIOSITÉ PUIS LA CONFIANCE FACE AUX STIMULI : ce qu’on appelle parfois désensibilisation/despook
Je n’aime pas le terme ‘’ désensibilisation’’ car ça sous-entend que le cerveau du cheval est à ‘’ OFF’’, qu’il n’y a rien ‘’entre les deux oreilles’’, qu’il est au NEUTRE, pas intéressé, pas là. Andy Booth l’explique très bien en disant qu’un cheval désensibilisé ne répond pas aux stimuli quelques soient les phases utilisées car le cheval est éteint.
Il dit que le cheval éduqué est sensible mais n’a pas peur des stimuli donc ne sent pas le besoin de bouger pour s’en éloigner : une énorme différence. Une amie me disait ‘’ je travaille à préserver la sensibilité de mon cheval’’ : très bien dit. Plusieurs entraîneurs préfèrent dire qu’ils éduquent leur cheval à RÉPONDRE, à RÉFLÉCHIR au lieu de RÉAGIR aux divers stimuli donc à penser avant de bouger les pieds de façon erratique, irréfléchie. Une expression plus longue mais certes plus explicite.
Eric St-Arnault parle de développer la confiance et le courage en aidant notre cheval à devenir curieux face à divers stimuli : une approche qui me plait beaucoup car elle garde le cheval dans un état calme (Les étapes d’exploration tout comme les signes d’un cheval inquiet (sympathique) et un cheval calme (parasympathique) sont détaillés dans l’article no. 6 sur la relaxation de cette série sur la confiance). On se rappelle que la relaxation permet l’exploration et la curiosité lesquelles mènent à la confiance et à l’apprentissage chez notre cheval. Un cheval curieux a l’esprit éveillé, voire intéressé; il cherchera à explorer, à investiguer, à toucher au lieu de se sauver.
C’est associé au concept ‘’association au positif’’ ie le cheval associe les stimuli positivement au lieu de négativement. Tout comme lorsque le cheval associe un endroit comme un ‘’sweet spot’, au lieu d’un endroit où il est non confiant. Toujours dans le contexte de développer un cheval confiant, courageux, intéressé, bon partenaire donc plus sécuritaire.
Dans le premier texte de cette série sur la confiance, j’ai fait référence aux divers types de confiance chez le cheval avec l’acronyme ATTELÉ (apprentissage, troupeau, environnement, leader, eux-mêmes). On ne traitera pas avec les mêmes stratégies le cheval qui a peur d’une vache, celui qui se sent coincé dans un espace restreint, celui qui a peur de traverser sur un pont ou a de la difficulté quand il change d’environnement.
Je me centrerai ici sur la technique pour aider le cheval à être à l’aise avec divers stimuli proches de lui TOUT EN PRIVILÉGIANT L’APPROCHE DU DÉVELOPPEMENT DE LA CURIOSITÉ AVANT TOUT. De là on pourra extrapoler pour d’autres stimuli; des textes futurs sur diverses stratégies d’approche/retrait aideront à peaufiner notre savoir-faire. Il ne faut pas oublier le pré-requis absolu avant d’exposer son cheval à quelconque stimulus : la RELAXATION n’est possible que dans sa ZONE DE CONFORT.
Il est reconnu parmi les entraineurs que le travail au sol est essentiel pour établir de bonnes bases chez son cheval. Dans les cliniques sur ce sujet, beaucoup de travail est fait au sol puis en selle dans la mesure où le cheval a une base solide au niveau de la confiance et donc qu’il est détendu. On n’a pas la permission de monter tant que le cheval n’est pas calme, à l’aise avec l’ensemble des stimuli présents.
