Réclamer son territoire : l’importance des lignes de direction ‘’drive lines’’, des boutons du cheval et de l’énergie du leader
Lorsque nous observons les chevaux dans leur troupeau, on constate qu’ils communiquent entre eux par leur langage corporel. Ils se déplacent les uns les autres que par leur regard allié à un FOCUS très puissant: une énergie à la fois douce, peu perceptible pour l’humain mais forte car leur intention est irrésistible.
Ils peuvent ainsi faire déplacer un ou des chevaux se trouvant sur leur route afin qu’ils libèrent le passage. Et le tout se fait habituellement dans le calme chez les chevaux socialisés.
Lucy Rees, éthologue équin nous rappelle dans son livre Horses in Company que dans la nature les chevaux évitent la collision car en troupeau ça leur est enseigné dès leur naissance. Elle nous met en garde que l “imprinting” de même que de donner des petites friandises à nos chevaux fréquemment si ce n’est pas bien fait, ça n’enseigne pas au cheval à respecter notre espace personnel.
Il nous faut appliquer les mêmes techniques que la jument utilise pour enseigner à son poulain : à chacun sa place et maman ne se gêne pas pour le dire fort si nécessaire. Elle lui montre où il doit se placer pour être poli. (Un article futur sur les boutons des chevaux expliquera plus en détail).
Clarification de la terminologie par Lyne
P.S: Tout au long de l’article j’ai gardé l’expression anglophone “Drive lines” pour une lecture plus juste. Cette expression est expliquée un peu plus loin dans le texte. Elle se traduit par des lignes de direction. Selon notre position de corps nous avons une influence sur la direction que prendra le cheval.
Le mot BOUTON veut dire des points spécifiques sur le corps du cheval qui si on met notre énergie va faire bouger le cheval d’une certaine façon. Ils sont expliqués plus loin dans le texte.
Le focus du cheval qui en déplace un autre est centré soit sur:
- l’endroit visé. S’il désire aller à l’abreuvoir, il le fixe intensément et s’y rend sans faire de détours. Les chevaux sur sa route lui cèdent le passage car ce cheval en mettant son focus sur l’abreuvoir a aussi affecté au moins un autre cheval sur son passage, lequel en se déplaçant fait déplacer les autres. C’est un peu comme des dominos qui tombent les uns après les autres ;OU
- les boutons d’un autre cheval afin que celui-ci lui cède sa place. Ainsi le cheval jette son regard sur les divers boutons soient :
#3 = le milieu de la ganache (joue), ça veut dire tourne ta tête ;
#6 = le milieu de l’encolure, ça veut dire bouge tes pieds avant; évidemment la tête suit ;
#8 = devant du poitrail pour le recul ;
#13 = le grasset, ça veut dire de cède ton arrière-train. Ce bouton est assez connu car nous avons appris à désengager les postérieurs dans certains exercices au sol.
Nous utilisons ces boutons, entre autres, quand nous jouons en liberté de même lorsque nous interagissons avec notre cheval ou avec le troupeau. Sharon Wilsie et Gretchen Vogel ont publié quelques œuvres fort détaillées sur ce sujet.
Dans l’éducation de notre cheval, au début, nous leur apprenons à respecter notre bulle tout comme nous respectons aussi la leur. Ma jument Indy élevée dans une immense vallée avec un troupeau de 40 chevaux et autant de bétail m’a appris à être plus subtile dans mon langage corporel.
Lors de différentes cliniques, les entraîneurs me disaient que je lui “criais par la tête” car je n’étais pas suffisamment fluide avec mes mouvements. Elle était très légère (léger ne veut pas dire réactif), à moi de l’être : tout un apprentissage surtout après la rééducation du fjord qui avait développé une opposition fort imposante, évidemment à cause de nous, humains. Les chevaux en troupeau sont naturellement légers.
Quand nous progressons dans notre horsemanship, nous apprenons à réclamer notre territoire c’est-à-dire à développer une énergie puissante sans pour autant s’envoyer les bras en l’air. Ça se fait dans le calme avec respect pour son cheval. Quand on regarde les bons entraîneurs, ils sont d’un calme olympien, le corps droit et solide, les pieds bien ancrés au sol et le poids un peu plus sur le devant des pieds que sur les talons.
