Si votre cheval hésite ou refuse face à un obstacle

Mot de Lyne

Cet article va plus loin dans la compréhension et la façon de voir la situation lorsque votre cheval est inquiet, hésite ou a peur.

Il est très important de comprendre que vous devez faire en sorte d’exposer votre cheval à un élément qu’il pourra gérer. Si vous le confrontez trop rapidement à des obstacles, objets qui sont vraiment inquiétants, votre cheval va perdre sa confiance en lui et en vous. Et c’est la dernière chose que vous voulez.

Je suggère toujours de décomposer l’action comme par exemple vous voulez passer le pont:

1- approchez en ligne droite et arrêtez du moment que vous sentez un changement dans son attitude : les oreilles, la tête qui se lève, une hésitation dans son pas.

2- laissez-le regarder. Il est important que vous-même soyez détendu et que vous ne fixez pas votre regard sur le pont mais n’importe où autre que le pont, caressez-le et parlez-lui.

3- lorsqu’il se détend et seulement lorsqu’il se détend, faites un cercle (retrait) et repartez vers l’obstacle. Même processus au moment où il se contracte. La relaxation est l’attitude recherchée. Si vous lui faites bouger les pieds lorsqu’il a peur vous lui enseignez à bouger (fuite) au lieu de réfléchir.

4- votre patience vous récompensera. Développer sa curiosité 🐎

Un autre élément que vous devez prendre en considération est “qu’elle est la raison?” Vous trouverez dans cet article les 4 possibilités du refus!

Lisez-les bien attentivement. C’est la clé de votre succès.

Je vous souhaite une bonne lecture 🤠🐎❤️

COMMENT INTERVENIR AUPRÈS DU CHEVAL QUI HÉSITE ou REFUSE FACE À UN OBSTACLE/DÉFI QUELCONQUE?

Que ce soit au sol ou en selle, les mêmes principes s’appliquent lorsqu’un cheval hésite ou refuse de bouger lorsque confronté à un obstacle ou un défi quelconque; que ce soit une remorque, une flaque d’eau, un obstacle dans un parcours d’équitation de travail, de cowboy extrême, de ranch trail, de mountain trail ou un ruisseau lors d’une randonnée. Parfois quelque chose qui l’inquiète à l’extérieur du manège ou autre chose d’aussi anodin qu’un fil électrique au sol dans l’écurie. Le cheval n’y voit qu’une chose : DANGER!!!!

Lindsey Partridge de Harmony Horsemanship nous rappelle les 4 raisons pourquoi un cheval refuse. Plusieurs horsemen m’ont enseigné différentes stratégies afin d’aider le cheval dans ces circonstances.

COMPORTEMENT DU CHEVAL

Il a PEUR : parfois il fige sur place, appelle +++++ ou prend la poudre d’escampette. Warwick Schiller appelle ça la déconnection entre le corps et le mental/émotif ie le corps est ici mais la tête est ailleurs

QUOI FAIRE?

  • Favoriser la relaxation par le ‘’toucher de la main’’, la pression sur la nuque ou une légère traction sur la laisse afin que le cheval baisse la tête ce qui favorisera la secrétion d’endorphine ;
  • Utiliser des stratégies afin que le cheval se concentre sur son leader en exécutant divers patrons au pas. Ainsi le cheval oublie le stimulus qui l’inquiète ce qui lui aiderara à reconnecter son mental/émotif au corps. Entrelacer des cônes, négocier des patrons avec des pôles etc. Place à votre créativité!
  • Attendre, attendre et encore attendre avant de demander à nouveau de franchir l’obstacle toujours en demandant de baisser la tête ;
  • Et surtout ÉVITER À TOUT PRIX DE FAIRE BOUGER LES PIEDS EN LONGEANT en cercles au trot et au galop; ceci n’aidera pas le cheval à se reconnecter à son leader ni à ignorer le stimulus inquiétant. Tout le contraire, ça lui enseigne à bouger des pieds rapidement quand il a peur. Je n’irais certes pas en randonnée avec ce cheval. Il est toutefois acceptable selon le principe confort/effort de demander au cheval d’aller travailler dans sa zone de confort (sweet spot) mais si le stimulus se trouve dans cette zone il faut utiliser les stratégies ci-haut mentionnées autres que de longer à cet endroit.