La technique n’est pas difficile mais elle doit être appliquée rigoureusement sinon on fait du ‘’ flooding’’ ie qu’on inonde tellement le cheval qu’il devient soit réactif ou se renferme sur lui-même jusqu’à en devenir catatonique. Ce dernier semble calme mais c’est une ‘’ bombe à retardement’’ qui éclatera à tout moment. Une multitude d’entraîneurs condamnent fortement cette façon de faire. On recherche toujours un cheval calme car ainsi il pourra tenter d’explorer, devenir curieux.
Les principes sous-jacents à cette technique
- Quand on initie son cheval à divers stimuli, une règle de base est que ça doit être fait dans sa zone de confort afin qu’il puisse se centrer sur le stimulus. Sinon on a un double problème soit la peur de l’environnement en plus de la peur du stimulus.
- Il est essentiel de bien observer notre cheval dans les moindres détails de son langage corporel qui indiqueront soit de la relaxation, la tension et possiblement même de la catatonie.
- Les mouvements doivent être réguliers quelle qu’en soit la force : toujours le même rythme, pas de phases dans le mouvement. Dès que l’on met des phases c’est mettre plus de pression et ça va faire bouger le cheval car on stimulera sa ‘’bulle’’ et ce n’est pas le but. Les entraîneurs comparent ce mouvement au branlement de la queue du cheval : ça caresse, c’est amical.
- On éloigne le stimulus dès que le cheval démontre une certaine curiosité face au stimulus et pas avant sinon on lui enseigne que lorsqu’il a peur le stimulus part. Ça ne reflète pas la réalité. Ce n’est pas parce que le cheval a peur du tracteur par exemple, que le tracteur va partir ou même s’arrêter.
- Chez un cheval très curieux et enjoué je ne retirerai pas le stimulus car il a du plaisir et est confiant. Si c’est un cheval plutôt inquiet qui a eu le courage d’aller explorer, j’éloignerai le stimulus afin de lui donner du temps de récupération.
- On n’augmente JAMAIS la difficulté tant que le cheval n’est pas à l’aise au niveau pratiqué. Un acquis solide favorise l’apprentissage de la prochaine étape.
- On peut augmenter graduellement l’indice de difficulté, en tenant compte des réponses du cheval soit en augmentant l’intensité du stimulus mais toujours en gardant le même rythme dans le mouvement donc pas de phases, en augmentant la durée du stimulus, en diminuant la distance où se situe le stimulus par rapport au cheval ou en modifiant l’endroit par rapport au corps ou est orienté le stimulus i.e. la tête plus facile que l’arrière-train, le dos ou le ventre.
- Le ‘ TIMING’’ : super important. Il ne faut pas arrêter quand le cheval bouge et a peur car c’est déjà trop tard; il aurait plutôt fallu diminuer un peu l’intensité du stimulus ou l’éloigner avant que le cheval ne bouge les pieds. Plus facile à dire qu’à faire; d’où le besoin de professionnels pour nous aider dans notre parcours avec nos chevaux. On doit ÉLOIGNER IMMMÉDIATEMENT le stimulus au moment où le cheval démontre de la curiosité et surtout avant que le cheval bouge les pieds. Si le cheval a bougé les pieds, on doit CESSER IMMÉDIATEMENT dès qu’il arrête ( on tente toujours de ne pas l’amener à bouger les pieds mais aussi facile à faire qu’à dire).C’est la façon pour que le cheval comprenne qu’il a donné la bonne réponse. On ne veut surtout pas éduquer notre cheval à fuir donc à bouger les pieds quand il a peur.
- N’oubliez pas le retrait : important de se retirer à certaines occasions. habituellement parce que le niveau précédent de difficulté n’était pas solidement acquis et que le cheval n’était pas détendu tête basse ce qui indique que vous avez trop poussé; ce qui n’est pas toujours évident et facile à prévoir. Un cheval stressé ne pourra pas développer la curiosité. A ce moment le retrait se fait soit en:
– diminuant l’intensité du stimulus ;
– diminuant la vitesse du stimulus ;
– éloignant le stimulus ;
– en modifiant l’endroit par rapport au corps ie se diriger vers un endroit plus facile pour le cheval. - Un retrait est toujours suivi d’une approche dès que le cheval a retrouvé son calme sinon on enseigne au cheval que lorsqu’il n’est pas confiant face à un stimulus on n’a qu’à s’en éloigner ou le stimulus va cesser. Il faut doser l’approche et le retrait selon l’état émotif du cheval face au stimulus. Il ne faut pas oublier que la technique se nomme approche/retrait et non retrait.
