Le cheval choisit de demeurer en place, détendu!
Voici la technique du rectangle de la série Les stratégies pour bâtir la confiance chez votre cheval.
Mot de Lyne
❤️🐎❤️
J’ai toujours utilisé la même façon de montrer à un cheval à rester immobile. Ce que je vous démontre dans le vidéo “Comment montrer à un cheval l’immobilisation.”
Comme l’apprentissage ne cesse jamais lorsque l’on garde notre esprit ouvert, j’ai découvert une nouvelle façon de procéder avec le rectangle grâce à Denyse.
Cette méthode me plait car elle met le cheval dans une position de choix. Elle le responsabilise.
Comme toute nouvelle méthode vous devez apprendre à l’utiliser. Vous vivrez des hauts et des bas. C’est le prix à payer lors de l’apprentissage d’un nouvel élément.
Le plus important c’est d’être patient, répétitif et de demander peu à la fois.
Prenez le temps de bien lire et relire cet article. Il est rempli d’informations importantes afin de créer cette relation de confiance avec votre cheval.
Les vidéos vous amènent à visualiser la façon de procéder, quelle énergie vous devez mettre, quels sont les bons mouvements à mettre en place.
Je vous souhaite autant de plaisir à découvrir le contenu de cet article que moi-même j’ai eu.
Maintenant c’est à vous de vous faire plaisir.
La technique du rectangle
Cet article fait partie de la série : STRATÉGIES POUR DÉVELOPPER LA CONNEXION, LE PARTENARIAT ET LA COMPLICITÉ AVEC VOTRE CHEVAL. Il s’insère bien dans le contexte du récent article sur le ‘’ sweet spot’’, puisqu’une fois le cheval confiant en un endroit on peut certes y travailler cette technique.
Dans ce texte on étudiera comment éduquer notre cheval à demeurer dans son rectangle imaginaire lors de circonstances faciles puis de plus en plus complexes.
Ah! Ce fameux rectangle! Qu’est-ce que ça veut bien dire? Où est-ce que ça peut bien nous mener?
C’est une technique pour éduquer notre cheval à demeurer en place, quel que soit l’endroit où il se trouve, dans la mesure évidemment où il se sent en sécurité, condition essentielle pour la réussite.
Quoiqu’il soit tout à fait correct de replacer notre cheval à l’endroit désiré et d’adopter le langage corporel approprié afin de lui indiquer qu’il a la bonne réponse s’il y demeure, la technique du rectangle engage un peu plus le processus décisionnel du cheval. L’humain micro-gère un peu moins : c’est la décision du cheval de demeurer en place car il a la SAINTE PAIX quand il reste dans son rectangle.
Plus on implique notre cheval dans notre partenariat plus il est apte à prendre de bonnes décisions pour son développement mental et j’ajouterais pour sa dignité et sa fierté. Quand je laisse Indy seule dans son rectangle elle “lèche’’ +++ et je la sens fière.
La technique du rectangle pour le corps puis pour la tête nous amènera à responsabiliser notre cheval au point où on pourra le laisser seul et même s’en éloigner dans des situations qui peuvent être surprenantes voire même parfois assez exigeantes.
Le principe sous-jacent à la technique
NE VA PAS TE COGNER DANS L’ÉVENTAIL
LA BALLE EST DANS TON JEU comme on dit!
SI TU T’Y COGNES :
- ÇA SERA TON CHOIX, PAS DE LE MIEN ;
- ÇA SERA LA CONSÉQUENCE DE TA DÉCISION.
SI TU CHOISIS DE NE PAS TE COGNER, TU AURAS….LA SAINTE PAIX!
LE RECTANGLE DEVIENDRA ALORS SON ‘’ SWEET SPOT’’
Certes un concept fort important pour plusieurs disciplines western où les chevaux doivent demeurer immobiles alors que le cavalier vaque à des tâches diverses parfois loin d’eux.
Des situations que l’on observe trop souvent lorsque nous circulons dans nos écuries ou ailleurs :
- Un cheval qui bouge constamment quand il est sur les chaînes; on entend le bruit des chaînes frapper contre les murs du box tellement le cheval s’agite. Et encore plus dès qu’il en est détaché. Impossible de mettre ce cheval en ‘’ground tie’’ car il ne restera pas en place, bougera pour aller fouiller partout tout en traînant son humain avec lui ;
- Et que dire de ce qui se passe quand on le détache des chaines pour mettre la bride?