Quand les chevaux les regardent ils voient un ‘’ mur de brique’’ et non une ‘’ plume , une marionnette ou une guimauve’’ toute légère, facile à faire bouger. Le ‘’mur de brique’’ est bien calme, ne gesticule pas, ne parle pas, il ne fait que projeter une énergie forte de sorte que les chevaux ne le déplacent pas comme le dit bien l’expression ‘’ ton cheval ne te fait pas bouger les pieds et surtout il ne te fait pas reculer ‘’. Les chevaux plus subtils nous font reculer les épaules’’.
LES ‘’DRIVE LINES’’ un peu comme une clôture électrique
Les ‘’drive lines’’ sont des lignes imaginaires chez le cheval de même que chez l’humain, lesquelles disent à l’être moins dominant qu’il doit s’arrêter car il ne doit pas traverser les ‘’drive lines’’ du cheval ou de l’humain leader. Le leader peut traverser les ‘’drive lines’’ du moins dominant donc de son cheval.
Quand on parle de dominant en langage équin il ne faut pas le voir avec notre connotation humaine, c’est beaucoup plus subtil. Chez l’humain on voit dans le mot dominant, une connotation quelque peu négative, un peu comme le mot ‘’ boss’’, ce n’est pas du tout ça, c’est plutôt du leadership.
Le cheval a deux ‘’drive lines’’ soit de 12 à 6 hres donc sur son axe longitudinal de la tête à la queue et de 3 à 9 hres sur son axe transversal vis-à vis ses épaules ce qui les divise en 4 quadrants.
Il en est de même avec l’humain dont les “drive lines” sont d’en avant à l’arrière du nombril et de chaque côté en prolongation des bras qui seraient étendus.
Pour les chevaux vivant en troupeau, les “drive lines” sont aussi puissantes qu’une clôture électrique. Ça devrait être de même si son humain est bon leader tout en ne créant pas l’élément de crainte, au contraire, tout est dans la subtilité et la légèreté, souvent invisible mais bien là. Je dirais même que cela rassure le cheval car il sait exactement où se placer; il n’y a pas d’ambiguïté.
Concept fort important : quand l’humain projette son énergie devant la ‘’ drive line’’ de 3-9 hres donc vers l’axe transversal de son cheval, ça demande au cheval de reculer ou du moins d’arrêter et non d’avancer vers lui.
Une des erreurs les plus fréquentes que je vois dans le quotidien ce sont les cavalières qui veulent entrer dans l’écurie ou dans le manège avec leur cheval : elles entrent puis se retournent vers leur cheval en tirant sur les rênes ou la laisse tout en projetant une énergie vers l’axe transversal (drive line de 3 à 9 hres) du cheval qui dit justement à ce cheval de ne pas avancer.
Plus l’humain déploie de l’énergie quand le cheval n’avance pas, plus il demande à son cheval d’arrêter et même de reculer; pas surprenant que cette manœuvre ne réussisse pas bien.
Denyse souligne ici une situation où le cheval refuse d’entrer car trop de pression de la part de la personne ce qui entraîne celle-ci à tirer sur la longe ou les rênes et le cheval recule. Tout est dans l’énergie, la technique et la lecture du cheval.
Note de Lyne : Ne pas confondre lorsque l’on travaille l’appel du cheval vers nous dans des situations précises comme cette photo le démontre. Le regard est doux, les épaules vers l’arrière et aucune tension sur la longe. Je travaille l’aspiration vers moi.
Idéalement pour réussir l’entrée, le leader doit projeter son énergie, de même que son focus, dans la direction où il désire que son cheval aille. Donc dans ces situations, l’humain doit se retourner vers l’entrée afin de diriger son cheval tel que démontré ci-bas par Farah avec Delilah.
Note de Lyne : Sur cette photo, comme l’espace est restreint pour passer toutes les deux ensemble, Farah va passer la première et laisser Delilah la suivre sans pour cela tirer sur la longe.
Quand on est en arrière de la “drive line” transversale (3 à 9 hres) ça demande au cheval d’aller vers l’avant. C’est la raison pourquoi dans le troupeau le cheval qui “drive” se situe à l’arrière car il pousse sur les “drive lines” transversales de ses congénères. Il en est de même pour la personne qui marche derrière son cheval. Quand elle demande un arrêt il est important de baisser son “chi” sinon on incite le cheval à avancer avec son corps et à arrêter avec sa voix et la longe. Quelle ambiguïté pour le cheval.