- Attention au cheval qui devient introverti, voire catatonique. Un cheval immobile qui ne se sauve pas n’est pas nécessairement un cheval détendu. Assurez-vous que le cheval :
– Cligne des paupières ;
– Baisse la tête plus basse que le garrot signe d’une encolure détendue ;
– Mâchouille même sort la langue comme un lézard ;
– Expire profondément ;
– Idéalement que le cheval puisse se tenir sur 3 pattes, une patte arrière soulevée. - N’oubliez pas la PATIENCE, l’importance pour l’humain de garder son calme, de prendre son temps, de respecter le rythme de son cheval.
Tous les sens peuvent être stimulés sauf le goût donc la vue, l’ouïe, l’odorat et le toucher. On doit aussi penser aux stimuli multi-sensoriels tels :
- un orchestre dans une parade ou un drapeau flottant au vent; ceci implique la vue, l’ouïe de même que le mouvement ;
- un feu de camp qui crépite implique la vue, l’ouïe, l’odorat et le mouvement.
FAIRE FACE À QUELQUE CHOSE:
QUELQUE CHOSE AU-DESSUS DE LA TÊTE et DU CORPS
TIRER QUELQUE CHOSE
SUIVRE QUELQUE CHOSE
VIDEO : Indy suit la calèche de Greg tirée par Jack et Zdeno
TOUCHER
Il est important pour le toucher de ne pas penser qu’au nez du cheval; ultimement il devra mettre les pieds à plusieurs endroits parfois insolites et parfois se faire effleurer le corps.
VUE, OUIE ET MOUVEMENT : LA FOULE QUI APPLAUDIT, PARFOIS TRÈS FORT
VUE et OUIE : noirceur et lumières artificielles; musique de Noël dans le manège
VUE, OUIE ET MOUVEMENT
VUE, ODORAT, OUIE ET MOUVEMENT
STIMULI DIVERS
FAIRE LE TOUR DES OBJETS INQUIÉTANTS ET NON Y ALLER DE FACE
Quand on habitue son cheval à divers objets qui l’impressionnent quelque peu, que l’on soit au sol ou en selle, il est important de ne pas l’y amener de front mais de côté ce qui fait que le cheval ne regarde pas directement l’objet qui l’inquiète. On fait le tour de l’objet par la gauche en premier car cet œil est un œil moins inquiet que l’œil droit.
Puis on contourne par la droite en commençant par un grand cercle et en diminuant graduellement le cercle comme dans la technique du cercle dans la technique d’approche/retrait que l’on étudiera dans un prochain texte. Si le cheval est plutôt inquiet et que l’humain est au sol, il est préférable de se mettre entre l’objet et le cheval de sorte que s’il réagit l’humain sera en dehors de la zone de fuite (concept de sentinelle).
Éventuellement on changera de côté de sorte que le cheval ignore ce qu’il perçoit comme inquiétant et qu’il soit entièrement concentré sur son leader. L’excellente figure 8 répond à ce critère. L’article sur les patrons explique bien cette stratégie.
Il est aussi intéressant d’y faire un rectangle, un carré ou une figure 8 au lieu du cercle car lors de la ligne droite et surtout quand on tourne pour faire les angles ou changer de direction pour le cercle, il est plus facile de s’apercevoir si le cheval respecte notre espace personnel lorsque nous sommes au sol.