- Un cheval en laisse qui ne se synchronise pas avec son leader quand il circule dans les allées de l’écurie ou dehors. Il lui arrache quasiment les bras pour aller fouiller/fouiner, brouter, sentir du crottin au sol etc. Sans parler qu’il lui fait bouger les pieds aussi tellement il tire sur la laisse. Le leader doit donc changer sa façon de faire soit :
– avoir un bon focus afin d’indiquer au cheval où se diriger ;
– pointer avec sa main l’endroit où le cheval doit aller ;
– éduquer son cheval à maintenir le sourire dans la laisse. - L’humain qui n’a pas les bons outils, soit une cravache ou un stick afin d’avoir une extension de son bras pour indiquer clairement au cheval la limite imposée: la cravache ou le stick sont à ce moment une extension des ‘’drive lines’’ du leader. Ils sont utilisés pour limiter le déplacement du cheval sans le toucher, ils font office de mur ;
- L’humain qui n’utilise pas sa cravache ou son stick pour faire l’éventail lorsque nécessaire. Parfois il utilise la laisse, mais comme c’est mou, eh bien! souvent ça frappe le cheval par inadvertance; ça ne lui indique pas grand-chose sauf qu’on n’est pas content ;
- Des gens qui se fâchent après leur cheval, qui gesticulent des bras dans toutes les directions en leur disant ‘’ne bouge pas, arrête-moi ça! c’est assez’ ’, toujours, sans résultat. Il est plus efficace de dire à son cheval quoi faire, quel comportement adopter. Chez l’humain, si on lui dit de ne pas faire quelque chose il va comprendre et faire autre chose d’acceptable; chez le cheval ce n’est pas si clair qu’il comprendra quel comportement adopter. Il est possible qu’il vous propose de faire quelque chose de non souhaitable;
- Des gens qui replacent leur cheval sans lui signifier que c’est la bonne réponse donc sans égard à leur langage corporel. Il est tout à fait acceptable de remettre le cheval à sa place mais il faut absolument suivre avec un langage corporel qui lui indique que le comportement adopté est la bonne réponse sinon il ne réalise pas que de rester en place est le comportement à choisir. Et le scénario recommence : il a plus d’attention, même d’auditoire quand il bouge beaucoup. Un peu comme l’enfant espiègle qui reçoit plus d’attention quand sa mère le gronde que lorsqu’il est sage.
L’excellent vidéo de Lyne avec son poulain démontre très bien cette technique de replacer son cheval.
Donc, plusieurs façons de faire qui s’avèrent peu efficaces puisqu’elles ne donnent pas les résultats escomptés. Comme disent les entraîneurs ‘’ si vous ne changez pas de stratégie, vous obtiendrez toujours les mêmes résultats’
Voici le vidéo qui vous indique une façon de travailler votre cheval à l’arrêt. Lorsque je transfère à droite de celui-ci, il bouge. Je vous démontre une façon de le replacer et comment votre énergie doit être en mode zéro pour lui signifier qu’il a bien fait ce qui fait en sorte qu’il prend confiance en lui. C’est tellement important.
La technique: principes et étapes
- Le cheval doit se sentir en sécurité quand on lui demande de demeurer dans le rectangle. Habituellement j’enseigne à mes copines dans le manège car c’est là que le cheval aura moins de chances de fouiner puisqu’il y a moins de distractions. Sinon, on peut utiliser l’allée de l’écurie à l’endroit où ils sont habituellement mis sur les chaînes.
- Je trace un rectangle au sol : c’est pour l’humain. Quand l’humain a compris les règles du jeu, on progresse au rectangle imaginaire car en aucun temps le cheval est conscient du rectangle tracé au sol.
- Je me place devant le cheval avec une cravache de dressage ou un stick (avec la corde dans ma main afin d’éviter qu’elle pende) dans ma main afin de faire une extension de mon bras. Si je ne tiens pas la corde, quand j’agite la cravache, la corde va un peu partout voire sur le cheval et ce n’est pas le but recherché. Au contraire, c’est le cheval qui se cognera dans le stick et non la corde qui frappe le cheval.
- Certains entraîneurs utilisent un sac de plastique au bout du stick ou de la cravache. Important que le sac soit percé afin qu’il ne soit pas gonflé car les chevaux n’ont pas besoin de beaucoup de stimulus pour répondre. Personnellement, je trouve que nous devons être TRES prudents avec l’utilisation de sacs afin de ne pas ‘’inonder’’ le cheval. Le langage corporel de l’humain allié au stick pour moi sont plus que suffisants.
Il ne faut pas oublier que le cheval est bâti en longueur alors que l’humain est en hauteur. La cravache ou le stick n’est pas pour toucher ni punir le cheval mais pour lui indiquer les limites en faisant l’éventail seulement si nécessaire.
Faire un semblant de mur en montrant la cravache ou le stick sans les bouger indique au cheval que c’est une limite à ne pas dépasser, c’est une extension de ma ‘’drive line’’.