Il ne VEUT PAS (essaie de trouver une porte de sortie)

  • Motiver
  • Rendre ça intéressant en suscitant de la curiosité

Il ne COMPREND PAS

  • Clarifier la tâche car le cheval est parfois confus ;
  • Demander quelque chose de plus facile pour l’amener à avoir du succès ;
  • Ne pas augmenter la pression.

Il ne PEUT PAS

  • Modifier/ajuster la tâche car il n’a pas les pré-requis physiques ou émotifs pour accomplir cette tâche
  • Eric St-Arnault et Lyne Laforme nous rappellent de TOUJOURS s’assurer de ne pas demander plus tant que l’étape précédente n’est pas solidement acquise

Certes que la douleur peut toujours être la cause d’un refus, d’une hésitation mais dans le cas de la douleur, on le sentirait dans la monte pas juste face à un obstacle ou un défi.

Il ne faut pas oublier que la CONFIANCE ça se BÂTIT pas seulement dans le RETRAIT mais aussi dans l’APPROCHE GRADUELLE: on tente de développer la CURIOSITÉ chez le cheval. II ne faut pas oublier ce qui est écrit ci-dessous :

Onyx explore l’eau dans le bac avant d’avancer. Symphonie Nadeau attend et lui laisse le temps de bâtir sa confiance.

ll est important de poursuivre avec des défis moins exigeants, de modifier notre stratégie. Sinon on montre au cheval quand il a PEUR il n’a qu’à se RETIRER. Certes pas ce qu’on désire lui enseigner. Les 3 prochains articles expliqueront diverses stratégies d’approche/retrait. Nous désirons développer un cheval qui dit ‘’OUI’’ pas seulement par obéissance mais par BON VOULOIR! Un ‘’ YES HORSE’’

Jay demande à Imperial de lui toucher la main afin qu’il baisse la tête, afin d’encourager la sécrétion d’endorphine. (Target-cible)

 

Dans cette vidéo, Lyne vous explique comment obtenir la descente d’encolure avec différentes techniques soit avec le licol, la main sur la nuque et la main sur l’encolure.

Tous les entraîneurs rencontrés dans mon parcours sont unanimes au sujet des points suivants :

  • Favoriser la RELAXATION chez votre cheval. Le ‘’ toucher’’ de la main, le ‘’toucher’’ sur la nuque ou l’encolure ou une légère traction sur la laisse pour demander au cheval de baisser la tête ce qui incite la sécrétion d’endorphine au lieu d’adrénaline.
  • Ne pas attirer le cheval avec des friandises afin qu’il accomplisse la tâche car c’est le récompenser avant qu’il ait donné la bonne réponse. Ça n’éduque donc pas votre cheval puisqu’il n’a pas appris le bon comportement à adopter et il obtient la friandise sans avoir fourni l’effort. Certes que s’il y a une friandise au bout de l’obstacle, le cheval sera récompensé une fois la tâche maitrisée (renforcement positif) ;
  • NE JAMAIS PUNIR le cheval pour avoir peur ou prendre le mors aux dents. C’est le travail de son leader de lui aider à surmonter sa peur. Le punir ne fait qu’aggraver ses craintes car en plus de redouter le stimulus il craint maintenant les réactions de son humain. Les réactions du cheval sont souvent quasi prévisibles si on apprend à bien lire les subtilités des signes avant-coureurs ce qui est plus difficile chez un cheval introverti qui peut avoir tendance à la catatonie; ces derniers sont des bombes à retardement et peuvent exploser instantanément ;
  • NE JAMAIS FORCER le cheval à avancer si en selle ou TIRER sur le cheval si VOUS ÊTES au sol lorsqu’un cheval HÉSITE OU REFUSE; ceci peut s’avérer être dangereux. L’humain ne gagne jamais une bataille de force avec un cheval lequel ne doit jamais connaître sa puissance car il ne sera jamais léger si on va là. On se doit plutôt d’adresser le MENTAL et l’ÉMOTIF du cheval car c’est la boite de contrôle des pieds. Les techniques de confort/effort (article déjà paru) ainsi que d’approche/retrait peuvent être appliquées (les trois prochains articles seront sur ce sujet).