Communiquer avec son cheval c’est surtout communiquer par le langage corporel. Évidemment il y a aussi la voix, le toucher, la manipulation de la bulle en autant que le cheval cède bien à la pression de même que l’intention. Mais, même avec la voix, le langage corporel du leader est souvent très significatif pour le cheval et il décèlera rapidement la discordance entre notre voix et notre langage corporel.
Comment s’assurer que le cheval ne traverse pas nos ‘’ drive lines’’
Les chevaux savent qu’ils ne doivent pas croiser les “drive lines” du leader. Toutefois par notre manque de savoir-faire à ce niveau, le cheval a souvent appris à ignorer le langage corporel de son humain. Fait intéressant quand quelqu’un d’un peu plus expérimenté manipule ce cheval, tout de suite la connexion se fait avec cette personne. Bien humiliant pour le propriétaire mais quand on parle le langage des chevaux, ça nous lie plus facilement avec eux.
Si on augmente notre “chi “, nombril plus énergique, notre cheval ne peut pas croiser nos “drive lines”. Voici quelques façons de procéder :
Utiliser le “stick” ou la cravache sans l’agiter comme prolongation de notre “drive line” pour faire un “semblant” de mur que le cheval ne doit pas franchir. Vous serez surpris comment c’est efficace. Habituellement, ça suffit pour signifier au cheval notre intention, même pour des chevaux en liberté qui s’en viennent vers nous au galop. Surtout, ne pas reculer. Toujours commencer par une phase 1 soit un “stick” immobile. Si on veut que notre cheval soit léger aux aides, on tente toujours d’utiliser la phase la plus subtile et d’augmenter l’intensité que si nécessaire.
Si on n’obtient pas de succès on peut aussi agiter le stick de haut en bas et si encore pas de succès, l’agiter très fortement de sorte que ça soit ressenti comme un éventail afin de signifier au cheval de “ne pas se cogner dans l’éventail” comme dans la technique du ‘’ rectangle’’ (deuxième article de cette série sur le partenariat). N’oublions pas que l’éventail est une phase 4 donc à utiliser que si vraiment nécessaire si on veut avoir un cheval léger qui répond à la phase 1.
La technique du Tik-tok de l’américain Pete Rodda consiste à mettre le stick devant notre nombril et de l’agiter de droite à gauche à l’horizontale, si nécessaire, afin que le cheval respecte notre bulle et n’empiète pas sur notre territoire ce qui nous ferait reculer les pieds : une preuve de perte de leadership de l’humain. Il est important de toujours en faire le moins possible afin de garder notre cheval léger.
Donc on agite le stick seulement si le cheval avance vers nous. Il ne faut pas hésiter à utiliser, si nécessaire, la vitesse du stick et l’éventail afin de bien se faire comprendre et surtout cesser dès que le cheval répond. Très important le relâchement de la pression, c’est ce qui fait comprendre au cheval qu’il a adopté la bonne réponse.
En dernier recours, pour un cheval impoli, agiter fortement les bras, gesticuler, se faire gros, légèrement penché vers l’avant et utiliser la voix. Quand il répond, on relâche la pression et il a la paix quand il adopte le bon comportement.
Une fois que le cheval a compris que je suis ‘’GROSSE’’ c’est acquis et je ne fais qu’une phase légère par la suite car ce cheval n’empiète plus sur mon territoire et surtout ne me fait pas reculer. C’est important quand on nourrit des chevaux en troupeau. J’ai 4 filets à foin à attacher et je ne veux pas me faire déplacer; chaque cheval attend que je leur cède la place avant de l’occuper.
Notre cheval devrait rester dans le quadrant où nous l’avons placé; on considère sa tête comme point de repère ie où se situe sa tête est le quadrant concerné. Quel que soit le quadrant où se trouve sa tête, il est coincé par des “drive lines” à sa droite et à sa gauche.
Le cheval ne devrait pas changer de quadrant à moins d’y être invité.