Mon intention est toujours d’en faire le moins possible avec un cheval. Comme nous le constatons un bon leader n’a pas de problèmes à demander à un cheval de demeurer immobile même avec les chevaux ci-haut mentionnés car ils ont un bon focus et ont développé leur langage corporel dont une ‘’ drive line’’ puissante ce qui est significatif pour le cheval.
- Un bon leader ne se fait pas déplacer les pieds par son cheval. Donc je reste devant le cheval; surtout, je ne recule pas et me déplace seulement si je dois aller en arrière du cheval. A ce moment le cheval n’a pas envahi mon territoire tout au contraire, il s’est évadé par l’arrière possiblement car j’y aurais mis trop d’énergie et qu’il s’est cherché une ‘’ porte de sortie’’.
- Il faut penser que le cheval a 4 portes de sorties habituelles : à droite, à gauche, en avant et en arrière. Certes qu’il pourrait se lever ou se coucher mais c’est très peu probable.
- Je commence l’éducation en tenant la laisse dans ma main, lâche, avec un sourire. Une fois acquis j’irai en ‘’ ground tie’’ puis en liberté. Lyne démontre très bien la tenue de la laisse dans le video avec son poulain dans l’article sur le ‘’sweet spot’’.
- Si le cheval vient à bouger vers l’avant, j’agite ma cravache de haut en bas, de bas en haut puis en éventail mais toujours perpendiculaire à son axe longitudinal afin de le décourager à avancer. J’agite aussi fort que nécessaire toujours en visant le moins fort possible.
- Si le cheval tente de bouger de côté, j’agite la cravache de haut en bas, de bas en haut ou en éventail parallèlement à son corps
- S’il bouge vers l’arrière, si une deuxième personne est en place, elle agite la cravache perpendiculaire à l’axe longitudinal du cheval, sinon je me déplace vers l’arrière. Les chevaux tentent de reculer assez fréquemment car ils sentent une porte de sortie plus facile puisque je n’y suis pas. Pas de problème à être seul à moins d’avoir un cheval fort indiscipliné et/ou agité.
- Le ‘’ timing’’ est super important. Je tente de mettre la cravache ou le stick en position dès que je sens dans son œil que le cheval va bouger et ce toujours dans le but d’en faire le moins possible.
- Certains entraineurs utilisent aussi la voix en plus du langage corporel approprié : un NON assez fort est aussi utile, mais encore mieux ‘’RESTE’’ (ou autre mot afin de lui indiquer quoi faire au lieu de quoi ne pas faire) de même que les mots pour dire que ça va bien le ‘’ bonne fille’’ ou “bon garçon”.
- Super important de relâcher la pression dès que le cheval cesse de bouger. Il faut se retourner (oui, faire confiance au cheval en se retournant un peu pour lui indiquer qu’il a la bonne réponse), se pencher un peu vers l’avant pour diminuer la pression de notre nombril et avoir un regard doux et en ne le regardant pas. Notre regard parle beaucoup aux chevaux, tout comme le regard d’un parent à son enfant qui aurait mis les pieds sur la table: l’œil perçant du parent sans mots fait comprendre à l’enfant que ce n’est pas un comportement acceptable.
- Lui laisser du repos. Meilleure aura été sa réponse à ma demande plus je lui laisserai du temps de repos avant de recommencer l’exercice; c’est le principe RÉCOMPENSER LE MOINDRE EFFORT! Et dans ce cas, le repos peut être justement de le laisser se bouger un peu surtout si c’est un poulain ou un cheval peu éduqué ou agité. Dans la vidéo de Lyne sur l’introduction de l’immobilisation avec son poulain. Elle le marche entre les sessions afin de le laisser relaxer car de rester à l’arrêt au début est très exigeant. Il est important de ne pas mettre trop de pression sur le cheval en ayant trop de demandes. Comme le dit si bien Warwick Schiller NE RIEN FAIRE C’EST FAIRE BEAUCOUP. Chris Cox parle de la notion de ‘’TREMPAGE’’ c’est-à-dire laisser le temps au cheval d’intégrer le nouvel apprentissage.
- Une fois l’immobilité du corps acquise, que le cheval reste calme et immobile des 4 pattes dans son rectangle, on s’adresse à la tête laquelle doit elle aussi demeurer dans un rectangle. Certains disent un triangle avec la pointe en bas, c’est la même chose. On agite la cravache quand nécessaire. Fort utile quand on détache le cheval des chaînes pour mettre la bride car il ne reste qu’à demander au cheval de baisser la tête. J’observe souvent lorsque l’humain détache le cheval des chaînes eh bien le scénario recommence, la tête du cheval est partout sauf dans la bride.