  • Il est très important de mettre son FOCUS plus loin que l’obstacle et non où le cheval jette son regard et s’arrête car ça ne l’incitera pas à avancer.
  • Un cheval qui baisse la tête devant un obstacle est un cheval qui évalue la situation afin de se sentir plus en sécurité. Les stages d’exploration sont cités dans l’article sur la relaxation (6e article de la série sur la confiance).

C’est juste une flaque d’eau! Tu en bois à tous les jours. Non, je crois que j’y vois un requin.

 

Onyx évalue le deuxième obstacle à franchir avant d’y mettre les pieds. Symphonie Nadeau lui laisse le temps d’explorer.

  • Toujours récompenser le MOINDRE EFFORT, ceci peut n’être que de baisser la tête, de regarder l’obstacle, le sentir, le piocher ;
  • N’oublions pas le ‘’ RELÂCHEMENT’’ ie CESSER LA DEMANDE dès qu’il y a un effort ;
  • ATTENDRE, ATTENDRE, ATTENDRE, ce que Chris Cox appelle le ‘’trempage’’ ie laisser au cheval le temps de digérer le tout, au niveau mental et émotif ;
  • David Cowley compétiteur de cowboy extrême à Calgary et aux Mondiaux, dit ‘’ si mon cheval recule de trois pas, je lui demande d’avancer de trois pas, s’il va de côté de deux pas, je lui demande de revenir à sa place en prenant deux pas et J’ATTENDS, J’ATTENDS ET J’ATTENDS ENCORE’’ ;
  • Rendre la mauvaise décision plus difficile que la bonne décision. Si le cheval ne veut pas traverser le pont, on lui demande d’aller travailler un peu plus loin dans sa zone de confort en lui demandant de trotter, galoper, de faire des transitions, des figures 8, des voltes, des demi voltes ainsi que des mouvements latéraux tout en ne se FÂCHANT JAMAIS, SANS ÉMOTION (confort/effort et approche/retrait). Puis on le ramène à l’obstacle et on ATTEND. On recommence jusqu’à ce que le résultat désiré soit obtenu; une fois l’obstacle franchi il faut lui laisser la SAINTE PAIX. Cette technique est fort utile pour la remorque, l’entrée dans une nouvelle écurie ou un manège évidemment quand l’espace nous permet de travailler le cheval ;
  • Progresser lentement. Eric St Arnault nous rappelle qu’il faut une séquence de succès avant d’en demander plus à notre cheval. Plus ça a été long à obtenir 3 à 5 succès, plus on attendra longtemps avant d’en demander un peu plus afin que l’acquis soit solide avant d’augmenter la difficulté. Nous avons souvent le défaut d’aller trop vite, de demander trop. RALENTISSONS!!!

 

Eddie et Suzanne n’avaient jamais négocié la traversée d’un pont. Lors de nos vacances avec nos chevaux l’été dernier, Suzanne a bien préparé son cheval et Eddie a traversé calmement sans Indy qui était dans l’eau sous le pont. Une fois la traversée bien maîtrisée et le cheval très confiant on peut travailler les deux chevaux soit que celui dans l’eau soit confortable avec du bruit des pas au-dessus de sa tête et celui sur le pont à l’aise avec un cheval qui patauge bruyamment dans l’eau sous le pont. Un indice de difficulté de plus.