Comment agir pour laisser notre cheval passer nos “drive lines”
- Se mettre au neutre ie on oriente notre nombril vers le sol, tête basse, corps penché quasi recourbé, yeux orientés vers le sol et le poids un peu plus sur les talons, pas sur les orteils. Même au point de se mettre en “petit bonhomme” s’il le faut quelques fois afin que notre cheval, pas habitué à écouter ces messages, y porte attention. A ce moment le cheval peut croiser notre “drive line” mais dès que l’on augmente notre énergie, il doit s’arrêter.
- Si on veut permettre au cheval de tourner on tourne notre corps afin de déplacer notre ‘”drive line” et ainsi lui céder la place. C’est ce qui fait que notre cheval suit nos épaules quand on fait des patrons tels les carrés, les rectangles ou l’entrelacement de cônes. Quand je montre aux copines je leur dis que ça ouvre la porte ou ferme la porte au cheval. Le prochain article sur réclamer son territoire ira plus en détail avec cet exercice.
- Nous pouvons influencer notre cheval de proche et même jusqu’à 3 mètres et parfois plus.
Récemment une dame avait une leçon; son cheval plutôt énergique, avait besoin de se détendre. C’était l’hiver et les paddocks étaient en glace, les chevaux bougent peu et surtout très lentement. J’avais Indy en liberté à mes côtés pour un peu de travail au sol. L’entraîneur suggère à la dame de descendre de son cheval et de le mettre en liberté; pas de problème avec Indy qui a vécu avec plus de 150 chevaux car ce cheval avait aussi vécu dans un troupeau.
Malheureusement je n’ai pas eu l’idée de prendre une photo. Indy s’est planté là, sans bouger, pas d’oreilles, pas de grimaces, seulement sa PRÉSENCE et ce cheval n’a jamais bronché car il n’aurait jamais osé traverser sa ‘’drive line’’ et pourtant elle était à plus de 8 mètres de lui. Ces chevaux se connaissaient peu. Je disais à la dame ‘’ c’est un peu comme un mariage arrangé, on n’est pas intime alors on garde nos distances’’. Quand j’ai mis Indy en laisse et l’ai détournée de l’autre cheval, il a commencé à bouger et à se délier les membres. Puis j’ai remis Indy en liberté quand elle était en arrière de lui et comme on dit “elle a drivé ” Rafik car elle poussait sur sa ‘’ drive line’’ de 3-9 hres et à partir de ce moment ils ont joué.
LA BULLE
Dès sa naissance la jument est en charge de l’espace qu’occupe son poulain. Elle lui indique la place qui lui est permise. L’humain doit lui aussi définir son espace personnel dès ses premiers contacts avec son cheval.
Les chevaux ont deux bulles :
- La bulle de CONFIANCE soit l’espace où le cheval se sent à l’aise de vous avoir près de lui. Elle est différente pour chaque personne qui côtoie ce cheval tout comme elle diffère d’un cheval à l’autre. Certains ont une bulle très grande alors que d’autres non ;
- La bulle d’INFLUENCE soit la distance où je peux faire bouger mon cheval sans y toucher ie le DRIVE et l’ASPIRATION. Nous cherchons à augmenter cette distance afin de pouvoir influencer le cheval de plus en plus loin.
Les chevaux lorsqu’ils interagissent entre eux n’ont pas besoin de toucher l’autre cheval pour le déplacer car les chevaux ont une bulle très sensible. Les auteurs estiment que cette bulle varie beaucoup en grosseur selon les chevaux et en plus est de différente grosseur selon les parties du corps : il ne faut pas voir la bulle du cheval comme une sphère qui l’entoure mais une forme inégale, habituellement plus grande vers l’avant et plus petite vers l’arrière-train. La bulle peut facilement être de 3 mètres pour certains chevaux.
Si l’humain leader désire déplacer son cheval il n’a qu’à projeter son énergie sur celui-ci. Au sol, il est plus facile de manipuler l’arrière-train du cheval que les épaules puisqu’au repos et au pas le cheval a 60% de son poids sur ses antérieurs. L’humain n’a qu’à regarder les hanches pour provoquer un désengagement des postérieurs.