L’humain utilise ses ‘’ drive lines’’ avant la cravache ou stick
Certes que des personnes peuvent fort bien ne pas avoir besoin d’utiliser la cravache ou le stick chez certains chevaux car leur langage corporel est à la fine pointe, et bien compris par le cheval. Attention en bloquant le cheval avec notre ‘’ chi’’ ( énergie dirigée vers le cheval) de ne pas le faire reculer : une subtilité de notre langage corporel.
Le plus facile est de bloquer le devant. Il faut se faire gros, au sens figuré du mot, donc ne pas gesticuler mais juste ‘’ lancer’’ notre énergie vers le cheval. On peut essayer sur les côtés aussi mais c’est un peu plus difficile.
Le rectangle imaginaire
Une fois cette technique acquise, ça nous donne un cheval qui demeure dans son rectangle sans que son humain trace un rectangle au sol car comme je le citait ci-haut le rectangle tracé est pour l’humain. Ainsi lors de différentes situations telles la visite du maréchal, ostéopathe, acupuncteur, chiro ou vétérinaire etc le cheval demeure dans son rectangle imaginaire ce qui est fort apprécié des professionnels.
Lorsque le cheval est en confiance et en sécurité en un endroit, il peut demeurer calmement dans son rectangle sans intervention de l’humain. Il est fier et ça lui donne une responsabilité qu’il apprécie.
Le rectangle en ‘’ groundtie’’
Prochaine étape c’est que le cheval demeure dans son rectangle en ‘’ ground tie’’ donc l’humain lâche la laisse tout en demeurant proche. On applique les mêmes étapes de la technique.
Le rectangle en liberté
Un degré de difficulté de plus serait que mon cheval demeure dans son rectangle imaginaire en liberté, donc sans attaches et ce évidemment lorsqu’il se sent en sécurité.
Puis-je quitter mon cheval et qu’il demeure dans son rectangle?
Dans l’article sur le sweet spot nous avons parlé du ‘’whoa’’ pour l’arrêt et du ‘’reste’’ pour que le cheval y demeure quand je le quitte. J’ai différencié ces deux termes pour la simple raison qu’une fois acquis que le cheval s’arrête et est capable de demeurer en place lorsque je suis à ses côtés, j’augmenterai le degré de difficulté en quittant le cheval. Il est important d’y aller en augmentant progressivement soit la distance soit le temps où on laisse le cheval seul.
Une erreur que j’ai fait souvent se produisait quand mon cheval était arrêté; quand je le quittais il me suivait. Moi qui suis assez énergique, lorsque je me tournais pour les quitter, certes que ma ‘’ drive line’’ ne le bloquait plus et le cheval me suivait.
Plusieurs entraîneurs m’ont rappelé d’indiquer au cheval avec un toucher de la main (un toucher, pas de pression ce qui le ferait reculer) sur le front par exemple, allié à un mot tel ‘’RESTE’’ pour lui indiquer ce que je demande. Une fois éduqué je peux dire ’’RESTE’’ sans toucher. Avec mes chevaux je n’ai qu’à lever mon index vers eux, voire même qu’à leur jeter un regard et ils comprennent très bien mon intention.
Il est TRÈS IMPORTANT de ne pas punir un cheval qui nous suivrait car habituellement l’humain n’a pas été clair dans ce qu’il s’attendait de son cheval d’une part ou il a augmenté trop rapidement le temps et la distance d’autre part.
Il est aussi TRÈS IMPORTANT de REMERCIER notre cheval quand nous revenons à lui. Nos chevaux sont fiers et sensibles et apprécient notre marque de gratitude.
Quand le maréchal vient, je peux laisser mes chevaux en liberté ou en ‘’ ground tie’’ dans l’allée ou dehors (sécuritaire car la rue est très loin et pas de ce côté) et aller chercher un autre cheval au paddock par exemple.
Ou, dans le manège, laisser les chevaux en liberté dans leur rectangle imaginaire pour aller chercher quelque chose dans l’écurie. Les cavaliers sont souvent mal à l’aise avec un cheval en liberté, alors je mets tout simplement un licou et la laisse sur leur épaule.
Les deux photos ci-haut démontrent qu’Indy est libre de quitter : à chacune de ces occasions j’ai pu la laisser seule. Au box je suis allée à une cinquantaine de pieds plus loin dans la sellerie chercher quelque chose. La photo dans la neige je l’ai laissée seule dehors pas loin de la porte de l’écurie pour aller chercher ma bombe.
Cette technique, combinée au concept de zone de confort résulte en un cheval que l’on peut laisser dans leur rectangle imaginaire dans des situations fort diverses; ça le responsabilise et développe leur fierté.
Il l’a amenée plus loin d’eux et elle est restée là pendant toutes ses explications alors qu’il circulait d’un cheval à l’autre dans le manège. Pour elle c’était un‘’ sweet spot ‘’. Il a pu aller aider différents cavaliers et Indy est demeurée dans son rectangle imaginaire.