Assurez-vous de bien faire des angles de 90 degrés pour vos carrés et rectangles et des angles moindres dans vos changements de direction dans la figure 8. Vous pouvez utiliser votre cravache ou votre stick pour déplacer les épaules ou l’arrière-train du cheval si nécessaire.
Autant si vous êtes à l’intérieur qu’à l’extérieur de la figure vous devrez vous assurez d’une part que les épaules du cheval n’envahissent pas votre territoire si le cheval doit tourner vers vous, et d’autre part que les épaules se dégagent afin de vous laisser votre territoire quand vous tournez vers le cheval.
Il est important de ne pas oublier de faire le le carré ou le rectangle dans les deux sens car souvent un objet inquiétant parait pire pour le cheval quand il le regarde de son œil droit.
Quand le cheval est à l’aise avec l’objet quand il le contourne des deux côtés, on peut l’y amener de face car on cherche toujours à développer la curiosité. En dernier lieu on lui demandera de mettre son arrière-train près de l’objet. Pas mal plus difficile que d’y mettre la face; il ne faut pas oublier que la croupe du cheval est loin derrière ses yeux.
Voici un vidéo qui vous démontre le travail en figure 8. Vous devez pratiquer cette figure à pied afin que vous puissiez vous en servir lorsque votre cheval est inquiet.
VARIÉTÉ DANS L’ENVIRONNEMENT, DANS LE QUOTIDIEN DU CHEVAL
Certes que nous n’avons pas la possibilité d’exposer nos chevaux à des stimuli aussi complexes quotidiennement. Toutefois, nous devons penser à des choses simples telles mettre des objets variés dans le manège, la carrière extérieure, le box et l’écurie afin de surprendre un peu notre cheval et qu’il s’habitue à y voir de nouveaux objets à des endroits habituels.
Il est surprenant de constater que notre cheval parfois réagit beaucoup plus à voir un nouvel objet insolite dans le manège que des objets inquiétants quand il est ailleurs. Je dis toujours ne gardez pas votre manège aseptique ou vide; mettez une variété d’objets ne serait-ce qu’une serviette accrochée au mur, des bouteilles vides, bâches, outils, décorations pour les diverses fêtes de l’année etc. Ça ne coûte pas cher de trouver des objets, style Dollar Store.
Récemment une jeune fille me demandait de fermer l’arrosoir dans le manège et de le mettre sur le bord du mur ce que j’ai évidemment fait. Pourtant cette cavalière fait du concours complet et me dit que son cheval a peur de tout.. Pourquoi ne pas l’éduquer quand il est chez lui dans sa zone de confort
APPROCHE/RETRAIT
Les diverses techniques d’approche/retrait qui seront étudiées sous peu seront fort utiles afin d’apprivoiser un nouvel environnement, un nouvel obstacle ou stimulus.
CHALLENGE DU MOIS
Afin de développer un cheval confiant et sécuritaire dans divers milieux il nous faut l’éduquer.
Il est donc important de ne pas le garder à l’abri de stimuli mais plutôt de l’exposer graduellement à divers stimuli en respectant la technique :
- Toujours dans sa zone de confort ;
- Ne rien faire tant que le cheval n’est pas détendu ;
- Mouvements réguliers : même rythme ;
- N’oublions pas de toujours garder notre cheval dans un état de calme qui permet qu’il devienne curieux face au stimuli.
Et ensuite augmenter soit :
- la rapidité du mouvement ;
- la durée ;
- la distance par rapport au cheval ;
- l’endroit par rapport au corps du cheval.
N’oubliez pas tous les sens sauf le goût.
Pour la vue, le mouvement est un stimulus important.
La combinaison de stimuli pour plus d’un sens est aussi importante.
Merci Denyse pour cet article plus qu’intéressant. Nous devons toujours faire en sorte que le cheval soit stimulé afin de développer sa curiosité, sa confiance et son courage. Prenez votre temps et apprenez à lire votre cheval de cette façon vous ne le ferez pas monter en pression.