Apprendre à subtilement déployer son énergie au besoin est fort utile dans plusieurs circonstances nécessitant que le cheval se déplace telles :
- Quand on entre dans le box pour se diriger vers le bol de nourriture, nettoyer le bol d’eau, mettre du foin dans le filet à foin ;
- Quand on nettoie le box ou le paddock ;
- Quand on entre la brouette de foin au paddock et qu’on se dirige vers les filets à foin ou les mangeoires ;
- Quand on remplit les mangeoires ou les filets à foin dehors ;
- Quand on veut réparer quelque chose au box, au paddock ou dans l’aire des mangeoires ;
- Quand on nourrit un ou deux chevaux du troupeau et que nous devons tenir les autres au loin ;
- Quand on balaie les tapis près des filets et que les chevaux sont à manger. Ils se déplacent pour me laisser passer ;
- Quand on va chercher un cheval au paddock et que les congénères s’agglomèrent aussi à la porte car ils veulent aussi venir ;
- Etc.
Ainsi selon l’énergie quasi imperceptible pour les humains, que l’on démontre, les chevaux savent si on vient pour les flatter ou les déplacer pour faire notre travail.
Le prochain article sur ce sujet décrira plusieurs exercices afin de s’éduquer de même qu’éduquer notre cheval à respecter notre bulle, de ne pas nous envahir.
LE CHEVAL NE FAIT PAS BOUGER LES PIEDS DE SON HUMAIN ET SURTOUT NE LE FAIT PAS RECULER ou PLUS SUBTILEMENT RECULER LES ÉPAULES
Une des premières choses que l’on apprend quand on s’initie au horsemanship c’est que le cheval ne doit pas faire bouger les pieds de son humain. Surtout le cheval NE DEVRAIT PAS FAIRE RECULER SON LEADER. Pour ceci l’humain doit déployer une énergie puissante quoique peu perceptible à l’œil humain quoique bien perçue par le cheval.
C’est un peu le jeu de ‘’QUI FAIT BOUGER QUI ? Un des moments privilégiés pour pratiquer c’est lors du pansage. Que le cheval soit en liberté, en “ground tie”, sur les chaînes ou au box c’est le cheval qui doit bouger lorsque son humain le brosse partout, cure ses sabots, mette la bride et la selle. Plusieurs entraîneurs rencontrés pendant mon parcours étaient sévères sur cet aspect car pour eux mon leadership s’exerçait dès ce moment.
Il est souvent utile d’utiliser une cravache ou un “stick” pour rendre encore plus visible nos “drive lines”. À ce moment la cravache représente une prolongation de notre corps Pas besoin de l’agiter, juste la mettre à l’horizontale pour démontrer notre intention que nos deux “drive lines” sont bien le long de la cravache.
L’hiver je donne des graines de tournesol aux chevaux dans le paddock. Alors que je leur dis que j’ai des bonbons, les 4 chevaux s’approchent mais ne me bousculent pas, Ils arrêtent quand je lève la main, prennent chacun la place que je leur assigne du doigt et attendent que je donne à chacun sa poignée de graines.
Il en est de même si j’ai un cheval à nourrir et que les autres n’ont rien à ce moment. J’appelle le cheval en question et le laisse manger pendant que les autres viennent mais se tiennent au loin car j’utilise ma “drive line” sauf pour le fjord où j’avais parfois besoin du stick pour faire un mur, jamais pour le toucher.
Le regard projeté sur les boutons ci-haut mentionnés est très important pour les tenir au loin. Évidemment, une fois que le cheval a terminé, les autres ont souvent quelques croquettes de foin comme récompense de leur bon comportement
Un autre exemple, quand les chevaux sont libres dans le manège et qu’ils s’amusent, qu’ils sont enjoués. Afin de protéger les humains sur le bord de la porte je n’ai qu’à prendre une cravache ou un stick et je fais un mur à l’horizontale sans la bouger. Tous les chevaux comprennent que c’est hors zone et ne me font pas bouger les pieds; pourtant ce n’est qu’une phase 1.
Tout comme lorsqu’on est dans le manège avec notre cheval en laisse et qu’une copine nous demande si elle peut mettre son cheval en liberté afin qu’il se dégourdisse un peu car dehors l’hiver, les chevaux font attention et bougent peu quand il y a beaucoup de glace.
Le concept “protégez votre troupeau de deux” s’applique. On n’a qu’à faire un mur avec notre ‘’stick’’ et ce cheval en liberté se tiendra loin même s’il s’en vient au galop ou qu’ils sont parfois deux ou trois.