 

  • Éventuellement l’obstacle devient un ‘’ sweet spot’’ soit une zone de confort et le cheval peut s’y arrêter en toute confiance.
  • Attention de ne pas créer le patron : peur = reculons. En selle ne JAMAIS reculer quand le cheval a peur car on lui enseignerait de reculer quand il hésite, quand il a peur; certes pas souhaitable dans un parcours d’équitation de travail, de cowboy extrême, voire, même en randonnée. Certes que l’on doit faire un retrait en faisant des cercles par exemple. Ce qu’on tente d’enseigner à notre cheval c’est de penser avant de bouger les pieds donc penser avant de reculer ou de prendre la poudre d’escampette.

Pont 30 mètres de long, assez haut au-dessus de la rivière; il n’y avait pas de côtés fixes sur une grande partie du pont, que du filet ce qui veut dire que si le cheval n’est pas sur la jambe et recule, il pourrait se blesser lorsqu’une patte glisserait sur le côté du pont.

Josée Lafontaine et Merlin mènent le bal. Nous avons fait au sol à l’aller en créant une zone de confort; les chevaux ont pu s’arrêter calmement sans bouger. Puis au retour nous avons traversé en selle. Des chevaux bien préparés; on ne pouvait se permettre d’avoir un refus sur ce pont.

Pour terminer, une SUPERBE vidéo de Symphonie Nadeau avec Electric Star, 4 ans, lors de sa première randonnée à l’extérieur de chez lui. Il a traversé le ruisseau avec confiance. L’eau était assez profonde à certains endroits et Symphonie a dû le diriger un peu mais on voit des rênes lâches, la tête basse ce qui démontre une excellente préparation chez ce très jeune cheval qui n’a même pas pensé à hésiter ou refuser.

CHALLENGE DU MOIS

Profitez-en pour exposer votre cheval à divers stimuli tout en respectant ces stratégies de même que celles de la désensibilisation du mois dernier.

N’oublions pas le synchronisme, la sentinelle, l’importance de la relaxation ainsi que les patrons ‘’ touches-Y’’, ‘’ touches-y pas’’

Créons des sweet spots en utilisant la technique du confort/effort.

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet

Denyse Rousselet, cavalière du Québec depuis 35 ans, a eu l’immense privilège depuis une douzaine d’années de voyager à la rencontre de nombreux horsemen/horsewomen fort reconnus pour leurs compétences en horsemanship tout en étant aussi réputés pour leurs performances exceptionnelles avec leurs chevaux. Plusieurs stages en France, Italie, Costa Rica, USA, Ontario et Colombie Britannique totalisant environ un an, lui ont inculqué des notions, concepts et stratégies pas fréquemment enseignés dans nos milieux équestres. Ce cheminement a amené Denyse à être reconnue par ses conférences et cliniques sur le développement d’un bon cheval de randonnée ainsi que des diverses stratégies afin de développer un cheval confiant, sécuritaire et bon partenaire.

Je m’appelle Lyne Laforme

Entraîneure et coach professionnelle en éducation

Lyne Laforme - Coach éducation cheval

 Depuis 1980, j’aide les cavalières et cavaliers à entraîner leurs chevaux pour établir une relation harmonieuse avec leur cheval et à devenir le centre de son univers.

Je suis aussi l’auteure du “Manuel d’équitation Western – Un plaisir partagé” vendu à plus de 10 000 exemplaires et disponible sur Amazon.

En 2013, j’ai reçu la médaille du Jubilé de la Reine Élisabeth II pour ma contribution significative apportée au développement des programmes d’enseignement et d’entraînement en sport équestre au Canada et en Europe.

Aujourd’hui, je veux transmettre les connaissances que j’ai acquises avec l’expérience et les centaines de cavalières et cavaliers que j’ai pu rencontrer.