DEMANDER AU CHEVAL DE CESSER DE BROUTER AVEC NOTRE LANGAGE CORPOREL
Poney cesse de brouter lorsque Denyse lui demande en s’approchant. Elle a créé un code verbal qui lorsqu’elle le dit, le cheval lève la tête. Il y aura un article très bientôt traitant exclusivement de ce sujet avec vidéos afin de vous aider à gérer cette situation sans problème.
Une fois l’éducation de base bien maîtrisée (article à venir sous peu sur comment éduquer son cheval à brouter quand il a la permission et à cesser de brouter sur notre demande) c’est-à-dire que le cheval est déjà éduqué avec un signal sonore ou au toucher du garrot, nous sommes prêts à peaufiner cette technique.
On éduque notre cheval au raffinement c’est-à-dire qu’on utilise notre langage corporel quand on l’approche afin de réclamer notre territoire. Ceci nécessite que notre langage corporel soit allié à notre FOCUS lequel traduit clairement notre intention.
Cette technique s’applique aussi quand le cheval mange son foin. Je m’approche du cheval avec l’intention claire dans mon langage corporel lui demandant de lever la tête et ce sans toucher ni signal sonore; juste notre intention traduite dans notre langage corporel. Je pratique ça à l’année dans le paddock avec le troupeau.
Ainsi si je viens pour caresser un cheval, réarranger une couverture ou juste pratiquer, quand j’approche un cheval ou bien j’ai l’intention de le flatter ou bien je lui demande de lever la tête : une énergie différente pour chaque intention.
Cette façon de faire certes plus sophistiquée et subtile nous aide à travailler notre langage corporel pour notre travail en liberté entre autres. De plus, ça rend le cheval léger sur la longe. Je vois constamment les gens tirer sur leur cheval afin qu’il cesse de brouter.
Pour terminer sur une note humoristique, voilà que lors d’une clinique de Horsemanship avec Fawn Anderson de Classical Natural Vaquero, Indy a été mise dans un très grand paddock avec les 3 hongres de la propriétaire et une autre Indy qui était elle aussi très socialisée. Les juments ne se connaissaient pas.
Il y avait une grosse balle de foin; les deux juments se la sont appropriée et l’avait réclamée comme la leur dès leur arrivée dans le paddock.
En constatant ça nous avons déballé le foin afin de l’étendre sur une grande surface afin de laisser de la place aux autres chevaux qui étaient en plus, chez eux. Le lendemain matin à l’arrivée voilà que l’on retrouve les deux juments couchées dans le foin.
Un fait intéressant c’était leur position : tête à queue ainsi chacune avait son 180 degrés à protéger. Elles avaient dans le calme encore une fois réclamé leur territoire. Les autres n’étaient pas loin à brouter quelques brindilles car le terrain avait peu d’herbes.
Alors on a dû faire un autre tas de foin plus loin pour les 3 hongres et voilà ce qu’on a retrouvé le lendemain matin. Tout s’est passé dans le calme, aucun cheval blessé mais ces deux juments très confiantes et socialisées ont tout simplement encore une fois réclamé le territoire! Toujours en protégeant chacune leur 180 degrés. Et ce fut ainsi pendant toute la durée du séjour.
Mot de Lyne
Je crois fermement que l’on peut établir une relation de confiance avec les chevaux si on comprend de quelle façon nous devons communiquer avec eux.
La connaissance de l’autre nous permet de choisir :
- l’énergie avec laquelle nous allons l’aborder ;
- la façon de bouger pour lui donner envie de collaborer ;
- quand c’est le moment d’arrêter car il monte en émotion ;
- de partager un moment pour être ensemble tout simplement ;
- et tellement plus…
À vous maintenant de vous investir afin de mieux le comprendre et de créer cette connexion tant désirée.
C’est le but que Denyse et moi se sont fixés.
Ces articles sont bâtis dans une séquence logique d’apprentissage et de connaissance du cheval.
Vous avez une mine d’or d’informations pertinentes, j’ose espérer que vous prenez le temps de lire avec toute votre attention car ils sont remplis de PÉPITES d’or.
Avec toute mon affection
Lyne xxx
Être un bon leader c’est de permettre à l’autre de devenir meilleur et non d’éteindre qui il est!
Passionnément cheval,